XXVII.

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Ella nous fait sortir doucement du parking, puis nous arrivons sur une petite route différente de celle que nous prenons habituellement avec le car.

— Dis moi, t'as ton permis?, je lui demande pour être sûre.
— Euhh... bonne question.
— Ella!, je lui crie.
— Biensur que je l'ai, c'était une blague! Ça va bientôt faire deux ans.
— Je suis la première que tu conduis dans cette voiture?
— Eh bien, non, pas vraiment, mais..., me répond-elle
— Arrête toi!, je lui crie.
— Chloé, mais c'est pas ça...
— Arrête toi, je te dis!, je répète.

Elle s'arrête au milieu de la route. Heureusement qu'il n'y a personne à part nous. Je remarque qu'il a déjà commencé à faire noir. Je ne sors pas de la voiture. Il y a un silence. Elle me regarde et rie. J'ai comme une brusque envie de la gifler. Je me retiens et prends sur moi.

— Les deux seules femmes qui sont entrées avec moi dans cette voiture, c'est Laura et la sous-directrice de 50 ans. Laura est hétéro, en passant, me dit-elle en redémarrant la voiture.

Je ne réponds rien et croise les bras.

— Arrête de bouder, veux-tu?, dit-elle en prenant mon menton avec sa main.

Elle dépose un petit baiser sur mes lèvres et recommence à avancer. Je souris. Je la regarde conduire dans mon t-shirt rouge oversize et son short Nike blanc sali par les aventures de tout à l'heure. J'aime tout chez elle, sa peau bronzée, ses longs cheveux bruns, ses grains de beauté foncés, toutes ses bagues argentées, son corps, sa petite tête et sa petite personne. Je n'ai plus aucune répugnance à penser à elle. J'ai passé ce stade. Elle est incroyable cette fille. Je n'ai pas envie de penser à la fin de notre aventure, à la fin de ce voyage. Je ferme les yeux et pose le côté de ma tête sur la vitre. Je m'attendais à un contraste important avec la température ambiante, mais on dirait qu'il fait trop chaud pour ça. J'ouvre les yeux et regarde les petites pancartes défiler sur le petit chemin.

— Ella, où est ce qu'on va?, je lui demande en baissant ma fenêtre
— Surprise, me répond-elle avec un sourire.
— Ça va être long?, je soupire.
— Arrête de te plaindre.

Au bout d'un moment, je me rends compte que la pancarte qu'Ella suit est celle indicant Watson Lake, 12 miles. C'est combien de kilomètres un mile déjà? Je sens que ça va être long... Je ferme la fenêtre, décide d'ouvrir la boîte à gants pour voir si je peux trouver quelque chose de divertissant. Je trouve un gilet fluorescent et un désodorisant. Je la referme et ouvre la petit coffre sur lequel Ella était accoudée. Bingo! Des CD!

Qu'est ce que tu veux écouter bella?, me demande-t-elle en me regardant prendre les CD.
Je vais voir dans cette collection!

Bon Jovi, Queen, KISS, Lou Reed, David Bowie, Gun N' Roses! Qui dit voiture vintage, dit musique vintage! Je savais pas que Guillaume avait des choses en commun avec moi!

— Lulu de Lou Reed et Metallica? Je suis déçue...
— C'est la collection de Guillaume, me répond-elle.
— C'est sûr que tu ne pourrais pas avoir un si bon goût musical!, je la taquine.

Elle me donne un léger coup de poing dans l'épaule. Je continue à regarder les différents CD jusqu'à ce que je tombe sur Radiohead. J'appuie sur le lecteur pour y insérer le disque. Ella me jette un regard puis se concentre à nouveau sur la route. La musique commence, puis je ferme les yeux.

You're so fucking special..., je me mets à chanter avec la chanson.

Ella me regarde, mais n'a pas l'air de connaître la chanson.

— But I'm a creep, I'm a weirdooooo

Elle sourit et on continue la route. Après un certain temps, on sort de la route principale et on continue sur un sentier tracé par d'autres voitures sur de l'herbe sèche et de gros rochers. Creep se termine et je prends un autre disque.

On est arrivées, me dit-elle, laisses moi juste me garer.

Je regarde à travers la fenêtre pour voir où on est. La nuit sombre avait eu le temps d'envahir le ciel depuis que nous étions parties. Je regarde l'écran de la voiture, il est 21h37. Ça doit faire quarante minutes qu'on est dans la voiture, puis le soleil s'est sûrement couché vers les 20 heures. Je me remets à la fenêtre. Nous sommes seules depuis un bon moment sur la route. Je ne pense pas que ce soit un endroit très fréquenté. S'étant garée, elle arrête la voiture et me lance un sourire.

J'espère que t'es prête, me dit-elle.
— Prête à quoi?, je lui demande.
— Tu vas voir.

Elle sort de la voiture et je fais de même. Je la vois regarder le ciel et je regarde aussi. Je suis bouleversée. À ce moment précis, j'ai réalisé que j'ai réalisé que j'étais toute petite dans l'univers. Il y a si peu de pollution lumineuse qu'on voit parfaitement les étoiles, comme si on était dans l'espace. J'ai l'impression d'avoir une photo imprimée devant moi. On voit chaque point blanc dans le ciel et même la trainée blanche de la Voie lactée. Je regarde Ella, qui me regardait admirer le ciel. Je la vois allumer sa lampe torche. Elle a du entre-temps la prendre de sa voiture. Son visage est illuminé par la belle lumière blanche de la lune.

— On dirait que t'aime bien ça, mais on est pas encore arrivées.

Elle prend ma main et me tire par le poignet vers sa destination secrète. Je marche en silence pendant qu'elle emmène. Nous marchons sur un relief de gigantesques cailloux érodés.Le chemin a l'air particulièrement aventureux avec tous ces rochers ronds illuminés par la lampe torche d'Ella. Je suis aveuglement Ella pendant une vingtaine de minutes, puis je brise le silence.

— Alors? On va pas retrouver notre chemin si on va si loin, je lui dis impatiente.
— Encore un peu et on est arrivées, promis. Quand on sera au dessus des pierres là-bas tu pourras voir où on va, me répond-elle en pointant du doigt des pierres.

Je regarde les pierres au loin, puis m'arrête pour regarder derrière nous et ne vois plus la voiture. Elle lâche mon poignet et je continue de la suivre. À vrai dire, j'aime bien qu'elle me touche, que ce soit par le poignet ou main dans la main, j'aime ça. Je meurs d'envie de son contact contre ma peau, mais je décide d'attendre patiemment qu'on arrive. Au bout d'un moment, j'arrive à apercevoir du haut des pierres le magnifique lac dans lequel se reflète le ciel étoilé. Alors c'est ça, Watson Lake!
On s'approche encore plus du lac jusqu'à arriver à la rive. La marche a dû durer presque une heure, mais ce lac est incroyablement beau.

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Je voulais m'excuser pour ne pas avoir respecté mes plans de publication... (un chapitre par semaine). Je fais plein de choses en même temps et je n'avais honnêtement pas la motivation de finir le chapitre. Mais ne vous inquiétez pas, je promets de finir cette histoire et de ne pas vous laisser en plan!

Merci beaucoup pour tous vos votes et commentaires, ça me touche vraiment!

-E

Voyage en enferWhere stories live. Discover now