3 - Asche

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Mikasa ne pouvait sciemment pas dormir. Tout d'abord, car son angoisse semblait enfler à chaque seconde, sur le point d'exploser dans sa cage thoracique. Elle avait peur, si peur de ce qui allait se passer aujourd'hui. Elle souhaita, dans une prière muette, que le soleil ne se lève jamais.

Ensuite, car ses camarades non plus, n'arrivaient pas à dormir. Depuis le couvre-feu, elles ne faisaient que parler à voix basse, comme si la jeune femme ne pouvait pas les entendre. Sasha déprimait car si elle mourait aujourd'hui, elle ne pourrait plus jamais manger un steak. Christa, elle, l'écoutait d'une oreille attentive et lui offrait toute la compassion dont elle était capable. Cela faisait des heures qu'elle entendait leurs murmures, et elle n'avait pas le cœur à leur dire de se taire ; puisque c'était peut-être la dernière fois qu'elle entendait leurs voix. Alors, Mikasa se taisait et les écoutait. C'était la meilleure chose qu'elle savait faire, se taire et écouter.

« Tu sais, Sasha, j'ai peur de mourir demain sans avoir embrassé la personne que j'aime.

- Tu parles d'Ymir ?

- On peut dire ça... Imagine si elle meurt. Je n'aurais jamais eu l'occasion de lui dire à quel point je me sens bien quand elle est là. Enfin, je pense que j'ai plus de chance de mourir qu'elle...

- Si tu pars défaitiste, c'est sûr que quelque chose se passera mal. Alors imagine toi avec elle après l'expédition, et ça se produira peut-être !

- Je ne t'imaginais pas si sage, Sasha.

- C'est mon côté sérieux d'avant expédition ça, ça va passer. »

La jeune femme pouvait décrire avec précision chaque irrégularité du plafond. Dès qu'elle fermait les yeux, les images de ses quelques amis et proches s'imposaient derrière ses paupières. Leurs corps déchirés, leurs membres éparpillés, leurs visages teintés d'une horreur impalpable. Non, elle préférait encore garder les yeux ouverts. Les tâches présentes sur le plafond, elles, n'étaient pas écarlates. Elle savait qu'elle devait penser à autre chose. Elle essayait, mais les discussions de ses amies l'empêchaient de se changer les idées.

Par conséquent, elle se redressa dans son lit et commença à s'habiller en vue de sortir. Les deux jeunes femmes sursautèrent, surprises que leur amie ne dorme pas à cette heure si tardive. Ou si matinale, cela dépendait du point de vue.

« Oh Mikasa, on t'a réveillée ?

- Non, en fait, je n'ai pas pu dormir.

- On est désolées, on aurait dû faire moins de bruit.

- Je crois que je n'aurais pas pu dormir, même sans vos murmures. Je vais juste marcher, essayer de me changer les idées avant l'expédition. »

La jeune femme enfila ses bottes dans le silence, puis se dirigea vers la sortie de la chambre. Néanmoins, elle s'arrêta devant la porte de celle-ci, et se retourna vers la petite blonde.

« Tu sais Christa, il nous reste un peu de temps avant l'expédition. Il n'est pas encore trop tard pour lui avouer. »

La jeune fille écarquilla les yeux, puis rougit légèrement à cette pensée. Cependant, un grand sourire étira ses lèvres charnues, et son regard fatigué se teinta de reconnaissance.

« Tu as raison, Mikasa. Merci. »

Ainsi, l'asiatique passa le pas de la porte en se dirigeant vers l'extérieur. La petite l'avait remerciée. Elle n'aurait peut-être pas de regrets, comme ça ? Au fond d'elle, une étrange sensation étreignit son cœur. Elle avait pu l'aider, et elle se sentait heureuse d'en avoir été capable. Durant les rares occasions où ses proches avaient des doutes, elle ne savait que dire ou que faire. C'était un domaine qui lui faisait grandement défaut, les liens sociaux. Par conséquent, la soldate ressentait une certaine satisfaction à avoir pu passer outre cette incapacité sociale.

「À mon signal, déchaîne les enfers」Where stories live. Discover now