Invitation

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Il descendait du wagon, après avoir réglé avec un brillant succès l'affaire du train, lorsqu'il sentit qu'on l'attrapait par l'épaule. Quelle ne fut pas sa surprise (bien dissimulée derrière son air sérieux), quant il vit que l'homme en question n'était autre que Holmes lui-même qui l'abordait avec un sourire enjoué aux lèvres.

-William, (Moriarty tiqua à cette élocution trop familière) j'ai été franchement impressionné, quelle rapidité vous avez et quel esprit de déduction, reprit Sherlock !

-Je vous remercie, je ne mérite pas tous ces compliments, vous êtes trop flatteur.

-Non, je le pense sincèrement, quel dommage que nous ne nous voyions aussi peu souvent ! J'aurais aimé converser avec vous un peu plus longuement, pas seulement dans le cadre d'enquêtes

-En effet, c'est regrettable, mais, voyez vous, je suis extrêmement occupé en ce moment, avec les cours que je donne à l'université et mon installation au manoir.

-Bon, tant pis, j'aurais essayé... Je vous souhaite donc un bon retour chez vous, alors, à bientôt j'espère.

« N'espère pas trop », pensait William intérieurement. « Il faudra que je le tienne à l'oeil, celui là. Il m'a l'air trop curieux, beaucoup trop curieux »

Sur ces pensées pleines de doutes, l'homme continua son chemin, héla un fiacre et s'y installa le plus confortablement possible.

Il observa la gare de King Cross par la fenêtre : de longues volutes de fumée s'échappant des trains venaient embrumer le ciel où dansait des nuées de pigeons, fuyant les rues étouffantes, voletant sur les toits où l'air y était respirable. L'odeur putride qui s'élevait des caniveaux empuantissait la ville à longueur d'année, et plus spécialement les jours d'été où s'ajoutait en plus des effluves puissantes, une chaleur écrasante.

Par chance, aujourd'hui, il faisait froid : de la vapeur se formait des bouches quand on parlait et les naseaux des chevaux en crachaient incessamment.

Le fiacre sortit enfin de la ville pour traverser quelques campagnes boisées où des champs cultivés s'étendaient entre les parcelles de forêt. Le manoir de Durham se profilait à l'horizon et grossissait à mesure que les chevaux se rapprochaient.

Le fiacre s'arrêta, Moriarty en descendit. Lorsque qu'il entrat dans la belle demeure, la voix de son frère s'éleva du salon :

-William, tu as du courrier, apparemment, ce serait ce Sherlock !

Le jeune homme, surpris, entra rapidement dans ledit salon ; les murs, tapissés de livres, le parquet ciré et les grandes fenêtres ouvragées donnaient à cette pièce une chaleur et une luminosité qui la rendait très agréable.

Albert se tenait assis à un bureau en bois d'acajou, une pile de papiers devant lui.

-Je ne l'ai pas encore ouverte, reprit-il, je voulais d'abord te demander ton avis à propos de ce Holmes, il me semblait intelligent et dangereux.

-Tu as raison, il vaut mieux faire attention à lui, on ne sait jamais. Bon (attrapant la lettre) voyons ce qu'il me veut.

Moriarty décacheta l'enveloppe et en sortit un papier qui contenait les lignes suivantes :

« Cher Moriarty,

Veuillez m'excuser de vous paraître quelque peu intrusif, mais j'insisterai pour vous inviter chez moi, ce soir à 20h, à dîner. J'ai également entendu dire que vous jouiez du piano à merveille, moi-même jouant du violon depuis ma plus tendre enfance, il me serait très agréable de pratiquer avec vous. Il me semblait que se serait une bonne idée.

Ne vous inquiétez de rien, l'ami avec qui je partage mon logement possède un piano, ainsi, je n'aurais pas à vous imposer ma présence chez vous.

Mes salutations distinguées,

Sherlock Holmes »

-Tiens, il m'invite à diner chez lui. Mmm... Je pense que je devrais y aller, cela me permettra d'en savoir plus sur lui. Qu'en penses-tu Albert ?

-En effet, mieux vaut-il en savoir plus sur son adversaire. Mais, méfie toi, c'est peut être un piège.

-Je ne pense pas, quand bien même il se douterait de quelque chose, il n'a aucune preuve contre nous, il ne peut rien faire.

Sur ces mots, le (magnifique) jeune lord montât dans sa chambre se préparer pour cette fameuse soirée. Lorsqu'il redescendit, il était vêtu d'un costume noir et chemise blanche agrémentée d'une cravate verte olive. Il prit son haut de forme, son pardessus et sortit.

Moriarty x SherlockWhere stories live. Discover now