15 - Rauch

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La pluie tombait encore sur les pavés humides de la ville. Les rues étaient désertes, si bien que personne ne voyait ces personnes encapuchonnées qui se dirigeaient vers la sortie de la ville. Quelques murmures accompagnaient le bruit des gouttes d'eau qui s'écrasaient contre le sol. À cause des nuages, tout était sombre, et l'on se serait presque cru en pleine nuit si les nuages gris ne laissaient pas passer, parfois, quelques rayons de soleil. Tous les soldats se retrouvèrent dans la forêt, en amont de la ville, où le major Smith donnait ses ordres du jour, la répartition des escouades et leurs missions respectives. Les amis de Mikasa Ackerman étaient bien agités, mais pas par l'espoir de sauver leurs deux camarades.

« Mikasa, c'est vrai que t'as pété le nez du caporal ? S'écria Sasha, admirative de la force de son amie.

- Ehm, oui...

- Il a osé te frapper... Si on n'avait pas besoin de lui pour sauver l'idiot suicidaire et Historia, je lui aurais fait regretter...

- Jean, je ne sais pas si c'est une très bonne idée... Et puis, Mikasa lui a aussi fait bien mal. Je suppose que c'est un match nul ?

- Tu es trop diplomatique, Armin ! Connie soupira, les yeux dans le vague. Parfois, les gens ont besoin d'une bonne claque pour avancer. »

Sa remarque plongea les environs dans une torpeur gênante. À la suite de la destruction de son village, l'homme aux cheveux rasés n'avait plus la même attitude qu'avant. Il était souvent absent, perdu dans ses pensées et dans ses souvenirs. Sa mère était devenue l'un de ces monstres qu'il combattait. Depuis, le jeune homme oscillait entre déprime et explosion de colère.

« Bordel mais pourquoi vous vous êtes battus, déjà ? Si ça se trouve, on ne pourra pas sauver Historia à cause de vos conneries. »

Ymir fit irruption dans leur conversation, les sourcils froncés et la mâchoire serrée. Depuis le kidnapping de son amante, elle était à fleur de peau, et lançait des piques à qui voulait bien lui adresser la parole. Mikasa fixa le vide pendant quelques secondes, et posa sa main sur les points qui avaient refermé sa plaie. Pourquoi ? Elle se souvenait avoir eu si mal au crâne qu'elle avait cru mourir. Mais après leur combat, la douleur s'était estompée. Pourquoi s'étaient-ils battus ? En y repensant, elle ne savait plus vraiment. Il l'avait empêchée de poursuivre le chariot, mais l'avait probablement sauvée d'une embuscade ou autre incident. Ce n'était pas un motif valable pour se battre comme ils l'avaient fait. Son poignet lui lança une décharge de douleur, et elle retint une grimace.

« Ne t'en fais pas, Ymir. On la sauvera. »

Les mots sortirent naturellement de sa bouche, éludant sa question à laquelle elle n'avait pas de réponse. La grande brune pesta dans son coin, les poings sur les hanches, avant de regarder de manière inquiète l'horizon vers lequel ils chevauchaient. L'escouade que le groupe de soldats formait débuta sa course vers l'inconnu. L'angoisse d'affronter des humains était bien différente de celle qu'ils ressentaient quand ils s'élançaient en direction des monstres terrestres. Le major leur avait expliqué son plan, qui était bon en soi, mais pas assez pour les rassurer. Hanji chevauchait devant eux, aux côtés d'un caporal grognon.

Elle n'arrivait pas à détacher ses yeux de son dos. Levi n'avait pas dit un mot depuis qu'Hanji l'avait prise sous son aile pour la soigner. Pas un seul. Elle se sentait soudain ridicule. Pourquoi avait-elle perdu le contrôle ? Cette inconstance l'effrayait. La jeune femme n'était pas capable de se retenir lorsqu'il était là. Elle était incapable de refréner ses émotions. Comment pouvait-elle protéger ceux qu'elle aimait, si c'était elle le danger ? Pas qu'elle veuille le protéger. Après tout, elle ne l'aimait pas. Non, mais la soldate se sentait nauséeuse à l'idée de l'avoir blessé. Elle n'avait jamais songé au fait qu'il puisse être humain, lui aussi. Qu'il puisse être blessé. Finalement, il pouvait bien mourir lors de ce sauvetage, et elle lui avait dit qu'elle le haïssait. Ackerman fut assaillie par un tel sentiment de détresse, qu'elle faillit tomber de son cheval. Ymir lui lança un regard noir qu'elle préféra ignorer.

「À mon signal, déchaîne les enfers」Where stories live. Discover now