Chapitre 6 II

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  La présence de Tom chez lui l'affectait profondément. Mais il sentait qu'il ne serait à son aise que lorsqu'il leur aurait offert quelque chose, se rendant vaguement compte que c'était pour cela qu'ils étaient venus. M. Sloane ne désirait rien. Une citronnade ? Non merci. Un peu de champagne ? Rien du tout, mer-ci... Je regrette.

– Vous avez fait une bonne promenade ?

– Les routes sont excellentes par ici.

– Je suppose que les autos...

– Ouais.

  Poussé par une force irrésistible, Gatsby se tourna vers Tom, qui s'était laissé présenter à lui en inconnu.

– Je crois que nous nous sommes déjà rencontrés quelque part, monsieur Buchanan.

– Ah ! oui ? fit Tom, poli, mais renfrogné, et qui visiblement ne se rappelait rien de pareil. Oui, c'est vrai. Je m'en souviens parfaitement.

– Il y a deux semaines environ.

– C'est cela. Vous étiez ici avec Nick.

Je connais votre femme, continua Gatsby, presque agressif.

– Ah ! oui ?

Tom se tourna vers moi :

– Tu demeures par ici, Nick ?

– À côté.

– Ah ! oui ?

  M. Sloane ne prenait pas part à la conversation : hautain, il se renversait sur sa chaise ; la femme ne disait rien du tout, mais, ô surprise, elle montra de la cordialité après le deuxième whisky-soda.

– Nous viendrons tous à votre prochaine fête, monsieur Gatsby, proposa-t-elle. Qu'en dites-vous ?

– Mais certainement ; je serai enchanté de vous recevoir.

– Ça sera très gentil, fit M. Sloane, sans gratitude. Allons, je crois qu'il serait temps de rentrer.

– Pourquoi cette hâte ?

  Gatsby insistait. Il s'était ressaisi. Il voulait voir Tom plus longuement. Il ajouta :

– Pourquoi ne... pourquoi ne resteriez-vous pas dîner ? Ce-la ne m'étonnerait pas que d'autres personnes arrivent de New-York.

– C'est vous qui allez venir souper avec moi, fit la dame avec enthousiasme, tous les deux.

  L'invitation s'étendait à moi. M. Sloane se remit sur ses pieds.

– Allons, venez, dit-il.

  Mais il ne s'adressait qu'à elle.

– C'est sérieux, insista-t-elle. Cela me ferait grand plaisir. Grandement la place.

  Gatsby m'interrogea du regard. Il désirait accepter, il ne s'apercevait pas que M. Sloane avait décidé qu'il ne viendrait point.

– Je crains de ne pouvoir vous accompagner, fis-je.

– Alors, vous venez, vous, insista la dame, se concentrant sur Gatsby.

  M. Sloane murmura quelque chose contre son oreille.

– Mais nous ne serons pas en retard si nous partons tout de suite, insista-t-elle à voix haute.

– Je n'ai pas de cheval, dit Gatsby. Je montais à cheval quand j'étais dans l'armée, mais je n'ai jamais acheté de cheval. Il faudra que je vous suive en auto. Excusez-moi une toute petite minute.

Gatsby le magnifiqueWhere stories live. Discover now