Chapitre 3 : Cauchemar - 1/2

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Je ne sais pas ce que je fais là, au beau milieu d'un centre commercial bondé. Je suis seule, je ne vois ni Sting ni Luxus. Je me sens mal, je n'aime pas tout ce monde. On me bouscule, de nombreuses fois. J'ai la désagréable sensation de ne pouvoir distinguer aucuns visages des personnes qui m'entourent.

J'essaye de me retourner, de balayer le secteur des yeux, en quête d'un endroit plus calme.

Seulement mon regard en croise un autre, et ne peut alors plus s'en décrocher.

Je le connais trop bien ce regard, c'est celui qui appartient à la personne que je ne voudrais plus jamais revoir de ma vie.

Mes muscles semblent tétanisés et ma lèvre inférieure se met à trembler à l'instant même ou il me sourit. Mon cœur accélère, battant un rythme bien plus soutenu qu'habituellement. Je voudrais courir, hurler, pleurer. Mais je ne suis capable de rien, hormis mes tremblements. L'air semble me manquer et j'ignore si c'est du au monde autour de moi ou à cette seule personne dont je ne peux détacher mon regard.

Soudain, comme si le sol s'ouvrait sous mes pieds, je tombe dans le vide. Le centre commercial et son agitation disparaissent, laissant place à l'obscurité.

J'ignore combien de temps je reste dans l'ombre sans rien faire.

Puis, je cligne des yeux et me retrouve dans ma chambre, à Crocus. Je reconnais l'endroit, que j'avais décoré à mon goût.

Un objet tombe en bas, il y a du bruit. Des bruits anormaux à cette heure.

Je sais ce qui arrive, cependant je ne maîtrise pas mon corps, qui lui avance pour sortir de la pièce. Je me souviens que j'avais soif.

Je me retrouve dans le couloir, seule la lumière de dehors l'éclaire. Je passe devant la chambre de Sting. Il est parti à la fête de Donya Sherp. Je me souviens qu'à ce moment-là je me suis dit que c'était lui qui rentrait bourré de cette petite fête. Ce n'est pas le cas. Il y est toujours.

Il a de la chance.

Moi pas.

Mon corps poursuit son chemin, arrivant dans les escaliers. Les bruits en bas s'arrêtent lorsqu'une marche grince sous mon poids. Des bruits étouffés me parviennent puis le silence se fait. Un silence pesant, angoissant, mais à l'époque ça ne m'avait pas alarmé.

J'étais stupide.

Mon corps franchi les dernières marches, je me retrouve dans l'entrée. Si j'avais su, j'aurais mieux fait de sortir par la porte d'entrée en courant.

Mais je ne le fais pas puisque je ne le sais pas, ou plutôt celle que j'étais à ce moment-là ne le savais pas.

J'avance vers la cuisine, dans un mouvement automatique et vais vers l'évier, toujours dans le noir. Je connais les lieux par cœur, je n'ai aucune raison d'allumer la lumière. J'attrape un verre et le remplis au robinet. Je l'avale d'une traite en regardant par la fenêtre qui donne sur le jardin.

Je m'apprête à poser mon verre dans l'évier quand le cauchemar commence.

Quelque chose se pose sur mon cou et je suis tirée en arrière. Le verre m'échappe des mains et se brise sur le carrelage de la cuisine. Mon dos heurte quelque chose de dur et chaud, il me faut un instant pour comprendre qu'il s'agit d'un torse.

Quelqu'un m'étrangle avec ce qui semble être une corde.

Je sais parfaitement tout ce qui va suivre, mais je suis contrainte de le revivre à travers mon corps, un corps qui ne m'écoute pas. Je voudrais me hurler dessus, réussir à changer ce qui va se produire, mais je suis impuissante, prisonnière de mon corps. Prisonnière de mon propre cauchemar.

TraquéeWhere stories live. Discover now