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Nous nous sommes montés sur scène avec une motivation déchirante. Des tonnerres d'applaudissements vibraient la salle. Nous avons tout donné pour épater le public. Et c'était le cas. Je me suis sentie comme une super star. Les gens ne cessaient de me regarder. Ils me regardaient comme si ils voulaient me demander de tatouer ma signature sur eux. J'étais fière de vaincre ma timidité et de tout donner. Nous devrions attendre les résultats. C'était pour le lendemain. J'ai profité pour discuter avec une nouvelle amie que l'un de mes pères m'avait suggéré. Elle s'appelait Danielle et elle était mignonne. Elle était une naine en plus. Je l'aimais bien. La majeure partie de mon temps, je l'ai passée avec elle. Edoualda était jalouse mais je lui ai dit que c'était seulement pour un week-end. C'était pas comme si j'allais passer le reste de ma vie là bas. Je continuais à ignorer Ehaël complètement. Il était comme un inconnu pour moi. Il avait fait de nouvelles amies, des capoises que je ne supportais pas. Je ne savais pas pourquoi. Il était leur comédien. Elles étaient folles de ses blagues débiles. Le lendemain, après la messe du dimanche, les juges ont fini par avouer les résultats. Pour la dance, Jacmel avait la 3ème place. Et pour le théâtre, nous avons eu la première place. Nous étions champions des champions. C'était ma première pièce de théâtre, la première fois où j'ai participé à un concours en plus. J'avais respecté toutes les consignes lors de la rédaction de cette pièce, c'était l'une des raisons pour lesquelles nous étions les premiers. J'étais heureuse! Nous sommes allés prendre les médailles et le trophée. Tout le monde nous félicitait. C'était charmant. Ehaël était venu me féliciter. Je faisais semblant d'apprécier. Il a remarqué et m'a dit que c'était grâce à lui que nous avons pu gagner. Je savais que c'était une provocation. Je n'ai pas répliqué. Je l'ai juste lancé un sourire et je lui ai dit merci tout en lui caressant le visage. J'ai tourné mes talons. Il a pris ma main, il m'a forcé à le regarder dans les yeux. Je n'ai pas voulu, je n'ai pas pu pour être franche. Et il le savait. Il me secouait, j'étais restée tête baissée. Il me soulevait le menton.
-Tu ne veux vraiment pas revenir sur ta décision?
-Quelle décision monsieur Jean Louis?
-Concernant notre relation. Toi et moi.
-Nous avons une relation toi et moi? Depuis quand? Ah oui! Nous sommes camarades de classe. J'allais oublier si t'étais dans ma promotion.
-Arrête. Tu joues mal. Réponds moi. Sinon je vais te faire du mal.
-Tu m'as déjà fait du mal. Ce serait pas nouveau. Tu me lâches sinon je vais appeler les secours.
-Réponds juste à ma question.
-Non je ne vais pas revenir là dessus. Pourquoi le ferais je de toute façon ?
-Parce que je t'aime! Je ne peux pas vivre sans toi. Tu es ma raison de vivre. Je dois te le prouver comment?
J'avais de la rage. Je l'ai poussé et je me suis enfouie. J'étais en larmes mais ces larmes étaient invisibles. Ses mots m'ont poignardé, il y avait du sang qui coulait le long de mon corps mais personne pouvait le voir. Le bus était là, j'ai profité pour y prendre place. Tout le monde chantait de joie dans le bus sauf moi. Tout le monde était heureux sauf moi. Il a tout gâché. Il ne faisait que me torturer. Il était la source de mon malheur. A une époque, entendre son nom suffisait pour me donner le sourire. Quel changement. Nous sommes rentrés à Jacmel. Le lendemain dans le mot du jour, la soeur a annoncé la bonne nouvelle aux autres. Elle nous a présenté. J'étais contente de voir comment toute l'école était en joie. Le trophée décorait la direction de l'école. La direction en avait besoin. La période des examens blancs et officiels était proche. Je travaillais les maths avec Naphtalie, elle m'avait demandé de l'aider puisque j'étais calée en maths. Elle n'était plus vraiment mon amie. Elle était devenue l'amie de Jessica. J'étais vraiment seule en 9ème. Je n'avais aucun problème, ce qui m'importait le plus c'était de réussir à franchir cette étape et aller en secondaire. C'était le plus important. Après les examens, je savais déjà que j'allais réussir. Je savais ce que j'ai semé donc je n'avais aucune raison de m'inquiéter. J'ai travaillé pour réussir. Les résultats sont affichés, toute la classe a réussi. Nous avons donné 100%. La direction était fière de nous. Soeur Émilienne surtout! C'était sa dernière année et elle est partie avec une satisfaction méritée. Elle a travaillé dur pour ça. J'ai apprécié cette année scolaire, j'étais devenue populaire grâce au volley-ball et au théâtre. Les vacances de cette année étaient différentes. J'ai participé dans beaucoup d'activités. J'ai intégré un groupe de jeunes à l'école, CACH. Soeur Carolle était l'accompagnatrice de ce groupe. Ce groupe m'a beaucoup aidé. Soeur Carolle était devenue comme une mère pour moi. Elle me donnait toujours de bons conseils, elle était toujours prête à m'écouter. C'est là que j'ai commencé à être l'amie des soeurs. J'ai intégré ce groupe suite à un match de volley-ball. J'ai menti à ma mère en lui disant que j'étais invitée à venir célébrer notre victoire. Cependant, il n'y avait pas de victoire ce jour là. C'était match nul. En plus j'étais sur le banc des remplaçants, je n'avais pas le temps de jouer. C'était pour la fête de l'école. Les élèves de philo avaient organisé un programme. Pendant les vacances aussi, j'allais au basket ball. Mon professeur de sport m'avait invité. Là encore j'ai menti à ma mère en disant que c'était obligatoire. Je n'ai pas regretté d'avoir menti dans ces deux cas. Le mensonge n'est pas toujours mauvais. Ces vacances étaient formidables grâce à CACH(Citoyens Actifs pour Construire Haïti) et le basket. Mon esprit était toujours occupé. Je n'avais pas de temps pour réfléchir trop à mon ancienne relation. J'ai tourné la page et je me sentais soulagée!

BriséeWhere stories live. Discover now