1. Lana

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Le bruit des vagues, qui s'échouent sur la plage, provoque un sentiment de bien-être en moi. On se calme, notre respiration saccadée se cale sur la douceur des vagues. Notre esprit divague dans les horizons, face à un petit début de lever de soleil. Quatre heures du matin et je suis déjà assise sur le sable! Comme au bon vieux temps...

Depuis maintenant trois ans, je viens sur cette plage et je respire l'air frais pour vider tous les sentiments qui ont réussi à s'insinuer dans mon âme. Dans mon être. Chaque jour, depuis 1095 jours, je viens. Plus une seule larme n'a quitté mon corps depuis ces temps-là, elles n'ont plus quitté mon corps durant la journée du moins. En fait, j'ai essayé de faire mon possible pour rester forte et ne pas avoir les yeux bouffis à longueur de temps. Seules les éclaboussures - de l'explosion de la vague sur le sable doux - sont mes larmes cachées. Elles ont quitté mon corps quand elle a quitté ma vie, mon entourage. Un changement brutal a pris possession en moi. Les pluies d'étoiles sont devenues mes larmes la nuit, empêchant ainsi mon sommeil.

Trois jours sous le choc. Trois semaines de lamentations, de pleurs. Trois mois de vide intérieur. Trois ans de manque de confiance en soi, aux autres. Voilà à quoi s'est résumé ma vie quand elle est partie en cendres.

Mon cœur n'a rien supporté, mon âme d'ange a quitté mon corps pour rejoindre le sien. C'est bizarre mais c'est ce que j'ai ressenti à ce moment-là. Le temps passé sans elle est une vraie torture, une punition de mes actes. Jamais je ne pourrais m'excuser, lui dire que je l'aimais comme ma sœur. Sauf qu'en fait, je ferai tout ça pour quelqu'un qui ne le mérite pas.

Parfois, je nous revois, lorsque nous étions très jeunes, jouer dans le sable à faire des montagnes et des châteaux. Après ça, nous courrions toujours main dans la main pour sauter dans l'eau de l'océan Atlantique Nord. Nos brassards nous maintenaient hors de l'eau quand nous ne savions pas nager. C'était le bon temps avant tout...

Quand les maîtres nageurs commencent très doucement à installer leurs affaires avant l'arrivée massive d'être humain dans seulement trois bonnes heures, c'est le signal pour moi de partir définitivement. De retourner chez moi et de finir mes affaires avant l'heure du départ, avant le départ pour une nouvelle vie. Alors je me relève, du sable est accroché à mon short de salopette en jean. Je le frotte énergiquement avant de regarder une dernière fois la mer et de tourner les talons. Laissant derrière moi, mes souvenirs et mon esprit à tout jamais. Heureusement, lorsque je sors de la plage, l'immeuble de mes parents se trouve juste en face. C'est pourquoi je ne prends jamais la peine d'enfiler mes chaussures, cela évite de les salir avec le sable et l'eau qui s'accrocheront au tissu. Un dernier regard vers l'horizon avant de tourner le dos une bonne fois pour toutes, un dernier regard pour une dernière vie à Miami. Ensuite, cette vue sera remplacée par les maisons simples de Charlotte, en Caroline du Nord.

Marchant à mon aise, je pense encore à tout ce que je dois faire avant de prendre l'avion. Ma valise est à moitié faite, mon sac à main pour l'avion n'est pas encore prêt. Il faut aussi que je fasse attention à ne pas mettre de liquide dans celui-ci.

Rien n'est prêt en faite parce que je n'arrive pas à tourner la page !

Quand j'entre dans le bâtiment, la secrétaire me salue d'un sourire chaleureux auquel je réponds par un bref signe de main. Cette femme est vraiment gentille mais elle se mêle trop de ce qui ne lui regarde pas. L'ascenseur ouvre ses portes au moment où j'arrive en face, me décalant sur le côté pour laisser passer un couple. Ils me saluent d'un hochement de tête auquel je réponds encore par un signe de main. Et avant que l'ascenseur ne ferme ses portes, je m'engouffre à l'intérieur et appuie sur le bouton du cinquième étage. La montée est assez longue mais le calme est fort apaisant. Très réconfortant. C'est devenu un ami qui me comprend et qui connaît mes idées et mes principes. Lorsque le bruit de l'ascenseur retentit m'annonçant l'arrivée au bon étage, je sors et me dirige vers la toute dernière porte d'appartement. À cette heure-ci tout le monde dort encore sauf chez moi.

An endless fightWhere stories live. Discover now