Chapitre 5

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Chapitre 5

Aussitôt chez moi, la pression retomba laissant place à un stress constant. J'étais angoissée plus que je ne voulais l'admettre. Mes sœurs rentrèrent accompagnées de mes parents, ce qui était inhabituel. Ils savaient déjà pour moi, pour la sélection. Je vis bien que ma mère se retenait de pleurer et que mon père paraissait nerveux. J'allai dans leur bras leur chuchotant que j'étais désolée. Ils me réconfortèrent comme ils purent. Derrière nous, la porte s'ouvrit. Nous tournâmes la tête, Mam était dans l'embrasure de la porte.

-Tu es arrivée ! s'écria ma mère. Elle m'a prévenue qu'elle venait nous voir il y a seulement quelques heures, s'adressa-t-elle à mon égard.

Un sourire s'étira sur mon visage et sur celui de Mam. Elle était grande comme moi d'ailleurs et elle se portait à merveille pour son âge. C'était une femme que j'avais toujours admiré, pour sa générosité et pour sa sagesse. De grosses joues pourprées donnait une étonnante douceur à son visage empreint de jolies rides.

Elle s'adressa à mes parents :

-J'aurais besoin de parler à Elea.

Mon père et ma mère acquiescèrent. A mon insu, Luna voyant l'anxiété de ma mère lui murmura :

-Je m'en charge Florence, tout ira bien.

Puis elle rajouta :

- Pense bien à fermer la porte à clé dorénavant.

J'étais si contente de revoir Mam. Nous montâmes en voiture.

-Ce ne sera pas long, me dit-elle.

J'avais tellement envie de lui raconter les événements des derniers jours mais je m'abstins. Elle souhaitait m'emmener quelque part justement pour des confidences. Lorsque la voiture s'arrêta enfin la nuit tombait.

-Où sommes-nous Mam ?

- Tu verras, suis-moi.

Il faisait frais et je respirais avec plaisir l'air pur caractéristique des campagnes. Malgré l'obscurité je pus distinguer des champs tout autour de nous. Une colline se dressait devant nous, nous la gravîmes. On entendit bientôt que le bruit de nos souffles mêlés sous l'effort. Arrivée en haut, un léger vent vint caresser mon visage. Mam me fixa de ses yeux bruns remplis d'attention et je choisis ce moment pour lui dire tout ce que j'avais sur le cœur. Les deux tests et ma lèvre fendue. Mes peurs, mes craintes et ma colère d'avoir été choisie. Nous nous assîmes et je posai ma tête contre son épaule quelque peu calmée.

-Lorsque j'ai compris quel système se mettait en place j'ai immédiatement abandonné mon poste de ministre. Je n'ai rien pu faire pour empêcher Aldrick. Après j'ai voulu m'éloigner de ce qui se passait, je suis partie en montagne pour prendre ma retraite en quelque sorte. Je ne vous ai pas beaucoup vu. Peut-être est-ce la plus grosse erreur que j'ai commise ?

Elle semblait émue et elle faisait tourner sa bague en or autour de son doigt d'un mouvement nerveux. Sa bague était fine et portait des inscriptions étranges : une suite de chiffres suivie de deux initiales.

-Tu as été sélectionnée Elea, et me voilà. Elle me fixa de ses grands yeux expressifs. Je veux que tu comprennes Elea, ce concours est dangereux. C'est une manipulation de la population. Et les personnes écoutent le chef parce qu'ils le craignent. Tu comprendras.

Elle se tut quelques instants. On entendait le chant des grillons dans l'herbe et le vent qui sifflait. Au loin on pouvait apercevoir les points lumineux de la ville.

-Mais Mam si je suis sélectionnée, y arriverais-je, au concours ?

- Elea, oui et tu le dois, pour moi, pour tes sœurs...

Puis elle se ravisa :

-Fais de ton mieux ma puce, je crois en toi.

Je l'étreignis, elle me redonnait espoir.

-Tu me ressembles, tu sais, dis Mam dans un sourire. Déterminée et têtue comme une tête de mule. Ne doute pas de tes capacités.

Après un moment elle murmura:

-Tu vois le ciel, regarde comme il est beau.

Je levai la tête. Des milliers d'étoiles constellaient le ciel. Une lune en forme de croissant venait contraster avec cette immensité noire. Je fus frappée par la splendeur de cet astre. Soudain, Mam dévoila un collier caché sous le col de son pull et l'enleva. C'était une chaîne en argent, à son bout un pendentif étincelait.

-Il me vient de ma grand-mère qui l'avait elle-même reçu de sa mère. Il m'est très cher c'est pourquoi je te le confie Elea.

J'étais honorée et pris le collier d'un geste solennel. Le pendentif représentait un croissant de lune, à l'intérieur de celui-ci se trouvait une sphère plus petite. La pierre était magnifique, d'un blanc laiteux teinté de bleu.

-La pierre se nomme hécatolite plus communément appelé Pierre de lune. Ce bleu pâle est caractéristique du Sri Lanka d'où elle vient, m'expliqua Mam.

Je caressais la surface lisse de la pierre lorsque je sentis des irrégularités

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Je caressais la surface lisse de la pierre lorsque je sentis des irrégularités. J'observai à cet endroit, un mot y était gravé : " αστερικος ".

- Qu'est-ce que ça signifie ? demandai-je.

- Cela vient du grec, asterikos, "petite étoile". C'est en référence à la variété étoile de la pierre. Observe bien, les reflets sont disposés en astérisques comme une étoile.

C'était exact et j'en étais émerveillée. Puis tout à coup une chose que je n'avais pas remarqué me frappa. Luna, Lune. Je touchai ma cicatrice sur ma tempe.

- Pourquoi toutes ces coïncidences ! Luna, ton prénom et ma cicatrice... m'écriai-je.

Mam prit ma main avec douceur.

- Parce que ce n'en sont pas, chuchota-t-elle. 

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now