Fin - partie 3

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Point de vue de Stéphane:

Je fais les cents pas dans mon salon. Je m'arrache littéralement les cheveux. J'ai quitté mon poste pour ne plus la voir, mais elle m'obsède. Je pense à elle non stop, je n'arrive pas à me la sortir de la tête.

C'était stupide d'aller chez elle vendredi. Je savais que je n'arriverais pas à lui parler. À quoi ça servirait, si ce n'est à faire encore plus de mal que ce qui a déjà été fait?

Je la revois me faire face, digne dans son chagrin. Elle ne s'est jamais rendue compte à quel point elle est belle, à quel point elle est sexy. Elle se trouve grosse et pas du tout attirante. Je ne comprends pas comment elle peut penser ça d'elle, mais je sais que là, je dois en être responsable.

Je suis parti comme un voleur. Déjà la première fois, quand je lui ai dit qu'on arrêtait tout, je ne lui ai donné aucune explication. Je suis un lâche, même pire que ça. Vendredi, quand je suis sorti de son appartement, j'ai attendu, et je l'ai entendue s'effondrer. Mon coeur s'est brisé en même temps que le sien, mais c'est la meilleure solution... la seule solution. Je voulais tellement revenir, la prendre dans mes bras, lui dire à quel point je l'aime.

Putain de merde! Je suis tellement amoureux d'elle, j'en crève. Ha! Si seulement je ne crevais que de ça.

TOC TOC TOC

Je ne suis pas certain qu'on ai frappé, mais il m'a semblé entendre 3 coups légers. Je me dirige vers la porte et regarde par le judas.

Mon cœur s'affole. Merde, elle est là. Qu'est-ce que je fais? Je meurs d'envie de lui ouvrir la porte, mais je ne tiendrai jamais ma résolution si je la vois. J'ai l'impression de sentir son odeur à travers la porte. Elle porte du parfum pour homme, mais ça lui va si bien, son odeur naturelle sublime le tout et me fait tourner la tête. J'hésite, et je la vois tourner les talons à travers le judas.

C'est plus fort que moi, j'ai besoin de la voir, au moins une dernière fois. J'ouvre la porte, elle se retourne.

Ça me fou un coup au cœur. Elle est sublime. Oh, elle n'a rien fait pour. Ses cheveux sont simplement brossés, elle est vêtue d'un jeans et d'un pull en laine informe, elle n'est pas maquillée, et son visage porte les stigmates du chagrin que je lui inflige. Néanmoins, elle reste la plus belle femme que j'ai jamais vue.

Je ne sais pas quoi dire, donc je me contente de reculer d'un pas pour lui faire signe d'entrer.

C'est une très mauvaise idée, vraiment très mauvaise, je le sais. Son parfum m'enivre quand elle passe à ma hauteur, et ma main se lève instinctivement pour la toucher, mais je me ressaisis et me contente de refermer la porte. Elle jette un regard à la ronde, puis se tourne vers moi.

Ses yeux vert, si vibrant, sont deux puits de tristesse infinie. Elle essaye de n'en rien laisser paraître, alors je fais comme si je ne voyais rien, mais ça me fait mal de la voir comme ça, à cause de moi.

- Bonsoir, finis-je par dire pour briser le silence.

Je la vois prendre une grande inspiration avant de parler.

- Désolée de débarquer comme ça, si tard, chez toi. Je...

- Ça ne fait rien. Je suis content de te voir. Je t'assure! J'ajoute en voyant sa mine perplexe. Je... je suis tellement désolé de ce qu'il s'est passé. Tu ne peux pas imaginer.

- Je ne sais pas pourquoi je suis venue. Benoît m'a convaincue qu'il fallait que je te vois, que je te parle, mais je pense que c'était une mauvaise idée.

Une pointe de jalousie nait dans le creux de mon ventre à l'idée qu'elle voit Benoît, mais je l'étouffe dans l'œuf. Après tout, c'est dans l'espoir qu'elle se mette avec lui que je me suis effacé. Entre autre...

- Que t'a-t'il dit?

- Rien que je ne sache déjà. Mais il semblait croire qu'il y avait plus à dire sur le sujet.

Non, je refuse d'avoir cette conversation avec elle. Déjà avec Ben, devoir lui faire comprendre le pourquoi du comment, c'était insoutenable, mais avec elle? Jamais je n'y arriverais!

- Écoute, je comprends que ça soit difficile...

Je m'apprête à jouer les connards de service, mais je ne vois pas comment m'en sortir autrement.

- ... mais il y a rien de plus à dire que ce qui a déjà été dit.

- Oui, oui je m'en doute.

Bon sang, il y a une telle résignation dans sa voix, une telle souffrance. Je ne peux pas faire ça, je ne peux pas lui mentir. Mais comment lui dire la vérité?

- Excuse-moi de t'avoir dérangé. Je vais y aller.

Non, non je ne peux pas la laisser partir comme ça. Je sais que je le dois, mais je ne peux pas, je n'y arrive pas. Pour une fois que je voulais faire quelque chose de bien, de désintéressé, je n'y arrive pas.

Je lui attrape le poignet alors qu'elle se dirige vers la porte.

- Ne pars pas! Je n'y arrive pas! Bon sang, Annabelle, je n'arrive pas à te laisser partir.

Elle me regarde avec ses grands yeux, et l'espoir perce au milieu du chagrin. Je suis faible, tellement faible...

Je me penche vers elle et l'embrasse. Je sens la surprise qui l'assaille, puis elle se laisse aller. Ses bras se serrent autour de mon cou tandis que mes bras encerclent sa taille pour la serrer contre moi.

C'est tellement bon de la tenir comme ça, de sentir son goût sur ma langue, d'avoir son cœur qui bat contre mon corps.

C'est une baiser désespéré, plein de chagrin, d'espoir et de non dit. C'est le baiser qui va tout changer. Je ne peux plus lui mentir. Je dois lui dire la vérité, maintenant, avant que mes envies ne prennent le dessus et que je lui fasse l'amour à même le sol.

Me détacher d'elle est un supplice, mais je n'ai pas le choix.

Je penche la tête vers elle et pose mon front contre le sien. Elle souffle mon prénom, et il y a tant de questions dans ce simple mot.

Je lui prends la main et la tire vers le salon. Je m'assois et l'attire contre moi. Elle se blottit sur mes genoux et je la serre dans mes bras.

C'est maintenant. Je dois tout lui dire maintenant.

- Je t'aime...

Elle relève la tête vers moi, et des larmes inondent ses yeux.

- Je t'aime aussi!

J'embrasse ses lèvres en un chaste baiser avant de reprendre.

- Maïs ça ne suffira pas. Annabelle. Si la vie était différente, si elle était bien faite, je ne te laisserais pas partir. Mais la vie est une putain de salope ingrate. Alors que j'avais enfin accepté ce qui m'arrivait, que je m'étais enfin résigné, je t'ai rencontrée. J'ai lutté contre toi, tellement, mais je ne pouvais pas gagner.

- De quoi tu parles, Stéphane?

- Je parle du fait que je savais que ça ne pouvais pas durer. Toi et moi, ça n'aurait jamais dû arriver. Je suis tombé amoureux de toi à peine ai-je posé les yeux sur toi. Je savais que c'était une mauvaise idée, que c'était mal, mais finalement, on a commencé à coucher ensemble. Je me suis dis que ça n'était pas grave. Si moi je t'aimais, pour toi, ça n'était que du sexe, il n'y avait rien de mal, la douleur ne concernerait que moi à la fin, et puis je me suis rendu compte que c'était plus que ça pour toi aussi. Je ne savais pas si tu m'aimais, mais j'étais devenu plus qu'un plan cul pour toi. Comment pouvais-je te faire ça? Je ne pouvais pas. Alors j'ai rompu. Mais je ne t'ai rien expliqué... je n'ai pas eu le courage de tout te dire.

- Dis-moi... dis-moi maintenant. Je suis la, je t'écoute, et je t'aime. Je t'aime Stéphane, toi, comme tu es.

Je l'écoute m'ouvrir son cœur, et s'en est trop pour moi. Je l'aime. Je l'aime tellement que ça me fait mal. Elle doit savoir, mais je ne sais pas comment le dire... alors je le dis, tout simplement.

- Je vais mourir...

Annabelle, ma belle... (Terminée)Where stories live. Discover now