La soirée

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Il arriva exactement à l'heure devant le petit immeuble dans lequel Sherlock et Watson résidaient. Moriarty sonna à la porte et se fut Mlle Hudson qui lui ouvrit :

- Vous désirez ? Questionna la femme dont le teint de porcelaine faisait ressortir ses yeux noisette.

- Je suis M. Moriarty, je viens voir M. Holmes, répondit William, je suis attendu.

- Oui, en effet, veuillez m'excuser, je vous fais monter tout de suite, bafouilla Hudson.

L'intérieur du bâtiment était sombre, mais propre. Ils montèrent deux étages pour arriver devant un petit palier.

Miss Hudson toqua doucement à la porte tout en annonçant le visiteur :

- Sherlock, votre invité est arrivé.

- Fais le entrer, j'arrive tout de suite, répondit une voix étouffée à travers le bois de la porte.

Alors, la jeune femme sortit son trousseau et ouvrit. Moriarty la remercia d'un sourire (très charmant) et entra. La pièce dans laquelle il se trouvait était spacieuse, quoique encombrée par des meubles, placés à des endroits plus ou moins saugrenu : un buffet bloquait une porte, une armoire adossée à une table... Un visage émergeat soudainement d'entre deux piles de livres aux couvertures tachées. Sherlock, car c'était bien lui, s'avança vers William pour lui serrer la main :

- Veuillez m'excuser pour le désordre ambiant, je viens d'emménager et je n'ai pas encore eut de moment à moi pour ranger. Les affaires pour lesquelles on me sollicite me prenne tout mon temps, commença-t-il en tendant une main fine et grande, mais bienvenu tout de même !

-Je ne vous en veux pas, moi-même j'ai emménagé dans la région il y a peu.

Sherlock était un jeune homme grand, mince et athlétique. Il avait des cheveux noirs en bataille et un visage aux traits fins, sa mâchoire était bien dessinée et un sourire charmeur parait son visage.

Moriarty, quand à lui, était blond, et des mèches de sa chevelure lui retombaient parfois sur les yeux, ce qui lui donnait un air tout à fait irrésistible. La couleur si particulière de ces derniers attirait l'attention, sans pour autant éclipser sa beauté, ils étaient en effet rouge profond ; il avait un corps et un visage sans défaut.

-Je vous propose de passer à table, si vous voulez bien, vous semblez affamé, reprit Sherlock !

-Avec grand plaisir, j'ai hâte que vous me parliez de vos enquêtes, savez-vous que l'on ne parle plus que de vous dans les soirées mondaines, en ce moment ?

Sur ce, ils se mirent à table tout en continuant à converser. Le dîner fut bientôt servi, et ils commencèrent à manger. Le courant passait bien entre eux ; Moriarty se détendit, et devint plus souriant, ils étaient d'intelligence égale. Il eut un pincement au coeur en pensant qu'ils seraient probablement les pires ennemis, mais il préféra, pour la première fois depuis longtemps, chasser ses soucis et tracas pour faire place au bien-être. William avait désormais un air épanoui sur le visage.

De son côté, Holmes (et non Holsme, n'est ce pas, J.), se réjouissait de voir ce sourire si rare sur le visage d'ordinaire sérieux de Moriarty. Il avait tout d'abord craint que l'ambiance ne fut tendue, mais au contraire, au fur et à mesure que la soirée avançait, on pouvait entendre plus fréquemment des éclats de rire jaillir. Sherlock, lui aussi chassa ses doutes, et apprécia pleinement ses conversations animées, regrettant de ne pas avoir osé inviter ce délicieux personnage plus tôt.

Enfin, le repas fut terminé, les verres vidés, les assiettes débarrassées, Sherlock prit la parole le premier :

-Il est l'heure de voir ce que vous valez, si ce que m'ont racontés ces flatteurs est vrai : passons au salon de musique, je vous prie !

-Avec grand plaisir, j'espère ne pas trop vous décevoir mon cher !

Ils se dirigèrent donc vers une petite pièce attenante où un beau piano demi-queue se dressait, imposant sa solennité aux deux mélomanes. Dans un coin de la pièce, posé sur un tabouret haut, un étui en bois foncé ouvert contenait un Stradivarius ancien, aux lignes pures et à la couleur caramel.

Sherlock s'en approcha et le saisit délicatement entre son menton et son épaule tandis que Moriarty prenait place devant le Pleyel, posant ses longs doigts blancs sur les touches d'ivoire véritable.

-Que jouons-nous, questionna le pianiste ?

-Que dirais-tu du troisième mouvement de la sonate à la lune pour commencer ?

Le tutoiement avait fusé, naturellement.

Alors, du piano s'élevèrent des notes mélodieuses mais tonique qui composaient l'introduction de cette oeuvre. Presque aussitôt, du violon jaillirent, tel un torrent vigoureux, les croches, les tierces et les arpèges, parfaitement accordées à celles du Pleyel.

On n'entendait plus que la musique, les artistes plongés dans une sorte de transe, le tableau était ensorcelant. La sonate se prolongeat pour enfin s'achever sur un accord plaqué sur le piano.

Le visage de Moriarty était caché en partie par quelques mèches rebelles, et celui de Sherlock non plus n'était épargné par ses beaux cheveux noirs, quoique ça leur donnaient un air vraiment séduisant. Ils se regardèrent et sourirent puis éclatèrent de rire devant leur air ébouriffé.

Au fond d'eux, Moriarty comme Sherlock ressentaient quelque chose de nouveau, qu'ils ne voulaient peut être pas admettre.

Mais, nous allons laisser cela de côté pour le moment, voulez-vous chers lecteurs ?

Ils se séparèrent et Moriarty reprit son air sérieux, quittant cet endroit chaleureux, reprenant son combat ardu, reprenant ses doutes, reprenant ses problèmes.

Moriarty x SherlockWhere stories live. Discover now