20. Ethan

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Ce week-end est passé à une vitesse folle, je n'ai pas vu la journée de samedi passée et encore moins celle de dimanche parce que je me suis réveillé beaucoup trop tard mais aussi à cause de mes travaux pour les cours. Ils ne sont pas à rendre tout de suite mais j'ai préféré prendre l'avance, malgré la belle gueule bois. Et puis, sans que Lana ne le sache, j'ai profité de la chaleur de son corps contre le mien pendant un bon bout de temps. Ça faisait vraiment du bien d'avoir quelqu'un de paisible à ses côtés. Ça a empêché le temps d'une nuit les souvenirs de revenir. Le souvenir de l'annonce de mon frère, le souvenir du corps de Lana dansant contre d'autres. Du regard des autres garçons sur son corps. La seule chose que je n'ai pas oubliée, c'est ce qui s'est passé avant que l'on s'endorme dans les bras l'un de l'autre.

Ce baiser est celui qui hante mes rêves depuis que j'avais posé brièvement mes lèvres sur les siennes, depuis la fois où elle ne s'était pas senti bien. Il y a eu tellement de fois où j'aurais aimé l'embrasser. Connaître son goût. Toucher sa langue. Embrasser ses lèvres. Toutes ces choses, j'en rêvais et je les ai eu. Cette nuit, notre baiser m'a hantée et j'en voulais de nouveau encore plus. Comment est-ce possible qu'une fille à la fois simple et complexe puisse me retourner la tête ? Jamais je n'avais eu ça auparavant. J'ai toujours baisé, embrassé et puis, jeté sans sentiment. Mais avec Lana, c'est différent. Tout est différent.

Depuis que mes yeux ont rencontré les siens, ma façon de voir les choses et de les penser a radicalement changé. Je ne perçois plus ma passion pour la lecture et l'écriture comme un secret à absolument garder. Je ne pense plus à avoir un plan cul. J'arrive à ressentir des émotions, comme mes parents et mes aînés ont essayé de me faire ressentir. Je pense que ma mère serait heureuse d'apprendre ce genre de chose. Elle serait même capable de faire un dîner pour réunir ses enfants et leur apprendre la bonne nouvelle. Parfois, il m'arrive d'avoir honte de ma famille. De ma mère, en particulier.

Aujourd'hui, en ce début d'après-midi, Lana et moi venons d'apprendre que notre professeur de History of the book est absent. Notre classe se retrouve avec deux heures de temps d'étude avant d'enchaîner avec notre autre cours puis vingt minutes de pause et de finir la journée avec deux heures de British Renaissance literature. Franchement et très clairement, cette journée me fait plus chier qu'autre chose. Si c'était pour avoir autant d'heures d'étude, je serais resté chez moi à avancer sur mes travaux. Non, finalement, je me retrouve comme un con assis sur un banc en réfléchissant à ma vie de merde.

Je me demande d'ailleurs, en voyant les autres étudiants travailler, où se trouve ma colocataire. Après notre temps de midi, je l'ai perdu de vue et je ne sais pas où elle est partie. Si jamais elle décide de se la jouer solo et de faire son associable, je préfère aller l'embêter et lui donner la joie de vivre qu'elle n'a pas eue depuis hier matin. Hier, elle semblait différente des autres jours, elle semblait à la fois perdue et heureuse. Deux contradictions que j'essaie de comprendre chez elle. Deux choses qui ne devraient pas se refléter en même temps. Parfois, j'arrive à la comprendre. Parfois, pas. Dans ces cas-là, je me dis qu'il faut que j'essaie d'aller au plus profond d'elle et d'essayer de lui changer les idées.

Je n'arrive pas à me comprendre quand j'essaie de l'aider. Je n'arrive pas à me dire que j'essaie de faire le bien autour de moi, même si je suis quelqu'un de bien. Je m'en fous en général des filles, je m'en fous de tout le monde. Sauf de ma famille. Mais là, je ressens quelque chose. Je sens que les choses sont différentes. Que Lana est différente des autres. Qu'elle essaie d'être comme les autres mais qu'en même temps, elle cherche sa place dans son univers.

Pendant que je cherche Lana partout à l'extérieur, je me remémore notre baiser. Je me souviens de ses lèvres sur les miennes, de mon corps couché sur le sien. De ses mains derrière ma nuque. De mon érection naissante contre son bas-ventre. De mon envie d'elle. De tout. Et là, alors que je marche, je n'ai qu'une envie : reposer mes lèvres sur les siennes. Alors que je passe devant le stade de football, je remarque qu'il y a des étudiants qui sont installés sur les gradins, d'autres qui sont assis en groupe par terre avec des bouquins de cours sur les genoux. Et juste en dessous d'un arbre, à l'abri des regards des autres, je la vois. Elle est là, seule avec ses affaires autour d'elle, assise à l'ombre. Son fin gilet gris long recouvre ses épaules mises à nue à cause de son top noir. Ses longues jambes fines sont recouvertes d'un jean clair moulant à la perfection ses fesses. Des fesses que j'ai pu voir ce matin en la suivant pour aller en cours.

An endless fightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant