11-Soirée de crise

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Lundi, dix-sept heures.

Ashlyn m'attendais un peu plus loin. Elle a sorti une cigarette en me voyant et l'a fourrée entre ses lèvres.

-Sortons vite d'ici, il faut que je m'en grille une, a-t-elle grommelé.

-Te connaissant, ça m'étonne que tu ne l'ais pas déjà fait.

-Je respecte les morts, Lieke. Ta mère encore plus que les autres, m'a-t-elle répondue en plissant les yeux.

Nous avons regagné son appartement aux alentours de dix-sept heures. Vu qu'il était encore un peu tôt, j'ai décidé de commencer un grand ménage de printemps chez Ashlyn, malgré le fait qu'on soit en avance de quelques mois. Ou en retard de trop d'années.

Ashlyn a protesté en tentant de me convaincre que c'était un « bazar organisé ». Je ne l'ai pas écoutée. J'avais hérité du côté assez maniaque de ma mère, alors que mon père était plutôt bordélique.

J'ai retroussé les manches de mon pull trois fois trop grand, ai attaché mes cheveux courts puis me suis attelée à la tâche en ignorant Ashlyn qui râlait en faisant sa vaisselle. J'ai vidé ses étagères, ai organisé le rangement de ses livres en fonction des sujets.

Malgré son manque d'organisation, Ashlyn avait une passion atypique pour les plantes.Elle avait la main verte et je me suis rendue compte qu'elle faisait pousser des plantes un peu partout, essentiellement des cactus. Des cactus ronds, plats, des très petits et des très grands, des avec de longs pics et d'autres avec des épines bizarre. Cachés en haut des étagères, derrière des livres, sous le canapé, sur la télé.J'étais plus qu'étonnée. Quand elle a passé la tête dans le salon depuis la cuisine, je lui ai fait la remarque.

-Je ne savais pas que tu avais autant de cactus.

-Je trouve ça sympa, a-t-elle dit en secouant sa chevelure rousse. Ce sont des minis-moi, ils sont piquants mais trop mignon.

Je lui ai jetée un jouet pour chat à la figure et elle est retournée dans la cuisine en riant.J'ai entendu sa musique résonner jusqu'à moi. Du jazz américain,avec du Ray Charles, Louis Armstrong, Sinatra ou Fitzgerald. Ashlyn n'écoutait que du jazz ou du vieux rock, et exclusivement sur des vinyles. Elle avait un antique tourne-disque qu'elle avait acheté avec moi chez un antiquaire, des années plus tôt.

En fouillant dans un tas d'objets plus bizarre les uns que les autres, un cadre photo m'est tombée sur la tête. J'ai poussé un gémissement et me suis emparée de la photo. J'ai été surprise de m'apercevoir que c'était une photo d'Ashlyn et moi, quand nous étions encore en couple. Je me souvenais parfaitement du jour où cette photo avait été prise. A la sortie d'un match de hockey féminin : les Furies de Toronto contre les Canadiennes de Montréal. Une raclée monumentale,d'ailleurs. Si j'étais une mordue de football féminin, Ashlyn était quant à elle une véritable dingue du hockey sur glace.

A la sortie du match, Ashlyn avait insisté pour nous prendre en photo avec nos maillots de hockey et nos joues barbouillées aux couleurs de Toronto. Mes cheveux étaient plus longs qu'aujourd'hui, j'avais l'air plus détendu. En même temps, j'avais dix-neuf ans et ma mère était toujours là, je souriais encore avec inconscience.

J'ai secoué la tête et ai posé le cadre sur l'étagère. J'avais de bons souvenirs de ma relation avec Ashlyn. Elle m'avait appris des tonnes de choses et pendant un temps, j'avais vraiment cru que je finirais ma vie avec elle.

J'ai sursauté quand elle m'a lancée depuis la cuisine :

-Tu aimes toujours les nouilles sautées ?

Je me suis mordue la lèvre en me rendant compte qu'Ashlyn se souvenait toujours de mon plat préféré.

-Les nouilles de Leah ?Ai-je demandé d'une petite voix.

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⏰ Last updated: Jul 16, 2019 ⏰

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