XXI.

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Nos nez se touchent et ses lèvres frôlent les miennes. Le contact est lent, doux et plus calme que la dernière fois. Un rayon de soleil nous frappe et je souris pendant qu'elle continue à m'embrasser. Est-ce que c'est vraiment ça, la passion? S'embrasser tendrement dans une piscine, toutes habillées, devant le soleil levant? Je ne sais plus. Je sépare nos lèvres, mais elle descend un peu plus bas dans mon cou. Elle commence à me mordiller et aspirer ma peau, ça me chatouille. J'ai un moment d'hésitation, je ne sais pas si je veux vraiment que ça se passe entre elle et moi.

Aïe, tu fais quoi?, je lui demande pour casser la gêne.

Elle ne me répond pas. Mais elle continue et une tension que je connais uniquement avec elle commence à jaïr à l'intérieur de moi. Je ferme les yeux et serre les dents. Je ne vais pas mentir, ça ne me déplaît pas à ce point. Un suçon, je me souviens, c'est ce truc que Leila avait sur le cou à l'école, c'est un truc normal alors j'imagine. Elle relâche ma peau et constate son oeuvre que je ne vois pas sur ma peau.

— Voilà une belle signature sur une belle peau, me dit-elle en souriant.

Je ne lui souris pas, gênée quand même de ce qu'il vient de se passer.

Chloé, ça va?, me demande-t-elle en me regardant.
Oui, oui... Je lui réponds en sortant de la piscine, la main sur le cou.
— Euh, désolé Chloé. Attends!

Je referme la baie vitrée et m'enferme dans la salle de bain. Je me regarde dans le miroir. Le suçon, c'est rouge et très visible. Ça ne va pas partir facilement, je le sens. J'ai pas eu le temps de réfléchir à tout ça. Est ce que je veux vraiment de ça entre nous? Ella n'est pas supposée être responsable et ne pas traîner autour d'une gamine comme moi? Est ce que je veux vraiment mes premiers pas vers la sexualité avec une fille? Est ce que j'accepte même le fait que je pourrais aimer les filles? J'ai envie de pleurer. Je me sens salie, j'ai embrassé une fille, j'ai embrassé Ella. Ella m'a touchée, je l'ai touchée. Elle a marqué mon cou. Dans quoi je me suis embarquée à embrasser une surveillante. Je tâte le long de mon cou et recoiffe mes cheveux mouillés. Je suis perdue.

Je me mets débout dans la baignoire et tourne le robinet de la douche. Je laisse l'eau tremper mon t-shirt puis je l'enlève avec ma culotte. Je lave chaque partie de mon corps. Il n'y a qu'une seule trace que je ne peux pas enlever. Après la douche, je pends mon t-shirt et ma culotte mouillés sur la sorte de radiateur. J'applique le seul maquillage que j'ai avec moi sur la tâche rouge-violacée que j'ai sur le cou. On le voit à travers. J'enroule ma serviette et je sors. Je marche lentement jusqu'à la chambre. À ma surprise, Ella n'est pas là. Aucune trace d'elle. Je m'habille, prends la clé laissée sur la table et me dirige vers le petit déjeuner. Je passe devant la cabane de Guillaume et j'arrive enfin au petit déjeuner. Je cherche immédiatement Caro du regard, mais je remarque qu'elle est assise avec Anna à la table de Jean, Baptiste et Loïc. Je veux pas vraiment affronter Loïc. Avant même que je puisse décider, Caro me fait déjà des grands signes. Je m'assois à côté d'Anna, en face de Loïc, la seule place restante.

T'as passé une bonne nuit? T'as une sale tête Chloé, me dit Anna en souriant.

Je repense à la nuit « agitée » et pleine d'émotions que j'ai vécue. Je n'ai même pas encore vu Ella. Je décide de répondre l'excuse qui m'a gardée éveillée à la base.

Il faisait trop chaud pour fermer un œil, j'ai peu dormi.
— Pareil, ajoute Caro en soupirant.

Je remarque que Loïc a un regard insistant dans ma direction et je mets immédiatement ma main sur mon cou par réflexe. Je sors immédiatement et vais chercher de la nourriture. Je vais vers les crêpes et les ananas ce matin. Quand je m'apprêtes à retourner à la table, je sens une pression sur mon poignet et je sursaute. C'est Ella, pas Loïc.

Tu vas bien?, me chuchote-elle.
— Oui, oui, faut que je retourne à ma table Ella, je lui dis en prenant mon assiette.

Je la regarde regarder ma table les sourcils froncés.
— Y a un problème?, je lui demande.

Elle me regarde à nouveau, ne me répond pas et retourne à sa table. Je marche lentement vers la table avec mon assiette. Caroline est maintenant sur les genoux de Jean.

— Y a de l'amour dans l'air aujourd'hui!, dis-je.
— Je suis d'accord!, ajoute Loïc.

Est qu'il m'a vraiment parlé?! Pas directement mais il m'a inclus dans sa phrase! Il m'a peut-être pardonnée! Caro me regarde avec un sourire en haussant les sourcils. Je croques dans mes carrés d'ananas un à un en essayant de me rappeler de la dernière conversation que j'ai eue avec lui. Pas terrible. Je finis ma crêpe.Une fois que j'ai fini, je cours aller chercher d'autres ananas avant qu'on parte. Je pose ma main sur la pince, mais une autre s'y est posée avant moi. Loïc. Non non, je ne suis pas prête.

Laisses-moi te servir Chloé, me demande-t-il.
C'est bon, merci, je peux me servir, je lui dis en souriant avec une gêne apparente.

Il ne m'écoute pas et dépose des ananas dans mon assiette. Il laisse sa pince et regarde ma tenue.

T'es ravissante, me sourit-il. Je suis vraiment désolé pour l'autre jour, j'avais besoin de réfléch..., s'arrête-il en fixant avec un œil plissé un point sur mon cou.

Merde. J'essaie de le distraire ou de lui parler, mais mes lèvres tremblent.

C'est gentil, m-merci Loïc, je lui réponds.

J'essaie de m'enfuir, mais il pose son doigt sur mon cou. Ça va mal se finir.

— C'est quoi ça, Chloé?
— Je me suis pris la table de nuit, je dois y aller...
C'est Guillaume, hein? Et ton problème avec les baisers est parti aussi vite que moi?, hausse-t-il le ton en croisant les bras.
— Non, enfin c'est compliqué... je pourrais t'expliquer, mais tu me jugerais, je lui dis en cherchant de l'aide autour de moi.
— Tout va bien?, j'entends intervenir quelqu'un .

Oh non Guillaume, pas toi! C'est vraiment pas le bon moment!

— Qu'est-ce qui te prends à toi de sauter sur des filles de 17 ans!, crie Loïc.

J'entends des gens autour arrêter de parler, heureusement qu'ils parlent anglais. J'espère que la directrice et la sous-directrice n'ont pas entendu ça.

C'est pas Guillaume, Loïc, tais-toi !, on va avoir des problèmes, lui dis-je pour essayer de le raisonner. Guillaume me regarde sans comprendre et l'autre ne m'écoute pas.
Qu'est-ce que tu dis? Chloé? Qu'est-ce qui se passe!, me demande Guillaume.
Mais rien!, je réponds en rougissant en voyant des gens nous regarder.
— Tu crois que j'ai pas vu ton suçon dans son cou, hypocrite!, crie Loïc.

Guillaume regarde mon cou et fronce les sourcils. Il me tire par le bras et m'amène à l'écart.

Chloé, c'est quoi toute cette histoire! Qui t'a fait ça? Je vais avoir des problèmes s'il répand cette rumeur, me chuchote Guillaume en regardant autour de lui.

J'amène mes mains à mon visage et les larmes me viennent.

Voyage en enferWhere stories live. Discover now