Chapitre 21

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Des officiers nous firent lever ainsi que nos coachs et nous quittâmes le podium. Chaque entraîneur rejoignit son candidat. Simon s'approcha de moi. Il secoua la tête d'un air reprochant mais ne dit rien. En ordre nous rejoignîmes le grand bâtiment de l'Élysée. Les flashs des caméras m'obligèrent à baisser la tête tant ils m'éblouissaient. Simon m'obligea à la relever. Il souriait aux cameramans alors je fis de même, clignant des yeux malgré moi. Enfin nous entrâmes dans le grand bâtiment blanc. Chaque duo fut dirigé dans une salle. Dès que nous fûmes hors des champs des caméras Simon éclata :

-Nan mais tu te rends compte Elea ! Tu te rends compte de ce que tu as généré ! Je te l'avais dit, je t'avais dit de te montrer gentille, coopérative ! C'est trop demander ? Je ne sais pas pourquoi mais je crois que tes compliments ne sont pas passés. Bizarrement. Lanster est intelligent Elea, ce n'était pas difficile de deviner ce sarcasme dans ta voix. Et le coup de Luna ! Elea t'aurais vraiment pu te maîtriser.

-Mais c'est plus fort que moi Simon ! dis-je en criant. Ils m'avaient provoquée.

J'étais au bord de la crise de nerf.

Simon se radoucit :

-Je suis désolé pour ton père Elea.

-Je sais.

Ma gorge me piquait. Simon tournait en rond nerveusement dans la salle. Ce n'est qu'à ce moment que je réalisais tout le matériel militaire constituant la pièce et que j'étais ici pour me préparer aux jeux.

-Je ne sais pas ce qu'il va se passer maintenant Elea. Tu t'es mise en danger. On ne sait pas de quoi ils sont capables. Il soupira :

-C'est le dernier moment qu'on a à l'abri des caméras. Tu es ici pour te préparer.

Et il me tendit un short noir, un tee-shirt long avec une espèce de rembourrage. J'enfilai une veste kaki par-dessus.

-C'est tout ?

-Non voilà ton sac que je t'ai préparé avec minis-cordes, briquets, couteaux... J'ai rajouté une tente au cas où. Ta protection par balle, porte là aussi souvent que possible, vraiment. Ta veste est composée de nombreuses poches. Toutes ou presque remplies avec des lames. Ils vont vérifier tout ton équipement après. Je ne peux malheureusement rien te dire de plus sur le lieu de la première étape.

-Il ne fera pas froid en tout cas, dis-je en regardant mon short.

-Exact.

-Ils ont changé.

-Qui ça ?

-Les participants.

-Oui toi aussi Elea. Et j'allais oublier, une chose primordiale qui peut te paraître bête, c'est de rester ensemble. Seule tu seras faible. Ne vous montez pas les uns contre les autres, tu comprends ?

J'acquiesçai, il m'en avait déjà parlé. Je coiffais mes cheveux en une queue de cheval haute lorsqu'une voix dans le micro annonça :

"Dans 5 minutes les candidats sont attendus pour embarquer."

Embarquer où ? Une vague de stress commença à monter en moi. Je ne savais pas ce qui m'attendait. J'avais peur. J'aurais été folle de ne pas l'être. Simon semblait aussi anxieux que moi. Il s'approcha et observa ma cicatrice, puis il s'empara de mon pendentif en croissant de lune et finit par dire :

-Ce sont tes derniers moments hors de la caméra Elea.

Il serra la mâchoire.

-Réussi je t'en supplie. Défonce-leur la gueule.

-J'en ai fait la promesse. À toi, à mes sœurs, à Luna. Je te promets que rien ne m'arrêtera.

Et sans qu'il s'y attende je le serrai dans mes bras. J'en avais besoin.

Puis il chuchota si bas que je ne faillis pas l'entendre :

-Pierre de Lune, reste en vie.

Il desserra son étreinte, ouvrit la porte et des officiers vinrent nous séparer. On me fit passer devant un scanner, ils vérifièrent mes armes, ma tenue. Puis je vis l'hélicoptère au milieu de la cour, les caméras autour. Des candidats montaient déjà à l'intérieur. Où cela nous mènera-t-il ? Le colonel discutait de vive voix avec les militaires, criant çà et là des ordres. Je me reconcentrai sur l'hélicoptère. Au moment où j'arrivai devant l'engin une fille qui allait rentrer fit subitement demi-tour et se mit à pleurer. Un officier s'efforça de la reconduire devant la porte mais elle se débattit. D'autres candidats la voyant faire s'arrêtèrent eux aussi, refusant de bouger.

-Je ne monterai pas là-dedans ! cria-t-elle.

-Allez on bouge ! s'égosilla un commandant.

Je m'étais arrêtée moi aussi pour observer la scène. Les officiers poussèrent gentiment les quatre candidats ne voulant pas bouger. Ils refusèrent. C'est alors que le colonel arriva :

-Il y a un problème ?

Le commandant nous désigna.

-Faites les monter de force on n'a pas le temps pour ça, déclara Lanster.

La fille recommença à crier. Les officiers s'emparèrent des candidats et les traînèrent à leur suite. Deux vinrent me saisirent fermement. D'instinct je me débattis. C'était une énorme pagaille. Je reçus plusieurs coups. C'est alors que quelqu'un me saisit la main avec une telle force que je me demandai si elle ne s'était pas brisée. Je sentis un métal froid contre ma paume. Je refermai ma main. La poigne m'emprisonnant me lâcha. Je portais immédiatement ma main dans mon blouson. Je n'avais que trop bien deviné l'objet que je tenais contre ma poitrine. Je cherchais des yeux la mystérieuse personne qui me l'avait donné. Je vis seulement des officiers s'éloigner alors que je pénétrais dans l'hélicoptère. Comment était-ce possible ? Un flingue. Interdit. Je le calai dans une de mes nombreuses poches intérieures. Je m'installai contre un siège quelque peu sonnée. Cet événement souleva un nombre interminable de questions. Qui était-ce ? Pourquoi ? Le temps que tous s'installèrent, l'hélicoptère s'élevait déjà dans les airs. Arellys se tenait près de moi. Elle me serra la main les yeux fermés.

-Tu as peur ? me demanda-t-elle.

-Non.

-Moi non plus.

-Nous allons gagner tu sais.

Elle tourna la tête vers moi et plongea ses yeux bruns dans les miens.

-Mais il y a un seul gagnant. Seul un de nous pourra remporter le prix. Vivre la vie parfaite. Celle que n'importe quel Soutien rêverait d'avoir.

Je me retins de répondre. J'avais parlé à la première personne du pluriel. Une seule personne. Que deviendrons ceux qui ne serons pas arrivés premier. Je ne savais pas. Mais je ne pressentais rien de bon. Le vol se déroula dans le silence, ponctué par les sanglots étouffés de certains candidats. Puis après quelques heures, une voix dans un haut-parleur s'éleva. Elle nous fit tous sursauter, me sortant de la somnolence du voyage.

-Chers candidats, vous voilà à présent parés pour la première étape du concours. Vous arriverez dans quelques minutes à destination.

Immédiatement tous regardèrent à travers les vitres de l'appareil. J'écarquillai les yeux. Je ne voyais pas d'aéroport aux alentours. Il n'y avait ni piste d'atterrissage, ni ville, ni habitation, ni trace de vie humaine en résumé. Une immense forêt s'étendait à perte de vue. Un ciel bleu pâle surplombait cette immensité verte. "La forêt amazonienne", pensai-je.

Ma Pierre de luneWhere stories live. Discover now