Trahisons et regrets (partie 2)

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ELENA

Ma fille, le trésor de ma vie, était entre les mains de cette psychopathe. La seule idée qu'elle puisse lui faire du mal me fit ressentir une peur insoutenable. Il fallait que je la sauve, j'étais sa mère et j'allais la sortir de ce cauchemar, elle était ma nouvelle raison de vivre et ce qui fait que j'allai continuer à me battre.

- Est-ce que je peux la prendre dans mes bras ?

J'avais demandé cela dans un souffle à peine audible tellement j'avais peur qu'elle me refuse cette faveur. Cependant Irina, tout sourire, me tendit mon bébé. Lucy tendit les bras vers moi et dès qu'elle fut en contact avec mon cœur, mes sens explosèrent. Je pleurai toutes les larmes de mon corps et serrai fort son petit corps contre le mien. Elle gigotait dans mes bras et agrippait mes cheveux. Ce qui m'inquiétait c'est qu'elle était trempée de sueur, or je savais que les enfants en bas âge avaient tendance à se déshydrater relativement vite. Il lui fallait de l'eau et la rafraîchir avant qu'elle ne fasse un malaise. D'ailleurs, au moment où je pensais aux conséquences de la déshydratation, mon regard se tourna vers les corps inanimés de Gordon et Diana. Il fallait les sortir de là et faire intervenir une équipe médicale au plus vite.

- Gordon et Diana ? Que vont-ils devenir ?

- Voyons Elena, ce n'est pas ton problème, remercie-les plutôt intérieurement de s'être sacrifiés pour ta petite fille si innocente.

- Tu ne peux pas les laisser ici, s'il te plaît Irina... Est-ce qu'ils sont déjà morts ?

- Non... Enfin je ne crois pas... En réalité je ne suis pas allée vérifier, j'ai d'autres chats à fouetter pour le moment et maintenant que l'on a récupéré ta fille, on va retourner d'où l'on vient.

Je voulais protester mais un tout nouvel instinct s'empara de moi et je ne pus lâcher du regard le petit être qui s'agitait dans mes bras. Incapable de prendre un quelconque risque, je suivis Irina et ma mère vers la sortie. J'avais beau réfléchir à une stratégie, je ne savais pas comment j'allais pouvoir sauver tout le monde, mais en même temps tout cela était en partie ma faute. De plus, Diana et Gordon s'étaient sacrifiés pour être sûrs que ma petite fille reste en vie et je leur en serais éternellement reconnaissant pour cela.

Soudain, ma mère tenta une approche en me prenant par l'épaule. Je me dégageai immédiatement, refusant d'avoir cette conversation pour le moment.

- Elena, ma chérie, s'il te plait je...

- Ne me demande pas de te pardonner je t'en supplie. Jamais je ne pourrais le faire ! Tu m'as laissé dans mon chagrin en me laissant croire que le trésor de ma vie m'avait été enlevé. Tu sais à quel point je m'en suis voulu ? Être restée avec un homme violent, avoir mis ma fille en danger par mon simple nom et mon passé, tout cela m'a rongé maman ! Tu ne sais pas à quel point tu as pu m'anéantir psychologiquement alors ne viens pas me dire que c'était « pour mon bien ». Si tu oses une seule fois me dire une telle chose, je te flanque mon poing dans la figure à défaut de pouvoir te tuer. Tu vas disparaître de ma vie, je n'ai absolument plus rien à te dire. Tout est ta faute... Après tout c'est de toi qu'est partie toute cette histoire : ton adultère puis ton meurtre... Tu es pitoyable maman.

Ma longue tirade me laissa sans souffle. Ma colère était à son paroxysme et ma rage faisait perler les larmes au coin de mes yeux. Je lui en voulais tellement et j'avais si peur de la mort à présent car j'avais une responsabilité à présent.

Ma mère ne dit rien et marcha en silence jusqu'à ce que l'on atteigne la voiture. Alors que je m'y attendais le moins, et malgré sa blessure qui la faisait souffrir depuis une heure, ma mère se retourna brusquement vers Irina et se jeta sur elle. Sans réfléchir je fonçai me cacher derrière la voiture pour protéger ma fille d'éventuelles balles perdues.

Je vis la jeune russe et ma mère se débattre sur le sol sableux. Irina avait légèrement le dessus mais ma mère avait réussi à la désarmer et le Sig-Sauer avait été projeté loin derrière elles.

L'ancienne Rose reçut des coups bien placés dans les côtes et consciente de sa blessure à l'épaule, ma mère n'hésitait pas à s'en servir contre elle, multipliant les assauts sur le côté faible de son adversaire. Alors que je croyais Irina vaincue, celle-ci, avec une rage inouïe, rejeta grâce à ses jambes le corps de ma mère qui flancha sur le côté. Mon sang ne fit qu'un tour, je déposai le corps de ma petite fille sur le sol et me ruai sur mon ennemi juré, animée d'une haine que je n'aurais jamais cru posséder un jour. Surprise de mon assaut, cette psychopathe ne me vit pas arriver derrière elle je lui fis manger le sol en me jetant sur elle de tout mon poids. J'avais repéré une pierre qui traînait non loin de l'endroit où ma mère et elle s'étaient battues, et je pus m'en emparer à temps. Je frappai un grand coup et Irina fut assommée instantanément. Mes mains tremblaient et, encore soumise à l'adrénaline je cherchais les clés de la voiture dans la poche de la jeune femme. Une fois mon butin trouvé, je courus vers ma petite Lucy qui pleurait à chaudes larmes, croyant sûrement avoir été abandonnée.

- Chut... Ma chérie je suis là... Maman ne t'a pas laissé. Excuse-moi.

Je la serrai fort dans les bras et la berçai doucement pour la calmer, en m'excusant auprès d'elle au moins une dizaine de fois.

- Elena ? Tout va bien ?

- Maman. Ne m'approche pas s'il te plait.

- Elena je...

- N'APPROCHE PAS !

Maintenant je recommençai à pleurer, la faiblesse incarnée, je me détestai de montrer autant ce que je ressentais mais je n'en pouvais plus. Mon esprit était saturé, j'en avais assez et je voulais juste que l'on me laisse tranquille. Je me repris aussi vite que je le pus et lui intimai mes ordres.

- Maman. Est-ce que tu peux conduire ?

- Pas avec ma jambe.

- Dans ce cas tu vas rester là. Tu vas m'aider à ligoter Irina. Je vais la mettre dans le coffre et la ramener à l'entrepôt. J'ai fouillé ses poches mais aucune trace de la poterya et je souhaite que Nicolas David tombe une bonne fois pour toute. Je veux la sécurité pour ma fille et je ne supporterai pas de vivre dans la menace permanente d'une nouvelle attaque. Ton rôle est simple : tu fais en sorte que Diana et Gordon s'en sortent. Ils se sont occupés de Lucy, je ne veux pas qu'ils meurent maman.

- Je...

- Non je n'ai plus rien à te dire alors ne gaspille pas ta salive et puis... Nous n'avons pas le temps. J'ai encore une dernière chose à te demander.

- Tout ce que tu voudras.

- Je ne peux pas emmener Lucy avec moi. Ce qui va se passer là-bas n'est sûrement pas pour elle et je ne veux pas risquer sa vie. Alors... Au moment où tu appelleras les secours, tu leur confieras ma petite fille pour qu'elle soit réhydratée elle aussi.

- Je te le promets. J'ai toujours fait les choses pour te protéger Elena et je t'aime je voulais que tu le saches.

- Ça n'a plus d'importance

- Ça en a pour moi.

J'allai répliquer mais soudain, la terreur glaça mon sang. Je n'avais pas vu qu'Irina s'était réveillée. Elle avait lentement rampé sans attirer l'attention sur elle et s'était à nouveau emparé de l'arme. La moitié de son visage était tâché du sang qui s'était écoulé de son crâne mais elle possédait toujours la même fureur dans ses yeux. Le canon du Sig-Sauer était pointé sur moi et ma fille. La peur me paralysait, mes membres refusaient de faire le moindre geste et je n'eus pas le temps de comprendre ce qui était en train de se passer juste devant mes yeux. Ma mère me hurlant de m'enfuir, se mettant devant moi, Irina tirant et le corps inerte de celle qui m'avait élevé tombant sur le sol : tous ces évènements défilèrent devant mes yeux à une vitesse fulgurante.

« Fuis Elena ! Fuis ! ». Ce furent les derniers mots de ma mère et seul cette pensée me fit sortir de mon état léthargique. Alors, je ravalai mes émotions, et courus, aussi vite que je le pus, clés en mains, prête à m'échapper de l'horreur, ma fille entre les bras. 

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant