90- Libre arbitre.

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- C'est Raphaël qui te l'a dit ?

- On s'en balec' de ça, t'y va pas un point c'est tout.

- J'hallucine, Raphaël t'as vraiment appelé à la rescousse.

- Mais putain c'est pas ça le problème, t'as perdu la tête ou quoi Julietta ?!

- J'ai aucunement l'intention de me justifier, ni auprès de toi, ni auprès de lui.

- Je te jure que je prend un billet d'avion et je te ramène de force en France. C'est hors de question.

- Depuis quand t'es d'accord avec lui toi ?

- Depuis qu'il a raison.

- T'es même pas au courant de l'histoire. J'y vais pas pour moi.

- Donne moi une seule bonne raison pour que t'y aille.

- Il a abandonné une nana d'à peine 19 ans alors qu'elle a eu son fils. Ça se fait pas, qu'il ne croit pas pouvoir échapper à ses responsabilités en prison.

- J'ai jamais entendu une raison aussi conne.

- T'insinue quoi là ?!

- La meuf qui s'est tapé ton mari vient te voir et tu te ranges de son côté ? Il te manque une case c'est pas possible.

- Je te permet pas Ken.

- Je suis en train de serrer Julietta, fais pas la maline, jte jure je débarque en Russie.

- Tu me fais pas peur Ken.

- Tu devrais pourtant.

Il était tellement froid avec moi, c'est quoi son problème ? Je me braquai instantanément.

- De toute façon le temps que tu arrives il sera trop tard.

- T'es sérieuse là ?

- Autant que toi.

J'entendis un bruit sourd au bout du fil, il avait dû comme à son habitude, casser le premier truc qu'il avait eu sous la main.

- Pourquoi tu fais ça ?

- Je te l'ai dit il me semble.

- Je veux dire, pourquoi tu me fais ça à moi ?!

- Ça te concerne pas.

- Tu veux aller voir le type qui t'as cogné dessus pendant des années, et tu me dis que ça me concerne pas ?

- Exactement. Je suis grande, je suis libre de prendre mes propres décisions.

- Tu sais quoi ? T'as raison, va le voir, mais je viendrais pas à ton enterrement compte sur moi pour ça.

Mon enterrement ? C'est lui qui avait perdu la raison. Il pensait sincèrement qu'il allait m'arriver quoi que ce soit dans un centre pénitentier ? Zéro logique.

- Il peut rien m'arriver.

- T'en sais rien.

- Réfléchis un peu bordel, comment veux-tu qu'il m'atteigne ? Il sera surement enchainé.

Je l'entendis souffler dans son téléphone. Il ne démordait pas, je voyais d'ici ses yeux s'assombrir un peu plus.

- T'as raison, vas-y, vas te faire cogner dessus. T'es plus à ça près de toute façon. Puis faut croire que ça te suffit pas vu que t'y retourne à chaque fois. Allé Salut.

Il me raccrocha au nez. Putain ce qu'il pouvait être lourd! Pourquoi il ne voulait pas comprendre ?! Il n'y a rien de compliqué pourtant. J'étais à présent verte de rage, je recomposai immédiatement son numéro. Il décrocha, toujours aussi énervé.

- Si c'est pas pour me dire que t'as changé d'avis, c'est pas la peine d'user ta salive.

- T'es qui pour me parler comme ça au juste ? Tu sais quoi de cette période concrètement ? T'étais à ma place pour aller te faire recoudre à l'hopital ? Je ne pense pas.

- Arrête toi de suite.

Il parlait à travers les dents, je le sentais d'ici.

- Tu dépasses les bornes Ken. Je veux plus que tu m'appelles. Je veux même plus entendre ta voix. T'as voulu jouer au plus fort en te servant de ces moments de ma vie. T'as voulu hausser le ton avec moi, mal me parler hein ? Bah va te faire foutre. Va faire joue-joue au studio et oubli moi.

Je raccrochai et je balançai mon téléphone sur le sol. PUTAIN. Je pris un coussin et le plaçai sur ma bouche avant d'hurler pour extérioriser. Toujours aussi énervé j'hurlai le nom de Raphaël, il arriva nonchalamment dans la chambre. Je vais me le faire.

- D'où tu te permets ? T'as appelé Ken pour te plaindre ? Mais putain c'est du jamais vu ça.

- J'ai pris deux billets d'avion pour New-York. On rentre chez moi. Prépare une valise, on doit être à l'aéroport dans une heure. Je te traine par les cheveux s'il le faut.

Je le défiai.

- Essai pour voir.

Je savais pertinemment qu'il bluffait. Autant je savais que Ken était capable de ce genre de chose, me trainer de force quelque part, mais venant de Raphaël, cela manquait de crédibilité. Je le regardais avec une insolence certaine quand Sasha apparu derrière lui.

- Moi, je t'y trainerais.

Mes yeux devaient être rond comme des soucoupes volantes. Sasha du côté de Raphaël ?!?! Ok, ça doit être ça: je suis devenue folle.

- Mais qu'est-ce que tu racontes toi ?! Il y a pas une heure tu disais rien.

- Je suis assez d'accord avec ton mec. J'irais à la prison. Je m'en occuperai à ta place.

- Bordel mais je suis pas une enfant !

- Tu discerne mal ce qui t'attend. C'est mon rôle de prendre soin de moi.

J'étais consternée par cette alliance. Ken, Raphaël et Sasha faisaient apparement front uni.

- Le libre-arbitre, ça vous parle ?

- Arrête de tout extrapoler comme ça Jules.

- Raphaël, j'extrapole pas. Si j'ai envie de faire quelque chose, je le fais, un point c'est tout. C'est MA décision. La MIENNE.

Sasha s'approcha de moi et me balança sur son épaule. J'hurlais gorge déployée. Je me retrouvai dans l'ascenseur avant d'avoir pu cligner des yeux. Il me posa au sol. Les portes se refermèrent.

- T'as pas remarqué que j'étais en nuisette de nuit espèce de brute ?

- Raphaël récupère des vêtements. Tu te changeras dans la voiture.

J'avais les larmes aux yeux, comment me sortir de cette situation ? Je m'assis sur le sol de l'asenseur. S'il comptait m'emmener de force à l'aéroport, il allait devoir me porter. 

Or, c'était bien mal connaître Sasha que de penser que ma réaction d'ado en furie allait l'arrêter. C'était toujours aussi en colère que je me retrouvai à l'arrière du range Rover. Raphaël arriva en me donnant des vêtements.

- Retourne toi.

- Pardon ?

- Je ne veux pas que tu me vois me changer.

- Sérieux Jules ?

- On ne peut plus sérieuse.

Non sans souffler, il se retourna.

- Toi mon pauvre, t'es pas prêts pour l'enfer qui t'attend à New York.

C'était la guerre. Avec tout ça je n'avais même pas pu récupérer mon téléphone. Au diable Sasha et Raphaël. Et au diable Ken.

Incompatibles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant