Chapitre VII: L'argent règle-t-il réellement les problèmes ?

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- Debout ma colombe, il faut te lever!

Je suis brusquement tirée d'un rêve particulièrement désagréable par une personne que je n'ai pas du tout envie de voir. Si elle pense que je vais facilement lui pardonner d'avoir laissé quelqu'un m'enfermer dans une école, elle se met un doigt en plein dans l'œil. Ma conversation de la veille au soir avec Benoît lorsque je suis revenue ici me revient. Me forcer... un accident ça arrive, oui bien sûr Benoît... ça n'est pas toi qui doit vivre avec une femme comme cela. Josée me regarde en souriant, mais je n'ai pas la moindre envie de lui renvoyer ce sourire, je n'ai pas envie d'être ici en fait, alors pourquoi me forcerais-je de faire quoique ce soit de bien ? Je ne fais que me tourner de bord en râlant et ça l'a fait rire. Rire ! Bon sens, ce que cette femme m'énerve.

- Il faut te lever belle amour, tu as des cours dans une heure trente.

Ais-je réellement besoin de lui dire que je ne souhaite pas retourner là-bas ? Elle vient s'asseoir près de moi et caresse mes cheveux d'un geste maternel. Je me retourne et lui lance un regard cynique qui lui fait stopper son geste.

- Si vous avez envie d'être une mère, faite le avec vos enfants.

Elle se relève et me lance un triste regard avant de sortir de la pièce en refermant la porte derrière elle. Je me redresse, fixe la porte, me sent méchante et pousse un cri de frustration avant de me laisser tomber dans les oreillers et coussins du lit. Je suis réellement en colère contre le monde, mais vivre avec ces gens me rend encore plus furieuse, puisque je sais que ce n'est que temporaire mon séjour ici et je sais que je n'aurai bientôt plus cette vie, alors je préfère me renfermer et passer tout ce renfermement sous la colère que je porte. Si ma mère ne m'avait pas abandonnée, je ne serais probablement pas autant en colère contre l'humanité entière, mais ma vie a été planifiée autrement et je n'ai d'autres choix que d'accepter ma vie. Seulement, je décide comment la vivre et si je décide de la vivre en colère, je la vivrai ainsi. De toute façon, à 16 ans les gens ne vous prennent jamais bien au sérieux...

Je marche d'un pas décidé vers ma garde-robe, enfile un pantalon qui suit la mode du moment, quelque chose comme « Mom Jeans » et un top à manche longue beige. J'enfile une veste de jeans par-dessus et une paire de Vans avant de descendre rejoindre la famille dans laquelle je suis pour le petit-déjeuner. Ils sont déjà tous attablés et je n'ai qu'une envie : retourner me coucher. Cependant, je m'assois sagement et me sert un verre de jus d'orange ainsi qu'une tasse de thé vert. La table regorge de nourriture, et j'attrape un croissant et une pomme en ajoutant des œufs à côté. Je devrais suffis...

- Tu vas seulement manger ça ? Me demande Christine. Si tu veux, il y a du bacon.

- Elle est végétarienne ma chérie, réplique Josée.

- Vé...gé...ta... quoi ?

- Végétarienne, ça signifie qu'elle ne mange pas de viande.

- Oh... si tu veux, on a du yaourt, fait-elle en mettant un yaourt grec dans mon assiette.

Je la remercie et prend le yaourt en la gratifiant d'un sourire crispé qu'elle ne semble pas remarquer le moins du monde. Petite innocente, elle ne peut pas encore comprendre le sarcasme et la méchanceté de ce monde. Quoique je ne suis même pas certaine qu'un jour elle comprendra la réalité, puisqu'elle est issue d'une famille extrêmement riche. Je mange mon petit-déjeuner en continuant ma réflexion sur le monde des riches et leurs enfants qui ne comprendront jamais la misère des gens de mon genre. C'est triste, mais c'est ainsi, de toute façon ça n'est pas comme si ça m'atteignait réellement ce manque de connaissance du monde. Je termine de manger et retourne dans ma chambre afin de brosser mes dents et de prendre mes choses pour partir. Josée m'informe que le chauffeur m'attend et je sors sans lui dire au revoir, ma frustration de retour. Je ne comprends pas vraiment pourquoi je suis en colère à chaque fois qu'elle me parle, mais je ne vais pas freiner cette colère, parce que je veux partir rapidement. Plus rapidement je l'insupporte, plus rapidement je pars. Je monte dans la voiture et me morfond sur ma vie tout au long du trajet vers l'école.

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