Chapitre 9 : Course poursuite

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Il ne m'en faut pas beaucoup plus pour me mettre à courir.



Je ne sais pas vraiment pourquoi je réagis comme ça, de toute manière dès lundi il viendra me questionner. Je ne fais que retarder l'inéluctable, mais c'est plus fort que moi. Je suis lâche, je préfère fuir.

A cette pensée mon cœur se serre. Je revois mon père, dans le salon, faisant face au monstre de mes cauchemars. Je revois son visage lorsqu'il s'est fait poignarder. Son unique but était de me protéger, j'en ai conscience, mais moi, je n'ai finalement fait que m'enfuir cette nuit-là.

C'est visiblement ce que je fais de mieux, fuir.

C'est bien plus facile de fuir.


- Lucy ! crie-t-il dans mon dos.


J'entends qu'il se met à courir après moi, ce qui me fais accélérer. Je ne veux pas lui parler, je ne veux pas qu'il aborde ce sujet. Je refuse de constater la pitié dans son regard, je ne veux pas qu'il ait cette image de moi : l'image d'une pauvre fille. J'aurais voulu qu'il n'entre jamais dans ces maudits vestiaires.

Arrivée au bout de la rue, je tourne à gauche, ne sachant même pas où je vais. Ma vision est floue, et je finis par réaliser que c'est parce que je pleure. C'est vraiment pathétique ! Il ne manque plus qu'une grosse averse et on se croirait dans un de ces navets à l'eau de rose que ma mère aimait tant.

A une nouvelle intersection je prends sur la droite, mais Natsu est sur mes talons, visiblement décidé à ne pas lâcher le morceau. Quand je vous dis que cet imbécile est borné ! Il m'a crié plusieurs fois de m'arrêter, mais je n'en ai aucune envie. Pourtant, je ne pourrais pas continuer à ce rythme encore longtemps. Je perds en vitesse, mes jambes commencent à me faire souffrir et j'ai le souffle court. Je n'ai jamais été une grande sportive, j'aurais peut-être dû.

La course poursuite dure encore quelque temps, puis je finis par m'arrêter, à bout de force et de souffle. J'appuie mes deux mains sur mes cuisses, me penchant en avant et cherchant ma respiration. J'entends Natsu arriver près de moi. Ses baskets rouges entrent dans mon champ de vision quand il se plante devant moi. Il est un peu essoufflé, mais semble en meilleure forme que moi. Il se baisse, mains sur les genoux lui aussi, pour se trouver pile en face de moi. Je relève la tête pour planter mon regard dans le siens.


- J'ai bien cru que tu ne t'arrêterais jamais. Soupire le rose après un moment.


Son souffle est déjà presque redevenu normal, tandis que je peine toujours à respirer. Je tente de prendre de profondes inspirations, mais ça ne semble pas fonctionner. Je commence à paniquer, ce qui n'arrange pas les choses. Je ferme les yeux pour essayer de me calmer.


- Ça va Lucy ? me demande le jeune homme.


Tout va bien dans le meilleur des mondes, ça ne se voit pas ?

Je fais abstraction de lui et tente de me souvenir des conseils de mon psychologue de Crocus au sujet des crises d'angoisses. Juste après l'incident, quand j'étais encore à l'hôpital, il m'arrivait d'en faire plusieurs par jour. Ça faisait un moment que ce genre de truc s'était un peu calmé, mais il fallait que ça revienne maintenant. Il faut dire que le stress de la journée ne doit pas franchement arranger les choses.

TraquéeWhere stories live. Discover now