31- Vite

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APRIL

Je n'arrive pas à croire la scène qui se déroule sous mes yeux.

Aidan m'agrippe la main.

- Viens, April, on s'en va.

Je suis figée de terreur.

Estrella semble recouvrer ses esprits.

- Pas si vite!

Elle peine à se relever et tente de me retenir par le pan de ma jupe. Aidan enroule ses bras autour de moi. Il ouvre la porte, et avant que je n'aie le temps de dire quoique ce soit, m'entraine à l'extérieur avec lui. Estrella crie alors qu'Aidan referme brusquement la porte derrière nous.

- Vite, suis moi!

Il prend ma main et nous nous mettons à courir dans l'air glacial. Je ne sais pas où il m'emmène, mais je suis encore trop sous le choc pour poser quelque question. De toute manière, n'importe où avec Aidan est mieux que n'importe quel endroit sur Terre. Surtout plus que cette maison que nous quittons. Avant de franchir le portail, je me retourne une dernière fois. Skye est dans la fenêtre. Elle m'envoie la main. Je n'ai pas le temps de lui répondre que nous nous retrouvons de l'autre côté des buissons, sur le trottoir. J'entends la voix forte du père d'Aidan nous appeler. Le prince accélère la cadence. Nous remontons l'allée jusqu'à sa grande demeure à lui.

Il contourne la maison, que l'on pourrait aussi bien appeler un château, jusqu'à l'une des portes arrières. Il se hisse sur la pointe des pieds, plonge sa main dans un pot de fleurs suspendu et récupère la clé, qu'il enfonce dans la serrure. Nous entrons à l'intérieur. Toujours au pas de course, Aidan me guide à travers les pièces et couloirs. Je n'ai pas le temps de réaliser ce qui se passe, de voir ce qui m'entoure. Les murs défilent si rapidement qu'ils m'apparaissent telle une masse floue qui bouge dans tous les sens. Nous entrons dans sa chambre. Aidan lâche ma main et me laisse, immobile, près de la porte. Il s'agite, cours de son sa commode à sa penderie, de sa penderie à son bureau. Il jette un sac sur le lit et y fourre une multitude de choses amassées ici et là. Étant donné mon apparente incapacité à me mouvoir, je reste là à le regarder sans rien dire, figée, abandonnée de toute émotion. Mon corps ne semble se réveiller qu'au moment où il agrippe ma main à nouveau, m'entraînant hors de la pièce où l'ordre habituel a laissé place à un amas de vêtements et d'objets sur le sol. Aidan éteint la lumière et nous franchissons la porte. Bien vite, il s'arrête dans son élan, me lâche et fait demi-tour. Il revient avec un énorme ourson en peluche dans les bras. Les souvenirs m'assaillent.

- Barnabé!

C'est le premier mot que mes lèvres parviennent à prononcer depuis l'épisode dans la cuisine avec Aidan, alors que je lui ai demandé ce qu'il allait faire quand il a quitté en furie.

- Oui, prend le, dépêche toi.

Il me jette la peluche dans les bras. Je l'agrippe fort. Nous regagnons le rez-de-chaussée et Aidan me lègue son sac. Du hall, je surveille l'allée extérieure tandis qu'il court jusqu'à la cuisine, dévalise le garde-manger, le réfigérateur. Il accumule toutes sortes de boîtes et de conserves dans un autre sac, puis se dirige vers un petit meuble non loin du vestiaire. Après l'avoir fouillé frénétiquement, il en sort une clef de voiture et une carte de crédit. Aidan attrappe son manteau et un kangourou dans le vestiaire, puis me presse de sortir. Sans même rebarrer la porte derrière lui, il court jusqu'à l'une des voitures sport garées dans l'entrée. Je le suis, ouvre la portière du côté passager et balance les sacs ainsi que Barnabé sur la banquette arrière tandis qu'il met la clef dans le contact.

- Tu sais conduire?

- À peu près.

- Tu as ton permis?

Reine du BalWhere stories live. Discover now