Et maintenant?

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Je pleure en silence jusqu'à ce que j'entende la porte de la chambre claquer, alors je m'effondre.

Je ne sais pas combien de temps s'écoule avant que je reprenne mes esprits. Je me relève et me regarde dans le miroir.

J'ai les yeux bouffi et les cheveux en pétard. Mais qu'est-ce que j'ai fais?

C'était une idée stupide, tellement stupide. Stéphane me déteste, non?

Je ne sais plus... c'est quand même lui qui m'a embrassé et à amorcer notre étreinte. Pourtant, c'est lui aussi qui n'a pas voulu aller jusqu'au bout!

Je me donne des petites claques sur les joues et me secoue la tête. Je respire un grand coup.

Allez, on se ressaisit. J'hésite à faire ma valise et à partir sur le champ, mais je signerais mon licenciement en faisant cela.

Je suis une femme forte, hors de question que je me laisse abattre à cause d'un sale con comme Stéphane.

Je prends une douche, m'habille, et... et quoi? Je suis censée bosser sur ce foutu divorce avec super connard!

Je suis tellement humiliée que l'idée de le revoir me terrifie, mais d'un autre côté, fuire ne ferait que le satisfaire. Hors de question de lui accorder la moindre satisfaction.

Me vient à l'esprit l'idée que tout ça faisait partie d'un plan pour que j'abandonne, et que je me fasse virer, mais je chasse rapidement cette pensée. Il faudrait qu'il soit plus qu'un super connard, il atteindrait le stade de psychopathe et je ne pense pas qu'on en soit là...

Je m'installe à table et ressors les dossiers. Ça doit faire une bonne heure que je potasse quand on frappe à la porte.

Je souffle un grand coup.  Il faudra bien que je l'affronte.

- Entrez!

Il ouvre timidement la porte. Une étincelle d'étonnement traverse son regard quand il me voit en train de bosser. Il devait s'imaginer me retrouver rouler en boule dans le lit en train de pleurer!

Il s'approche doucement, comme s'il craignait de me voir fuir. Je le regarde un instant puis me replonge dans mon dossier.

- Annabelle... dit-il, mais je le coupe.

- C'est Mademoiselle Phils, Monsieur Roland. Il ouvre la bouche pour parler, mais je lève la main et il se tait. Je ne veux pas parler de ce qu'il s'est passé ce matin. C'était une énorme erreur, et encore, je suis gentille. Dorénavant, nos relations resteront purement professionnelles, inutiles de vouloir faire la conversation. Nous traiterons ce dossier et nous gagnerons ce divorce. Quand nous serons de retour au bureau, j'informerai Parker qu'une assistante sera mise à votre disposition, et je me chargerai des affaires de l'un de nos seniors. Nous n'aurons plus qu'à nous saluer cordialement dans l'ascenseur si nous nous retrouvions avec d'autres, histoire de donner le change. Et j'aime autant vous prévenir tout de suite, si vous avez le malheur de parler de ça à quiconque, je vous détruirai, Monsieur Roland.

- Ne puis-je pas m'exprimer sur le sujet? M'expliquer au moins?

- J'ai dis non. Je n'ai pas besoin d'explications. Un mot de plus là-dessus et je mets ma menace à exécution dès notre retour, j'ajoute en le voyant ouvrir la bouche.

Il semble se résigner et s'installe en face de moi, dans le plus grand des silences.

Trois jours s'écoulent ainsi. Nous n'échangeons que peu de paroles, et elles concernent toujours le travail.

L'ambiance est tendue, mais je me dis que j'ai fais la moitié. Nous passons pas mal de temps avec la sœur de Parker, qui est tout le contraire de son frère. Douce, gentille, marrante. Heureusement, ça permet de faire légèrement retomber la pression.

Surtout qu'à l'hôtel, ils ne nous ont pas trouvé de deuxième chambre. Stéphane et moi partageons toujours la suite, et ça, c'est l'horreur. Je pensais que j'aurais bientôt ma chambre à moi, mais j'ai beau aller les questionner matin et soir, ils sont toujours complet. La poisse!

C'est très difficile comme situation. J'ai beau me répéter inlassablement que je suis une femme forte et que c'est un connard, je ne comprends toujours pas pourquoi il a fait ça, et je ne peux pas m'empêcher d'y penser. Ça m'obsède. J'ai parfois envie de le laisser s'expliquer, puis je renonce. Hors de question qu'il me serve des bobards.

De son côté, il est redevenu froid et distant, mais c'est ce que je lui ai demandé alors...

J'ai eu quelques nouvelles de Nathan, de ma super maman aussi, mais j'ai par contre laissé Jo sans réponses depuis cet événement.

Je suis installée dans le lit, on est mardi soir, et Stéphane est couché dans le canapé, il ne fait pas un bruit.

J'attrape mon téléphone.

Bonsoir Jo, j'espère que je ne te réveille pas?

Hey! Non, je ne dors pas encore. Je commençais à me faire du soucis pour toi.

Je suis désolée, beaucoup de travail, je n'ai pas vraiment eu beaucoup de temps à moi.

Je m'en doute. Comment tu vas?

Oh, ça va, je survis...

À ce point? Super connard t'embête? Parce que je peux lui casser la gueule si tu veux...?

Haha, non, mais merci. On s'est... disputé, il y a trois jours, et depuis c'est pas la joie.

Qu'est-ce qui s'est passé?

J'ai pas envie de rentrer dans les détails, mais disons simplement qu'il m'a blessé de par son comportement. Je lui ai demandé de garder ses distances, et il respecte mon choix, c'est déjà ça.

Je suis navré qu'il t'ait blessé. Je t'assure que je me ferais une joie de lui casser le nez, ou la mâchoire, comme tu préfères!

Non, ça ira. J'ai ma part de responsabilité, et puis j'avoue que je ne lui ai pas laissé l'occasion de s'expliquer.

Là, tu as peut-être eu tort... je ne dis pas que c'est pas un super connard, mais tout le monde a le droit de s'expliquer.

Oui, bon, il a pas tort là. Mais néanmoins, je n'ai pas vraiment envie d'entendre des mensonges. J'en fait part à Jo.

Bah, écoute ce qu'il a à te dire, et tu pourras juger si ce sont des mensonges ou pas...

Peut-être que je pourrais en effet le laisser s'expliquer. L'idée fait son chemin, et je me rend compte qu'en fait, j'ai vraiment besoin de savoir. Suis-je si répugnante que ça?

- Pardon?

Merde, j'ai parlé à voix haute. Mais quelle cruche Annabelle!

- Je m'demandais... enfin, je voulais savoir si finalement, vous m'expliqueriez, pour l'autre fois.

Je le vois se redresser dans le canapé et tourner la tête vers moi. Il a l'air surpris, mais soulagé aussi.

- Je ne demande que ça!

Annabelle, ma belle... (Terminée)Where stories live. Discover now