32 - Refuge : Le Puits

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La soif de comprendre dépassera

toujours le désir d'illusion.

INSAISISSABLE

DEUX JOURS PLUS TÔT

VENDREDI 28 DÉCEMBRE

03 : 25

AARON

Noir.

Obscurité.

Sérénité.

Brise de repos dans cette cathédrale de la nuit. Bien. Calme. Les ombres s'échappèrent fluidement pour tournoyer derrière l'homme à genoux. Paisible.

Il leva la tête vers moi. Prestance écrasante. Visage androgyne. Ni jeune ni vieux. Tout son corps en dessous de sa bouche possédait la teinte menaçante de l'encre, comme un tatouage raté aux contours diffus. Vêtements usés aux coupes triangulaires. Cernes profonds. Ses iris se fondaient dans ses pupilles.

Il aurait pu me terrifier. Incliné devant moi comme devant un dieu, il aurait pu me faire pitié.

Un charisme inouï l'entourait comme une aura. Comme si les ombres flottantes étaient tenues en respect par cet être cathartique à la puissance apparente. Face à l'évidence hiérarchique, je posai mon genou à terre.

— Tu n'aurais pas dû venir, dit-il d'une voix étonnamment claire. Tu vas finir comme moi. Mais je vais avoir besoin d'aide bientôt, ils seront nombreux.

Je gardai mon visage tourné vers le sol, les yeux clos, la main sur le cœur. Je le sentais battre sous ma peau. Lentement. On ne sent pas son cœur battre dans un rêve.

— Approche, je sais que tu n'as pas peur.

Il s'était mis debout. Je le rejoignais au bord du gouffre. Il posa ses doigts noirs sur mon épaule. Rassurant. Étrange. Repos.

— Je ne suis plus en train de rêver, n'est-ce pas ?

L'homme acquiesça en me souriant faiblement. Son timbre m'enveloppa.

— Sais-tu qui je suis ?

— Vous êtes puissant.

Il regarda tristement l'abysse mouvant. Cela lui suffisait.

— Sautons.

Corps qui bascule. Le vide.

Je savais que je n'allais pas mourir. 

ILLUSIONS RASSURANTESWhere stories live. Discover now