Les clochards en cette saison
Sortent de leurs chaussettes
Leurs pieds noirs aux ongles trop longs
Pour les laisser sécher au soleil
Comme des grappes de raisin
Sur des lits de paille, leurs orteils
Sont un passerillage de grains
Dont le vin n'est pas vermeil
Et les filles se découvrent
Et commencent à prendre des couleurs
Petit à petit comme la laine qui se découd
Et sur leurs joues naissent les premières rougeurs
Et les transports en commun
Ont un drôle de parfum
Un mélange de transpiration
Et de déodorant bon marché
L'odeur de la bière en pression,
Mêlé à celle de l'herbe fruitée
Le tout rassemblé dans un seul flacon
Qui semble avoir éclaté
Pour se répandre dans un seul wagon
Des bus et tramways nantais
En cette saison
Les étudiants boutonneux investissent les terrasses
Les pelouses les parcs les plages
Et ils prennent des photos d'eux occupant tout l'espace
Tandis que les commerçants font leur marge
Méfiez vous du printemps
Des tongs, des sandales, des claquettes
Méfiez vous des shorts, des bermudas et des barquettes
de fruit encore trop chères
Méfiez vous du printemps
Plus que de l'hiver.
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Les poèmes liquides
PoetryNous étions dans ce pub À flâner entre le Billard Et la Tireuse à bière Dans des allers-retours incessants Et la vie semblait se contenter de La taille d'une queue Et la la vie semblait tenir dans Un verre de cinquante centilitres Et c'éta...