Chapitre 11 : Valse autrichienne ?

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Le pas traînant, Claudie Van Der Beck quitta l'enceinte de cet aéroport qu'elle commençait à bien connaître. La fatigue marquait sa peau trajet après trajet. Canada. Belgique. Lieu X pour un Grand Prix. Canada. Belgique. Encore et encore.

Ses parents l'attendaient sagement sur le parking. Comme à chaque fois. Elle se glissa dans la voiture, sans un mot. Son père ne démarra pas. Elle mit quelques secondes avant de jeter un regard vers le siège avant. Leurs regards se croisèrent dans le retro intérieur. Un vent glacial lui serra les entrailles. Qui y'avait ?Claude ? Sa mère fut la première à prendre la parole.


- On ne va pas à l'hôpital ma chérie. Ton père et moi t'avons réservé une chambre d'hôtel, il faut que tu dormes.


- NON !


La réponse ne passa même pas par ses pensées avant d'arriver.Hors de question. Sa place était auprès de son frère. Pas ailleurs. Dormir ? Drôle d'idée. Qu'elle soit sur un siège à l'hôpital ou sur un lit dans une suite, elle ne fermerait pas l'oeil. Ses parents échangèrent un regard. Comme toujours, son père resta muet. Sa mère quant à elle se tourna vers elle, elle la considéra quelques instants avant de lui tendre une carte magnétique. La pilote prit l'objet.


- Si jamais tu changes d'avis.


La voiture quitta enfin le parking.


*

Le Beau aux bois dormants. Pas d'évolution. Claude dormait toujours. Cette vision lui donnait toujours plusieurs impressions paradoxales. Il semblait aussi apaisé que malade. Pale mais calme.Un troublant mélange.

Comme souvent, elle décida de lui parler. Comme elle l'aurait fait à la cantine du circuit à l'époque où ils roulaient tous les deux pour Mclaren. Elle lui raconta les nouvelles du paddock. Sans grande conviction. Cet univers la perdait peu à peu. Sans son jumeau, le monde automobile la laissait de marbre. Elle ne ressentait plus le même frisson d'excitation en sautant dans sa Formule 1. Non. Le cœur n'y était plus. Elle commença avec lui. Impossible de continuer sans lui.


*

Raymond Cassel n'était pas dupe. Son fils lui en voulait. Cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient pas pris le petit déjeuner ensemble. Pourtant Rocco ne lui adressait pas un regard. L'adolescent venant tout juste de fêter ses quinze ans restait fixé sur son bol de céréales.


- Bon fiston, va falloir m'dire c'qui va pas là.


Réaction instantanée. Le plus jeune des deux québécois tapa du poing sur la table. Le paternel parvint enfin à capter l'oeil bleuté de sa progéniture.


- Tu veux j'te dise ? Really ? T'avais promis dad. T'avais promis la F1 c'tait done. Pis là tu rempiles juste comme ça là. J'ai les glandes !


Le pilote ne dit rien. Il se contenta de se lever de table puis quitta la pièce avant de revenir quelques instants plus tard vêtu de sa doudoune, ses clés de voiture à la main.


- Let's go.


*

Pilotes d'expérience / Formule 1 (Terminé)Where stories live. Discover now