Chapitre 2

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Madame est vêtue d'un long manteau de fourrure animale et monsieur d'un costume de luxe hors de prix. Je déteste ces gens. Ils sont snobs et cruels.

Travis, rentre en dernier. Il porte un blouson en cuir de marque et a plaqué ses cheveux blonds foncés avec du gel. Il en a mis tellement que je me demande si ses cheveux ne sont pas gras.

Il est grand, plutôt costaud, le genre de brute qui fait la loi à l'école.

Il dit bonjour à mes parents et s'approche de moi pour me faire la bise. Je le laisse faire par politesse mais c'est loin d'être un moment de plaisir. Je sens sa main se poser un peu trop bas dans mon dos et son excès de salive sur ma joue.

J'ai la nausée.

J'essuie mon visage discrètement, avant de m'éloigner de ce nuage de parfums de luxe qui me fait tourner la tête.

On s'assoit autour de la table basse et Travis se place en face de moi.

Génial.

Je vais devoir supporter son regard pervers pendant un bon moment.

D'ailleurs, il ne tarde pas à fixer avec insistance mes seins. Je croise alors mes bras pour cacher cette partie de mon corps, extrêmement mal à l'aise.

Il voit que je suis gênée et il ne cache pas son sourire malsain, et sa satisfaction de me voir dans cette situation.

Je le foudroie du regard.

Quel connard.

Papa sert un verre l'alcool à tout le monde sauf à moi. Il ne veut pas que je boive.

J'ai le droit à simple verre d'eau du robinet.

— Alors, James, comment ça avance avec les vampires? Demande monsieur Blake.

— On a encore retrouvé un corps près de la forêt. C'est de plus en plus fréquent. Je pense qu'on devrait préparer une battue.

— De leur côté, ils n'hésiteront pas à envahir la ville s'ils se sentent menacés. Ils l'ont déjà fait, il y a dix ans.

Mon père soupire.

— Je sais, mais Maxon, le chef des Vampires, cherche décidément à prendre le contrôle de la ville. Et pour se faire, il est prêt à vider de leur sang, tous les habitants.

Les adultes ont hoché la tête d'un air grave.

C'est vrai que les vampires tuaient de plus en plus ces derniers temps, ce qui faisait régner un climat d'effroi et d'angoisse au sein même de la ville.

Après de longues conversations ennuyeuses et superficielles, on est passé à table.

— Thalie joue du piano. A lancé maman, comme si elle avait cherché toute la soirée à placer ça dans la conversation.

Madame Blake a posé les yeux sur moi et m'a accordé un regard faussement courtois.

— Formidable.

— Elle sait aussi très bien faire la cuisine, a poursuivi papa.

J'ai failli m'étrangler.

Je rêve où ils sont en train de me vendre en tant que belle-fille idéale?

— Tu fais des études? A demandé monsieur Blake.

Maman ne m'a pas laissé répondre.

— Elle étudie l'histoire à l'université de Lost Hollow, mais elle les arrêtera sûrement quand nous l'aurons mariée.

— C'est vrai que c'est préférable d'avoir une femme à tout moment disponible. A répliqué le père de Travis, sur un ton extrêmement condescendant.

Je suis restée sidérée par ces propos. Toutes les femmes doivent-elles être au service de leur mari?

Je me rendais compte que c'était le destin qu'ils m'avaient prévu et que je n'avais pas les moyens de m'en échapper.

— Et puis, Thalie ne se rebelle jamais. Elle est très docile et facile à vivre. Renchérit papa.

Je sens que je vais exploser.

— En plus elle est plutôt jolie. A ajouté le père de Travis en m'accordant un regard presque pervers.

J'ai rougi, j'ai baissé les yeux et je n'ai rien dit.

Il me dégoûtait autant que son fils.

Je détestais ces gens, je détestais ma vie.

Puis on a sonné à la porte. Heureusement. J'ai pu m'échapper de cette discussion gênante.

— Va ouvrir, Thalie. J'ai demandé à ce qu'on nous livre du pain. A ordonné papa.

Je me suis abstenue de soupirer et je me suis levée avant de me diriger vers la porte d'entrée. J'ai mis quelques secondes avant de réussir à ouvrir la porte et à atteindre le portail qui se situait à plusieurs mètres de la maison.

On vivait dans une grande et belle demeure. Une sorte de prison dorée...

Quand je suis arrivée au portail, je me suis aperçue que le boulanger était remonté dans sa camionnette et reprenait déjà la route.

Je l'avais fait trop attendre.

Je me suis mise à courir après, toujours mes escarpins aux pieds pendant environ trois cents mètres, dans l'espoir de la rattraper avant de me tordre la cheville.

Merde.

Tant pis, on n'aura pas de pain ce soir.

Papa va me tuer et je vais me taper la honte devant les Blake.

Je me rends compte que je me suis éloignée de la maison.

Je décide de couper par le parc pour rentrer. Je gagnerai un peu de temps.

J'enlève mes chaussure et les porte à la main. L'air frais me chatouille mes bras nus. La nuit est déjà bien tombée sur Lost Hollow, et les rues sont maintenant désertes.

Je ne sors jamais la nuit, en temps normal. C'est le moment où les vampires chassent. Les habitants de la ville le savent et c'est pour cela qu'il y a une sorte de couvre-feu proposé par la mairie.

Je frissonne et accélère la marche.

Trois silhouettes apparaissent peu à peu dans l'obscurité, quelques mètres devant moi. Des voix lointaines se font entendre.

Je commence à sentir l'angoisse monter, mais j'essaye rapidement de relativiser.

Ça doit être de simples passants.

Ils se rapprochent de moi peu à peu et je finis par distinguer une fille aux longs cheveux noirs et deux hommes, l'un au long cheveux lisses et blonds, l'autre les cheveux châtains et tatoué sur le cou. Ils sont habillés bizarrement, en quelques sortes à l'ancienne.

Au fur et à mesure que je passe à côté d'eux, je baisse les yeux.

Jusqu'au moment où je me rends compte qu'ils m'ont barré le passage. Une lueur malsaine brille dans leurs yeux et un large sourire vicieux sur chaque visage laisse entrevoir deux canines bien acérées.

Je comprends alors que je me retrouve encerclée par trois vampires.

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