7 - Offstimme

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Le ciel était fait d'argile. L'air était pauvre en oxygène et riche en effluves dégoûtantes. Ça sentait la mort, ça sentait la peur, ça sentait la souffrance. Une mer de pavés mal posés au sol s'étendait sous ses foulées. Ses poumons réclamaient toujours plus d'air, et un point de côté commençait à torturer le côté gauche de son abdomen. Les bas-fonds puaient toujours autant. Auparavant, il était le roi de cette jungle. À présent, Levi était le lapin qui fuyait ses démons. Il entra dans une ruelle plus petite, sans ralentir son allure. Les murs étaient faits de cadavres qui tendaient leurs mains vers lui, suppliants. Le brun aperçut le visage de ses camarades disparus. D'abord Farlan, avec cet air horrifié sur le visage, qui lui murmurait de ne pas l'abandonner. Puis, il vit les visages d'Auruo, Gunther, Erd, noyés parmi d'autres fantômes. Le fuyard piétina le visage inanimé de Petra sur les pavés, et sa cheville se tordit sur cette proéminence soudaine. Il glissa sur quelques mètres, griffant la peau de son épaule, de son bras et de sa jambe droite.

Il n'entendait que sa respiration saccadée. Levi se redressa difficilement et tomba sur une moitié du visage d'Isabelle, devant lui, l'observant sans rien dire. Le soldat resta devant cet œil morne qui le fixait, immobilisé. Puis, des hurlements lui vinrent à ses oreilles, et il sursauta. L'homme aux yeux gris leva son regard vers le ciel de terre et aperçut un énorme titan à l'apparence d'un singe. Il avait des poils partout, et semblait jouer avec quelque chose pendu à sa main. Il se leva sans faire de bruits, et aperçut une touffe de cheveux noirs coupés au carré. Celui à la chevelure rasée reconnut la silhouette qui se balançait, inanimée, entre les doigts du géant. Soudain, le titan le remarqua et mit la jeune femme en évidence devant son visage, comme un humain observant le moustique qu'il venait d'abattre.

« Tiens donc, Levi. Ton enfer ressemble donc à cela ? Après tout, on dit qu'il est pavé de bonnes intentions. »

Il toucha du doigt la jeune femme inconsciente, qui oscilla de droite à gauche, sans faire un seul mouvement. L'homme ne pouvait pas bouger. Pourquoi ce singe titan lui parlait ? Pourquoi il avait Ackerman dans sa main ? Comment cette idiote avait fini non seulement dans cet endroit, mais comment s'était-elle débrouillée pour finir ainsi ? Elle était forte, beaucoup plus forte... Elle faisait peut-être semblant et attendait le moment opportun pour le tuer ? Oui, la brune devait faire cela. Pitié, faites qu'elle fasse cela.

Le monstre posa délicatement la jeune femme dans la paume de son autre main, en l'observant avec tendresse. Pourquoi ne pouvait-il toujours pas bouger ? Son corps ne lui répondait pas, il ne pouvait ni détourner les yeux ni les fermer. Ainsi, devant lui, le singe titan resserra sa main sur sa prise, et des éclats de sang jaillirent d'entre ses phalanges. Une partie du liquide écarlate coula le long du bras poilu. Une averse sanglante s'abattit sur lui, tâchant ses vêtements, se mélangeant à sa sueur. Le sang de la jeune femme était encore chaud.

Levi ne put que hurler, pendant que le corps écrasé de la jeune femme tombait sur les pavés froids des bas-fonds de la capitale.

***

Mikasa s'éveilla avec la bouche pâteuse et les muscles endoloris. La veille, elle s'était faufilée dans son dortoir et s'était jetée sur son lit inconfortable en prenant garde à ne pas réveiller les autres. Elle avait dormi d'un sommeil sans rêves. À présent, elle avait l'impression de s'être réveillée d'un long coma. La jeune femme se tourna vers sa droite et remarqua que les autres lits étaient vides. Cependant, elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, car ses coéquipières n'avaient pas ouvert les volets.

La soldate demeura dans la chaleur des draps pendant de longues minutes, s'emmitouflant dans ses couvertures jusqu'au nez. Cette sensation était si agréable. Elle avait l'impression d'être enlacée avec bienveillance par ces bouts de tissus, hors du temps. Cette douce torpeur sembla durer une éternité, jusqu'à ce que quelques bruits sur le bois de la porte ne la délivre. Ses yeux s'ouvrirent sur l'obscurité de la pièce, et elle attendit d'en entendre davantage. Des bruits brefs, fermes et aiguës provinrent de la porte. Avec difficulté, la blessée posa ses pieds sur le sol froid de la chambre, poussa sur ses quadriceps pour se lever et ouvrit à la personne qui souhaitait entrer. Manifestement, ça ne pouvait pas être Sasha ou Christa, puisqu'elles avaient leurs clefs. Elles n'auraient pas pris la peine d'attendre, encore moins risquer de la réveiller.

「À mon signal, déchaîne les enfers」Where stories live. Discover now