Set the fire to the rain

IV

      ELLE

Chris m'appelle, il m'a  apparemment trouvé un nouveau talent à la recherche d'un manager, talent  d'après lui très prometteur. En se fiant à son message, « tu n'en  croiras jamais tes yeux ! Ce type est sublime, je le mettrais bien dans  mon lit et en plus, comme si ce n'était pas suffisant, il chante  divinement bien ! RAMÈNE TON CUL !! » Alors me voilà, à 7h30 du matin à  courir dans les rues de Londres, maquillée, coiffée, habillée, enfin, à  ma façon ...

Je débarque enfin avec uniquement une petite  demi heure de retard, je rentre en courant dans le studio, prend un  café latte, un pain au chocolat, claque la bise à Alice, mon assistante  pendant qu'elle me briffe. Je m'engouffre dans la salle de réunion,  adresse un grand sourire à Chris, prends une gorgée de café, manque de  m'étouffer, lui fait un câlin, m'assois sur la table et demande :

-       Alors, il est où ce prodige ?

-       Juste derrière toi !

-       Meeerde !

Je me retourne et me confonds en excuse, jusqu'à ce que je reconnaisse cet insupportable être qu'est Aaron Miller.

-       Vous ?

-       Vous ?

-       Vous vous connaissez déjà ?

-       Oui, et c'est impossible que je travaille avec ce goujat !

-       Ah bon et pourquoi ça !

-       Parce qu'il est imbuvable et c'est clairement pas possible ! Ça va recommencer ! Un nouveau Maxwell !

-       Je tiens absolument à travailler avec vous. Me dit-il en me regardant droit dans les yeux, un petit sourire vantard accroché aux lèvres.

-       Mais bien sur ! Veuillez excuser ma collègue, je m'occuperais de votre carrière, elle sera entre de bonnes mains.

-       Non, je souhaiterais que cela soit votre collègue qui justement s'occupe de ma carrière.

-       Ha, heu, eh bien. Chris tourne sa tête vers moi, les yeux suppliants.

-       C'est bon je le ferais. Mais je ne vous ferais AUCUN cadeau, clair ?

-       Très clair, mademoiselle ...

-       Jones, mademoiselle Jones.

Je jette un dernier regard assassin vers mon futur-insupportable-client et sors de la salle de réunion. Le pseudo-rockeur s'empresse de me suivre, il tente tant bien que mal de faire la conversation et au moment où je m'apprête à lui répondre, je l'observe faire un clin d'œil puis un signe assez explicite à une stagiaire.

- Non mais vous vous arrêtez jamais ?
- Que ... quoi ? Comment ça ?
- Ça ne vous suffisait pas de vous taper les ¾ de vos fans, il faut en plus que vous vous attaquiez à nos stagiaires ...
- Déjà j'ai encore rien fait  à votre  petite stagiaire de pacotille et ensuite, vous êtes qui pour me reprocher ma conduite ? Aux dernières nouvelles je suis majeur et vacciné !
- Non mais j'hallucine, vous êtes en train d'essayer de vous taper une de MES stagiaires dans MON entreprise et vous arrivez à rejeter la faute sur moi ?!
- Arrêter de faire comme ci vous n'aviez pas besoin de moi ma jolie, notre collaboration sera bénéfique dans les deux sens ...
- Ma jolie ? Je sais pas pour qui vous vous prenez mais ça va s'arrêter maintenant. Qu'on soit clair, c'est MON agence, MES employés, MES clients, MES règles, donc si vous n'êtes pas content vous dégagez, c'est aussi simple que ça. Arrêtez de vous croire indispensable.

Je l'observe serrer les dents, preuve que ça lui coûte de s'incliner devant moi, puis accepter. Je le préviens donc que je l'attends lui et son groupe à l'agence à 9Hh tapante demain matin.

Mais quelle journée ! Commencée sur les chapeaux de roues elle n'a fait qu'empirer ... Je réfléchis à un moyen de me détendre mais n'en trouve aucun à la hauteur. Je finis par rentrer chez moi où ma chère Heather m'a tendue une embuscade, coiffée, maquillée et habillée comme pour aller au festival de Cannes elle me tend une robe et une paire de talon puis me pointe du doigt la salle de bain. Bon, j'ai peut-être finalement trouvé le moyen de me détendre ...

Vêtue d'une robe noire assez moulante, décolletée dans le dos et seulement maintenue par une fine chainette dorée, je sors de la salle de bain. Comme je m'y attendais, Heather est survoltée et m'entraîne dans sa mini. A peine installée dans sa voiture, elle remarque que je ne suis pas dans mon état normal :

- Pourquoi t'as une tête de déterrée ? Ça c'est mal passé au boulot ?
- Puisque tu en parles, tu te souviens de l'enfoiré de « rock-star » d'hier ?
- Aaron Miller ? Comment l'oublier, il est ... miam.
- T'es insupportable ! dis-je en retenant mon rire.  Et bien devine qui était mon nouveau client «  à tomber par terre » ?
- L'enfoiré ?
- Bingo ! Il m'a tellement énervé ! Il n'a même pas tenu 5 min sans essayer de baiser une stagiaire !
- Euh en parlant de baiser, ça fait combien de temps que tu t'es pas faite sauter ? Parce que bon je sais que tu as un caractère explosif mais t'énerver après un client, même pour toi, c'est très rare ...
- HEATHER ! Ça fait pas si longtemps ...
- Combien ?
- Un voir deux minuscules mois ...
- CLAIRE, à son tour d'hausser le ton maintenant, tu rigoles j'espère ?
- Euh ... non ?
- Nouvelle mission, te trouver un beau jeune homme pour un coup d'un soir !