Chapitre I: Nouvelle famille

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Il m'ouvre la porte et je m'assois dans la voiture à l'arrière, comme à mon habitude. Ma tête s'appuie d'elle-même contre la fenêtre alors que je regarde le centre où mon travailleur social, Benoît Hedmon, travaille. Aujourd'hui est censé être un « grand jour » selon lui. Il me conduit dans une nouvelle famille soi-disant prête à m'accueillir chez eux. Malheureusement pour mon travailleur social, je ne peux pas du tout me réjouir. Ça fait dix ans maintenant que c'est le même manège. Dix ans maintenant que je suis l'objet de foire d'Evanston qui se fait charrié de maison en maison sans jamais rien dire. J'avais six ans quand ce cirque a commencé, on m'a retiré de la droguée qu'était ma mère et je n'ai jamais connu mon père. Quoique je n'ai jamais réellement eu besoin d'une figure paternel avec Benoît, mais la figure maternelle... manque. Je n'ai jamais revu ma mère après m'être fait amenée par les travailleurs sociaux.

- Ne t'inquiète pas Maxym, tu vas voir, ils sont charmants ! Une femme, un mari et deux enfants de six ans, des jumeaux.

- Et ils ont acceptés d'avoir quelqu'un comme moi ?

- Ce n'est pas parce que tu as seize ans que les gens ne veulent pas de toi ma puce.

- Et pourtant...

Je retombe dans ma bulle et Benoît monte le volume de la radio qui joue des succès récents. Je regarde les maisons du quartier pauvre défiler. Je connais quelques-unes de ces maisons pour y avoir habité pendant un certain lapse de temps. Benoît s'arrêtera sans doute bientôt et je devrai me forcer de ne pas avoir un air bête pour ne pas qu'ils me renvoient dès le premier coup d'œil. Cependant il continue et les maisons deviennent plus grosses et plus familiale, je m'attends à le voir s'arrêter d'une minute à l'autre, mais il continu encore et s'engage sur l'autoroute. Où il m'expédie encore ? Je ferme les yeux et m'endors.

Je les ouvre plus tard et il fait noir à l'extérieur, je n'ai pas la moindre idée de où Benoît a décidé de m'envoyer cette fois-ci... Il me tend quelque chose à manger et je reste réveillée pendant deux longues heures avant de décider de fermer mes yeux à nouveau, fatiguée.

Lorsque j'ouvre les yeux, je vois une pancarte sur laquelle il est écrit en grande lettre « Bienvenu à Hudson Valley » sans comprendre. Qu'est-ce qu'on fait à Hudson Valley ? Je ne suis même pas certaine de réellement savoir où se trouve cet endroit. Sans doute près d'Evanston.

- Benoît où sommes-nous ?

- À New-York Max.

- Quoi ?!

Je l'entends rire, mais je ne trouve pas cela drôle du tout. Où est-ce qu'il m'amène ? Que faisons-nous à New-York et combien de putain d'heure ais-je diable dormi ? M'a-t-il donné des somnifères sans que je le sache ? Benoît fait avancer la voiture dans un quartier extrêmement riche et je m'attends à ce qu'il passe simplement son chemin ici pour m'envoyer plus loin, mais il finit par s'engager dans une route où les terrains sont si grands qu'ils ont des routes à eux seuls et s'arrête devant un grillage.

- Pas question ! Il est hors de question que j'aille habiter là ! Te souviens-tu la dernière famille de riches ? J'ai passé un enfer à souffrir ! Hurlais-je d'un seul coup.

- Maxym calme toi un peu, je me suis assuré que ceux-ci étaient... de bons parents.

Pourquoi a-t-il hésité comme cela ? Je croise les bras sur ma poitrine alors qu'il entretient une conversation avec le grillage. Les portes s'ouvrent et il engouffre la voiture dans l'allée si longue qu'on ne voit même pas encore la maison avant quelques secondes de route. Je secoue la tête, frustrée.

- Il est hors de question que j'habite avec des gosses de riches de toute façon.

- Ma puce, tu vas voir, Christine et Johnny sont charmants !

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