Premier février deux mille dix-neuf - Monstre

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Vingt heures tapantes, l'heure d'aller dormir, de trouver la chaleur supposément rassurante du lit, de la couette et des draps, l'heure d'aller rejoindre le monde fantastique des rêves et de la nuit, ce monde où tout est possible. Pourtant, Océane n'avait jamais aimé ce moment.

Au départ, ses parents avaient simplement crû qu'elle faisait quelques caprices d'enfants comme quand elle se débattait à l'heure du bain, plus jeune, ou lorsqu'elle pleurait pour pouvoir repartir lorsqu'elle avait marre d'être chez des invités ou à une fête. Cependant, ils avaient rapidement dû se rendre compte qu'il n'en était rien. Leur fille ne faisait pas que pleurer quelques petites larmes, ne se débattait pas, c'était autre chose.

Tous les soirs, à vingt heures tapantes, c'étaient de véritables crises de panique auxquelles les parents d'Océane avaient droit, de véritables appels à l'aide qu'ils essayaient tant bien que mal de décrypter alors que la petite fille n'était pas capable de parler, ou ne le voulait tout simplement pas.

La première chose qu'avaient tentée les adultes était d'accepter leur enfant dans leur lit pour qu'elle puisse dormir avec eux, mais ce n'était qu'une solution à court terme. Océane n'était plus dérangée par le fait de devoir aller dormir mais elle refusait toujours d'y aller seule et se retrouvait donc à aller au lit plus tard ou à obliger l'un de ses parents à la rejoindre plus tôt. Pas la suite, une veilleuse avait été achetée pour calmer la petite fille et, si elle rechignait moins à aller dans son lit, elle restait terrorisée et continuait à appeler ses parents plusieurs fois dans l'heure.

Océane refusait toujours de parler et ses parents ne savaient toujours pas comment faire pour connaître et comprendre la source du problème. Ils se résolurent à en parler à un médecin qui les envoya vers un psychologue et, si les deux adultes avaient beaucoup d'aprioris, ils n'avaient plus vraiment le choix et avaient décidé de passer outre, pour leur fille.

La réponse leur vint comme une évidence lorsque le psychologue leur demanda de rester au lieu de repartir directement après la séance. Il leur montra, avec l'accord d'Océane, un dessin qu'elle avait fait au cours de la séance.

Sur la petite feuille était grossièrement dessiné un monstre qui apparaissait dans un film lambda que les deux adultes avaient regardé il y avait quelques mois de cela.

Océane avait toujours eu peur de dormir pendant plusieurs mois pour une raison bien définie : il y avait un monstre sous le lit.

La mère d'Océane eut un sourire tendre envers sa fille et, le soir-même, elle lui expliqua doucement qu'il n'y avait aucun monstre sous le lit, lui montra qu'il n'y avait personne, que rien ne pourrait venir l'attaquer une fois la porte fermée et la chambre engloutie par les ténèbres de la nuit.

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