onze

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Mathieu m'avait sauté dessus pour me chatouiller. Une sorte de pulsion s'était emparée de lui.  Il avait beau avoir 19 ans, c'était toujours un gamin dans sa tête. J'étais donc pliée en deux par terre, morte de rire à hurler comme une folle.

-MATHIEU LÂCHES MOI J'EN PEUX PLUS LÀ !

Il en avait royalement rien à battre. Pour me libérer, je lui avais mordu le bras et il m'avait aussitôt lâché.

-MAIS T'ES FOLLES WESH !

-J'tavais dis de me lâcher.

-Si t'as faim, va t'faire à bouffer mais commences pas à me graille moi.

-Mais c'est que monsieur est un comique, qu'est ce qu'on se marre avec toi.

J'étais toujours allongée par terre tandis que lui s'était rassis sur le canapé.

-J'peux savoir ?

Il me regardait avec interrogation.

-Savoir quoi ?

-Ce que tu veux pas que je saches.

Alors là je l'avais perdu. Il comprenait absolument rien. Ses yeux étaient encore plus plissés pour bien me montrer que pour lui, je parlais chinois.

-Pourquoi tu t'es ramené la gueule amochée chez moi. Pourquoi tu m'a laissé manger mes pâtes toute seule mercredi.

Oui cette histoire de pâte m'avais traumatisé. Bon. J'abusais un peu mais bon je voulais vraiment savoir.

-Laure, steuplé.

Je fis ma mine boudeuse tout en lui tournant le dos.

-Oh putain t'es une gamine. Viens j'vais t'expliquer.

J'avais gagné. Je m'asseyais donc à côté de lui, en tailleur. Mes coudes étaient posés sur mes genoux et ma mâchoire reposait sur mes mains. J'étais toute ouïe.

-En gros, y'a pas mal de temps j'travaillais pour quelqu'un avec Ormaz et genre on vendait pas des fleurs tu vois ? Ça fais quelques mois que j'ai arrêté sauf que j'ai pas payé totalement le gars. Il m'a laissé tranquille et j'pensais qu'il allait continuer sauf que non. Il a commencé à revenir là où j'traîne en menaçant Ormaz et comme j'étais dans le coup avec lui, bah il m'a menacé aussi.

-C'est pas des menaces là, tu veux que j'te rappel la gueule que t'avais quand t'as rappliqué chez moi ? Et on oublie le fait qu' Ormaz ne tenait même pas debout ?

J'avais un peu la haine. Il s'était foutu dans un merdier pas possible. Issam avait aussi connu ça, donc soigner les balafres et nettoyer les plaies m'étais familier.
Il avait vu que d'une certaine manière, ça me touchais.

-Tu t'inquiètes pour moi ?

Oui. Mais je ne pouvais pas lui dire. Même si j'avais voulu ça m'était impossible. J'avais beaucoup trop de mal à m'exprimer sur ce que je ressentais.

-Nan je m'inquiètes pour vous.

BAM ! Trop forte. Alors la, la fierté était présente. Il y avait clairement quelque chose de différent entre nous. On se cherchait sans cesse, sans vraiment se dire ce qu'on ressentait. Et pour ne pas mentir, ça m'allait très bien pour l'instant.
Il riait suite à ma réponse avant de m'étouffer dans son torse. Je ne voyais plus la lumière du jour, juste la noirceur de son tee-shirt. Avant que je ne fasse un seul geste, il s'approcha de mon oreille en chuchotant.

-T'es une mytho c'est pour moi que tu t'inquiètes.

Je le poussais et revis la lumière du jour. J'étais décoiffée mais bon, je m'en foutais totalement. En plus j'étais pas vraiment coiffée de base.

AVEC MOI  //PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant