➣ 𝒓𝒆́𝒎𝒊𝒏𝒊𝒔𝒄𝒆𝒏𝒄𝒆

124 14 53
                                    

RÉMINISCENCE 1

mars 1935, florence, italie

POUR RIEN AU MONDE il ne lâcherait la main de sa mère. Le peu de chaleur qu'elle dégageait lui permettait de se sentir en sécurité dans ce monde inconnu qu'il découvrait alors que pour la première fois depuis sa naissance, il quittait la demeure familiale romaine, construite sur les flans du Palatin. August Regilis semblait un chaton apeuré s'accrochant avec tout ce qu'il avait à sa mère, unique figure d'affection et d'autorité qu'il avait pu connaître. Car ce n'était pas son père éternellement absent qui aurait pu remplir ce rôle.

Il n'avait pas été impressionné lorsqu'il avait franchi la porte à la suite de la noble Livia Regilis, splendide femme à la chevelure couleur des blés, vêtue d'une robe sombre épousant parfaitement les formes de son corps. Après tout, la demeure dans laquelle il venait de pénétrer n'avait rien de comparable avec la Majesté du palais Regilis, malgré sa grandeur qui pouvait se distinguer depuis la cour intérieur de laquelle il foulait le pavé.

Mais ne pas être impressionné ne signifiait pas être rassuré. Aussi, le petit garçon ne lâcha pas la main de sa mère, il resserra même l'emprise sur cette dernier ce qui eu pour effet de faire souffler Livia.

- Un peu de tenue, August. Il est hors de question que les Alfieri pensent que notre héritier est faible.

Le regard dédaigneux qu'elle lui avait lancé lui ôta toute envie de baisser la tête. Mais il sine suffit pas à lui faire lâcher la main. Quelques minutes plus tard, après qu'un elfe de maison soit parti les annoncer, une jolie femme brune, habillée dans une robe florale visiblement confectionnée par un tailleur Non-Maj tant elle était simple comparée à la tenue de Livia, apparut au sommet d'une des quatre cages d'escaliers montant à l'étage supérieur de la maison.

- Ah, madonna Regilis, quel plaisir de vous voir !

Elle semblait joviale, sincèrement. Son sourire chaleureux respirait une véritable joie de recevoir du monde dans sa belle demeure. Un sourire qui n'avait rien à voir avec celui de Livia, faux et hypocrite.

- Le plaisir est pour moi, madame Alfieri. Votre mari est là ?

- Bien sûr, il va nous rejoindre dans quelques instants au grand salon. Si vous voulez bien me suivre.

Livia tira alors sur la main de son fils, l'entraînant à sa suite. Son sourire avait disparu aussitôt que la maîtresse de maison avait tourné le dos. Comment osait-elle s'adresser ainsi à une sorcière aussi puissante que Livia Regilis, elle qui n'était qu'une Non-Maj idiote qui n'avait pas sa place ici ? Elle n'avait pas besoin de prononcer ces mots. August avait compris tout ce qu'elle pensait d'un simple regard.

Maria di Alfieri se retourna alors, posant ses beaux yeux bleus sur la petite tête légèrement perdu d'August qui se cacha derrière les jambes de sa mère, par réflexe.

- Nous allons discuter d'affaire d'adultes, peut-être vaudrait-Il mieux que vous fils reste s'amuser dans le jardin...

- Il est hors de question que je laisse mon fils seul dans cette... commença t-elle avec une voix remplie de dégoût.

Elle contint son emportement et après une grande inspiration, reprit sur un ton plus modéré.

- Cette immense demeure où il pourrait se perdre.

- Ne vous en faites pas, il peut aller jouer avec mon fils Lorenzo. Ils ont le même âge si je ne me trompe pas. Je vais l'appeler.

Maria dut crier plusieurs fois le prénom de son fils aîné avant que celui ci décide enfin à apparaître en haut des escaliers. August s'extirpa lentement de sa cachette improvisée pour apercevoir celui avec lequel on le condamnait à jouer alors qu'on le séparait de sa mère adorée. Si August avait été habillé par Livia de manière à bien témoigner de son rang social, le garçonnet qui se présentait à lui n'avait rien d'un héritier de famille de sorcier noble. Il portait une chemise toute froissée et un short sombre laissant apparaître ses genoux écorchés. August reconnut les mêmes yeux que Maria qui le fixait avec une honnête bienveillance.

La séparation fut difficile mais le regard noir que Livia accorda à son fils lui fit bien comprendre qu'il n'avait pas intérêt à piquer une crise. Alors August la laissa s'éloigner, partir loin de lui et laissant au milieu de cette cour vide, seul... Enfin presque.

Ledit Lorenzo lui faisait face, silencieux pour le moment. Il semblait le juger de la tête aux pieds et August ne put parvenir à garder la tête haute face à ce garçon au regard rempli de confiance en lui qu'il n'avait pas.

- Tu t'appelles August, c'est ça ? Moi c'est Lorenzo, se présenta t-il avec un sourire qui se voulait rassurant.

Le blond ne répondit pas et se contenta de fixer ses pieds cachés dans ses beaux souliers cirés.

- Tu veux venir jouer dans le jardin ? Notre elfe de maison sait fabriquer de très jolis feux d'artifices.

- Maman dit que je ne dois pas jouer avec des inconnus.

August n'avait rien trouvé de mieux que de citer les paroles de sa mère. Sa mère, encore sa mère, comme si elle était la seule personne vivant dans son monde. Il avait pourtant des frères et sœurs et un cousin « batard » comme l'appelait Livia. Mais rien n'y faisait, il ne pouvait se détacher de la figure maternelle qui l'avait vu grandir.

- Oh... Et bien, il nous suffit de devenir amis. Nous ne serons plus des inconnus l'un pour l'autre dans ce cas, qu'est-ce que tu en dis ?

Lorenzo tendît sa main à ce petit garçon apeuré qu'il voulait simplement mettre en confiance et rassurer. August leva les yeux vers cette main tendue qui n'attendait qu'à être saisie. Il était trop jeune pour comprendre tout ce que cela représentait mais il eu cependant une lueur de lucidité. Il vit pendant un instant en cet enfant qui lui souriait un échappatoire, un moyen de lâcher prise, malgré tous les propos blessants que sa mère avait pu tenir à l'encontre de la famille Alfieri. Parce que pour le gamin qu'il était, ce n'était que des noms.

Et August attrapa là mains de Lorenzo, sans pour autant sourire, mais il la saisit. Et alors, il se laissa entraîner par le petit brun, oubliant momentanément l'ombre de sa terrible mère qui planait au dessus de lui.

 Et alors, il se laissa entraîner par le petit brun, oubliant momentanément l'ombre de sa terrible mère qui planait au dessus de lui

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
WINTER'S SONG ━━ ʷᶤᶻᵃʳᵈᶤᶰᵍ ʷᵒʳˡᵈOù les histoires vivent. Découvrez maintenant