II - Chapitre 8

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Savannah


Après une matinée entre yoga, méditation et recherche profonde de pouvoir magique, Charlie et Lizzy me conduisirent chez Alec. Comme les fois précédentes, je portais un bandeau quelque peu particulier car il ne bloquait pas uniquement ma vue mais tous mes sens de Soleil. Il y avait des mois de cela, nous nous étions tous mis d'accord sur le fait que je ne devais pas avoir connaissance de l'emplacement exact du repère. Si jamais une de mes missions tournaient mal, personne ne pouvait savoir à quelle genre de torture je pourrais avoir à faire face et la possibilité que je cédasse n'était pas inexistante. Contrairement à la ferme de Lizzy, le repère d'Alec n'avait pas sa propre escouade de protection veillant sur des kilomètres d'alentour. De plus, il n'était pas question de deux personnes, mais de plusieurs centaines.

Ma meilleure amie m'aida à sortir de la voiture et me guida jusqu'au bâtiment en question. Après une vérification par caméra, qui était très subtilement cachée sans le moindre doute, nous fûmes autorisés à entrer. Dès lors, on m'ôta le bandeau du visage. Retrouver simultanément l'usage de mes sens étaient toujours une expérience déroutante. Ce qui me marquait toujours en premier était l'atroce odeur d'humidité et de moisi. Après cela, mes yeux prenaient peut-être une seconde à s'acclimater à la très faible luminosité du long couloir qui s'étendait devant moi. Il n'avait pas beaucoup changé depuis ma dernière visite. De vieux cartons traînaient sur les côtés, de plus en plus ensevelis sous la poussière, la peinture écaillées cachaient un peu moins la pourriture du mur en dessous et de l'eau continuait de goutter d'un coin de plafond. Absolument tout dans ce couloir vous criait que cet endroit était abandonné et vous donnait envie de faire demi-tour. Seulement nous, nous savions ce qu'il se trouvait de l'autre côté.

Une main sur mon nez et ma bouche, je m'empressai de traverser le couloir, suivie de Lizzy et Charlie. Nous atteignîmes rapidement la porte du fond, ayant l'air complètement condamnée, et j'utilisai ma psychokinésie pour l'ouvrir. Une chaude lumière se répandit autour de nous et le doux son des voix et des rires nous parvint, encore quelques pas plus loin. La salle commune était remplie. Les canapés du coin bibliothèque n'avaient plus aucune place de libres, les tables où les enfants jouaient aux cartes ou travaillaient semblaient toutes aussi prises, une dizaine d'enfants étaient agglutinés derrière chaque tablettes et les consoles de jeux paraissaient non loin de la surchauffe. Cette pièce était chaleureuse et donnait simplement envie de sourire.

– Savannah !

Je me tournai pour voir Alec descendre avec précipitation l'escalier qui menait à l'étage. Je marchai rapidement à sa rencontre et le pris dans mes bras de toutes mes forces. Son étreinte était également émouvante. Je mentirais si je disais que ses boucles blondes et ses yeux verts ne me manquaient pas plus souvent que je ne voulais bien l'admettre.

– Je ne savais pas que tu venais ! s'exclama-t-il en reculant.

– Surprise ! rétorquai-je avec un grand sourire.

Alec était absolument rayonnant. Il était vrai que je le voyais pour la toute première avec quelque chose qui ressemblait à des cernes mais ce n'était rien comparé à la passion et le bonheur qui l'envahissait. Il réalisait son plus grand rêve.

– Je suis tellement content de vous voir ! fit-il également à Lizzy et Charlie. Tout se passe bien à la ferme ?

– La récolte a été très bonne, répondit Lizzy.

Voilà encore une chose que je n'aurais jamais pensé entendre sortir de sa bouche.

– On vous a amené quelques paniers.

Je remarquai en effet pour la première les quatre paniers remplis à ras-bord de légumes et fruits qu'ils portaient depuis que nous étions arrivés. Le visage d'Alec s'illumina.

Fille du Ciel [FDS tome 3]Where stories live. Discover now