Les poèmes liquides

Solidarité, Bienveillance, Enthousiasme

J'attends le jour où les pompiers voudront tout brûler

Les incendies fleuriront à chaque coin de rue

Le capitaine de brigade s'immolera

Et les extincteurs seront remplis de vodka

Et les tas de cendres seront plus haut que ceux des mines de charbon

J'attends le jour où les flics iront

Casser des bagnoles

N'épargnant aucun rétroviseur

Trainant dans le métro, en pleine nuit, comme des racketteurs

Et les chiens de la brigade canine

Auront déserté pour rejoindre les toxicos

Les aideront à trouver de la came

Contre quelque chose à se mettre sous la canine

J'attends le jour où les taches de naissance bénignes

Se transformeront en nécrose

J'attends le jour où les prières bénies

Deviendront des malédictions encore non osées

Les fossoyeurs exhumeront des corps par milliers

Et prendront leur place pour voler leur tranquillité

Les saches-femmes ne donneront plus naissance mais feront avorter

Et l'église n'aura jamais vu autant de fidèles suicidés

Défenestrés, noyés et pendus

La voix de dieu n'aura jamais été aussi peu entendu

J'attends le jour où les asiles ouvriront leur portes à nouveau

Pour redonner à l'humanité son sens initial

J'attends le jour où les couchers de soleil ne seront plus des produits commerciaux

Pour nous vendre des destinations de vacances tropicales

Dans des complexes hôteliers obèses et bruyants

Comme le cocon d'un confort occidental

Qui nous fausse la perception du lieu où l'on se trouve vraiment

Comme la chaleur d'un mirage oriental

J'attends le jour où les hommes seront tous égaux

Tous au même rang, au plus bas de l'échelle

Tous crevant la dalle, le maillon le plus faible de la chaine

Tous froids et malades sous les haillons d'un châle

Devenus nécrophages

Anthropophages

Tous destinés à la médiocrité

À l'insalubrité

Acceptant notre sort sans se plaindre

Et le pensant mérité