Lost Hollow

Chapitre 16

Il est dix-huit heure.

J'étais passée au centre commercial de Lost Hollow, afin de m'acheter une tenue pour ce soir. J'avais déniché un rouge à lèvres bordeau, une paire de bottines en cuire à talon haut, et un haut noir plutôt serré.

Je cache mes nouvelles affaires sous ma couette, au cas où mes parents rentrent dans ma chambre, et m'empare de mon nouveau rouge à lèvre avant de m'asseoir devant mon miroir. Je l'applique avec une grande précision, et fixe mon reflet.

Je viens de gagner visuellement en âge et assurance. Je fais nettement plus femme, plus forte.

Sauf que maman intervient dans ma chambre.

Je tourne la tête quand elle passe le pas de la porte mais elle aperçoit quand même mon maquillage inhabituel.

Elle pousse un cri et s'approche de moi, en me soutenant le menton et en fixant ma bouche d'un air de dégoût.

— Qu'est-ce que c'est que ça, Thalie? Tonne-t-elle, en m'accordant un regard fortement accusateur.

— Une copine me l'a offert. Je mens.

Maman attrape un coton qu'elle inonde de démaquillant, avant de me le passer sur les lèvres. La couleur de dissout au contact du produit et elle appuie fortement pour qu'il n'en reste plus une trace. Elle me fait un peu mal, mais je ne réagis pas.

Elle m'arrache le rouge à lèvres des mains et le range dans sa poche.

— Tu ressembles à une prostituée, avec. Réplique-y-elle d'un ton extrêmement condescendant, que je n'apprécie guère.

Puis elle s'en va après m'avoir confisqué mon nouvel achat, et me laisse seule avec un sentiment de colère qui me brûle le ventre.

Je la déteste tellement.

Quoiqu'il en soit, elle ne m'empêchera de sortir ce soir.

Après le dîner, je monte rapidement dans ma chambre et enfile mon nouveau haut, que j'habille avec un pantalon en similicuir noir et une ceinture cloutée. J'enfile des créoles et me boucle les cheveux. Je mets mes talons et me poste enfin devant le miroir. J'ai l'air d'une fille totalement différente. Le côté fille sage et gentil a totalement disparu. Un petit côté rebel s'élève en moi.

Je souris.

Je ne voulais plus être la fille que j'avais été, la fille docile et fragile qu'on m'obligeait à être. Je commençais à changer et ça me plaisait.

Une onde d'adrénaline a remué ma poitrine et je me suis sentie puissante pendant un instant, comme si je pouvais tout accomplir, comme si rien ne pouvait m'arrêter.

À vingt-deux heures, alors que mes parents étaient dans leur chambre, je suis descendue au sous-sol et j'ai emprunté la porte de secours.

Je me suis retrouvée enfin dehors.

La fête pouvait commencer.

**

J'arrive au manoir vingt minutes après. La nuit avait déjà bien pointé le bout de son nez.

Quelques vampires sont à l'extérieur, devant l'entrée, et je reconnais Élia.

Il me voit et m'adresse un sourire.

J'avance vers le groupe de vampires et les salue poliment.

Ils ont l'air plutôt agréables avec moi, comme si j'étais maintenant l'une des leurs, parce que j'avais décidé de les aider.

Élia me prend par le bras et me traîne à l'intérieur du manoir.

— Tu nous quitte plus, chérie. Rigole Élia.