Opération sauvetage (partie 4)

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DIANA

Ni une ni deux, la jeune femme se tourna vers son compagnon. Elle savait ce qu'elle avait à faire, il fallait absolument sauver cette petite. L'innocence de Lucy devait être préservée et elle ne pourrait pas supporter d'avoir la mort d'une si belle enfant sur le cœur. Si elle devait mourir, autant sauver quelqu'un.

-       Gordon, est-ce que tu peux me tenir Lucy un moment s'il te plaît.

Il s'exécuta sans plus de cérémonie. Son regard était vide et ses gestes automatiques. S'en était presqu'effrayant quand on connaissait bien Gordon : un être plein de vie et toujours enjoué. Une fois Lucy en sécurité dans les bras de son amour, elle embrassa le jeune homme, aussi passionnément qu'elle le put, vues les circonstances. Des larmes coulaient sur ses joues déjà irritées par les nombreux sanglots qu'elle leur avait fait subir. Ses yeux la piquaient et sa gorge était nouée.

Une fois la petite fille en sécurité elle s'avança vers les deux bouteilles. Comme le poison agissait en quinze secondes, Gordon serait vite fixé. Diana sentait déjà la température augmentée et ses vêtements lui collaient à la peau.

-       Attends Diana ! Tu n'es pas sérieuse ?!

Gordon se jeta sur la jeune fille et la reteint fermement par le bras. Son regard n'était à présent plus exempt d'émotions mais au contraire, il exprimait une myriade de sentiments que Diana avait du mal à déchiffrer. Le seul qui prenait le dessus sur les autres était la terreur.

-       Je ne peux pas te laisser faire ça ! Tu es folle ! On va trouver une solution !

-       Ah oui ? Et laquelle Gordon ? Ça fait des heures que l'on est enfermé dans cette pièce. Personne ne nous ait venu en aide et la seule possibilité de sauver Lucy de cette chaleur est de lui donner à boire. Rose a raison, elle va mourir de déshydratation si on attend trop.

-       On peut attendre, on peut...

-       Non Gordon. Ma décision est prise, je ne peux pas avoir sur la conscience la mort d'une innocente.

-       Diana ne fait pas ça... Je t'en supplie, laisse-moi réfléchir, il y a sûrement un moyen, il faut que...

Gordon pleurait à chaudes larmes maintenant et Lucy le suivit de près. Diana n'avait jamais vu son ami pleurer auparavant. Il avait subi les coups de son père, la mort de sa mère, pas une larme n'était apparue au coin de ses yeux. 

Le jeune homme la serra fort et reporta son regard sur elle, la fixant comme s'il voulait garder son image éternellement.

-       Diana... J'ai une bombe dans la tête qui peut exploser à tout moment. Je ne pourrais pas vivre une seconde de plus avec cette idée qui me vrille l'estomac. Franchement je n'en peux plus d'attendre une mort qui aurait déjà dû m'atteindre. Il faut que ce soit toi qui t'occupe d'elle, moi je ne saurais pas y faire et...

-       Ne dis pas ça ! Je te l'interdis Gordon !

-       Et moi je t'interdis de te sacrifier pour les dires d'une pétasse sans cœur ! Si ça se trouve, elle joue encore à son jeu malsain et il n'y aucun poison dans l'une de ces bouteilles ! Mais si quelqu'un doit vérifier, il faut que ce soit moi Diana... Imagine qu'après que tu te sois empoisonnée, elle me fasse exploser la boîte crânienne ? Qui va s'occuper de Lucy ?

Diana ne pouvait pas se résoudre à perdre Gordon, il était son ancre, sa joie de vivre, sa raison de continuer à avancer. Qui serait-elle sans lui ? Une âme errant dans une existence à laquelle elle ne trouverait aucun sens...

-       Ne fais pas ça... Je t'en supplie...

-       Diana... Regarde-moi...

La jeune fille leva ses yeux remplies de larmes vers l'homme de sa vie. Il lui sourit maladroitement mais avec une tendresse infinie. C'est cela qu'elle appréciait le plus quand elle était à ses côtés : Diana avait l'impression qu'il n'y avait plus personne qui n'existait autour d'eux quand ils se regardaient de la sorte.

-       Promets-moi que quoiqu'il arrive, tu vas vivre une vie heureuse, que tu vas continuer à sourire. Tu seras une enseignante brillante et tu ouvriras ton cœur à nouveau. Tu es une personne exceptionnelle Diana et il faut que tu le montres aux autres.

-       Gordon non je...

-       Promets-le-moi Diana.

La jeune femme avait du mal à avaler et la panique commençait à l'envahir. Rose était une personne vicieuse et cruelle, comment pouvait-elle faire tout cela à des êtres humains ? Elle fixa de nouveau Gordon et tenta de lui donner un sourire qui ne vint pas. Elle était animée d'un désespoir qui l'empêchait de dire quoi que ce soit.

-       Diana. Je veux que tu vives. Enfin. Promets-le-moi ma princesse.

-       Je... Je te le promets mais...

La belle blonde n'eut pas le temps de finir sa phrase que Gordon l'embrassa avec fougue et passion. Elle sentit la petite Lucy gémir et commencer à pleurer. La chaleur était de plus en plus étouffante.

Diana agrippa le visage de son amour et lui souffla qu'elle l'aimait et qu'elle l'aimerait toujours, quoi qu'il puisse se passer. Gordon lui rendit sa confession en un sanglot et une fois détaché d'elle, il lui mit Lucy dans les bras. La petite fille entoura le cou de Diana de ses petits bras et se frotta le visage sur son épaule.

Gordon se dirigea ensuite vers l'une des bouteilles et sans hésitation but une grande gorgée du liquide. Diana détourna les yeux et attendit, la terreur la faisant trembler de tous ses membres.

Elle compta dans sa tête : treize, quatorze, quinze... Elle laissa encore quelques secondes s'écouler et osa se retourner qu'une fois que la minute se fut écouler.

Gordon était toujours vivant, un sourire inondant son visage. Il était tombé sur la bonne bouteille. Oh mon dieu ! Diana laissa éclater sa joie et courut dans ses bras. Elle l'embrassa tendrement d'abord, puis fougueusement ensuite. Elle ne s'était jamais sentie aussi soulagée.

-       J'ai eu si peur Gordon !

-       Finalement la chance me sourit encore. Tiens fais boire la petite, je me sens parfaitement bien.

-       Merci Gordon. Tu es un héros

-       Ou un taré.

Diana rit, malgré la situation, et cette dernière blague de Gordon détendit quelque peu l'atmosphère oppressante. Elle détacha l'étiquette de la bouteille pour qu'elle soit identifiable par rapport à l'autre.

Elle espérait juste une chose, que quelqu'un puisse les retrouver à temps avant qu'ils ne cuisent complètement comme des rôtis. Diana adorait les saunas mais là, on ne pouvait pas dire qu'elle était dans une situation qui se prêtait aux soins du corps.

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant