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Tu décides d'en apprendre plus sur ton nouveau compagnon de route. Tu te râcles le gorge avant d'entamer la conversation.

— Comment ça se fait que tu voyages tout seul ? demandes-tu.

— J'ai pas toujours été seul, explique-t-il. Avant j'étais avec mon père. On savait pas comment cultiver des légumes, retaper une baraque ou quoique ce soit qui pourrait être utile pour avoir un abri. Alors on a fait la seule chose pour laquelle on était doués, piller.

Le jeune homme interrompt son histoire, un sourire triste aux lèvres.

— On se baladait de ville en ville, c'est trop dangereux de vivre seul longtemps dans un endroit pareil. Faudrait être tout un gang pour réussir à pas se faire bouffer par les zombars à la longue.

Tu écoutes attentivement Tyler, tu peux ressentir la nostalgie dans sa voix.

— Et puis un jour, mon père a fait une connerie. Fallait bien que ça arrive, depuis le temps qu'on prenait des risques idiots. C'était quelques jours après qu'on ait découvert l'existence d'Utopia. Il était tellement heureux qu'il a insisté pour qu'on fête ça avec une bouteille.

Juste avant que le jeune homme ne baisse la tête, tu peux apercevoir les larmes qui menacent de couler de ses yeux.

— Je pensais qu'il voulait boire juste un verre pour fêter notre trouvaille, alors j'ai dit oui. Sauf que lui, il a descendu toute la bouteille. Il s'est mis à beugler et ça a attiré tous les zombars du coin. On montait toujours le camp dans des endroits comme celui où on est maintenant, pour pouvoir fuir par les toits, et ça nous a toujours réussi.

La voix du jeune homme se brise sur ce dernier mot. Il se râcle la gorge et se redresse avant de continuer son histoire.

— J'ai sauté le premier, c'était une distance de rien du tout. Mais bon, mon père était bourré, alors il a glissé et il est tombé. Manque de pot, il est pas mort tout de suite, par contre il a dû se casser plein de trucs parce que je pouvais l'entendre beugler comme pas possible. Et ensuite, quand les zombars ont commencés à le mâchouiller, il hurlait encore plus fort. J'ai rien pu faire à part me barrer comme un lâche.

Tyler essuie avec sa manche les larmes qui ont fini par couler. Le silence s'installe de nouveau entre vous. Tu aimerais lui remonter le moral, mais de toute façon, quoique tu lui dises, cela ne lui rendra pas son père.

— Et toi alors ? demande le jeune homme. Comment tu t'es retrouvée à te balader seule sans aucun équipement sur toi ?

Tu lui expliques tout. L'attaque du camp par les zombies, la mort de tous tes proches et ta fuite à travers la forêt. Cela te fait du bien d'en parler à quelqu'un et tu peux sentir le poids qui te comprime la poitrine depuis la veille s'alléger au fur et à mesure que tu racontes l'histoire. Lorsque tu as fini, tu te rends compte que des larmes coulent sur tes joues. Tu les essuies, gênée.

— Ce monde est pourri, dit Tyler. Mon père me racontait la vie qu'il avait avant toute cette merde. C'était la belle époque.

— L'âge d'or...

À peine as-tu prononcé ces mots que l'image d'Oncle Ted s'impose dans ton esprit, menaçant à nouveau de te faire pleurer.

— Ah, c'est pas mal ça, commente Tyler. Je te piquerais l'expression. Mais bon, au moins on peut se serrer les coudes maintenant. Ensemble on va trouver Utopia et vivre la belle vie là-bas. Ce sera notre âge d'or à nous.

Tu acquiesces, puis, après avoir souhaité bonne nuit à Tyler, tu t'allonges dans ton tout nouveau sac de couchage pour dormir, soulagée de ne pas avoir à entreprendre ce voyage seule.

***

Cela fait maintenant presque une semaine que tu marches en direction de l'ouest en compagnie de Tyler, prenant soin de rester cachés dans la forêt et fuyant comme la peste les zones autrefois densément peuplées. Alors que vous arrivez devant une énième ville, le jeune homme sort sa carte pour vérifier l'itinéraire.

— Et merde, jure Tyler. Cette ville est immense, ça va nous prendre mille ans pour la contourner.

— Et pour la traverser ? demandes-tu.

— On va devoir passer quelques nuits dedans, mais si on est rapide on devrait pouvoir sortir de l'autre côté après-demain.

Vous vous mettez d'accord pour perdre le moins de temps possible et vous vous engagez dans la ville qui se dresse devant vous. Vous vous déplacez aussi silencieusement et rapidement que possible, faisant des détours pour éviter les rares zombies que vous croisez dans les rues.

Au bout de quelques heures à traverser les rues désertes, tu commences à trouver la quasi-absence des morts-vivants étrange. Ce genre de ville était tellement peuplée durant l'âge d'or qu'ils en sont devenus de vrais nids à cadavres ambulants. S'il y'en a aussi peu, cela ne peut vouloir dire qu'une seule chose, quelqu'un a nettoyé cette cité des zombies qui la peuplaient. Tu fais part de tes soupçons à Tyler qui t'écoute d'une oreille distraite.

— T'as vu ce magasin ? demande-t-il en pointant du doigt une enseigne.

Tu regardes dans la direction qu'il t'indique et remarques un magasin de jouet. Tyler insiste pour y entrer et récupérer un jeu de carte ou de société pour passer le temps le soir. Inquiète à cause de tes soupçons, tu lui propose d'aller choisir ce qu'il lui plaît pendant que tu montes la garde.

Mal à l'aise, tu encoches une flèche à ton arc, prête à tirer sur le premier mort-vivant qui aura la mauvaise idée de s'intéresser à toi. La rue reste déserte pendant un long moment jusqu'à ce que tu entendes des bruits de pas derrière-toi. Tu as l'impression de sentir ton cœur s'arrêter lorsque tu remarques que la cadence est définitivement humaine.

Bondant ton arc, tu fais volte-face et retrouves devant quatre hommes au crâne rasé.

— Mais qu'est-ce qu'on a là, les mecs ? demande celui qui semble être le chef.

Tu pointes ta flèche en direction de celui-ci, la peur glaçant ton corps. L'homme qui a parlé éclate de rire.

— Soit pas idiote. On est quatre et on est mieux armés que toi. Baisse ton arc.

Tu regardes autour de toi, alarmée. Tu n'aimes vraiment pas la lueur mauvaise et lubrique que tu devines dans les yeux des hommes en face de toi. Tyler apparaît dans ton champ de vision, derrière les inconnus qui ne l'ont pas remarqué. Celui-ci, son pistolet en main, pose son doigt sur ses lèvres et te fais signe de baisser ton arc.

Baisser ton arme ?! Est-il devenu fou ? Tu as l'avantage d'être la seule en position, si tu fais ce que Tyler te demande, les inconnus auront le temps de dégainer avant que tu puisses tirer ta flèche. Cependant, le jeune homme ne t'a pas donné une seule occasion de douter de lui durant la semaine qui s'est écoulée...

Engager le combat => Chapitre 109

Faire confiance à Tyler => Chapitre 111


Image du chapitre : Post Apocalypse by Shenfeic (lien DeviantArt en commentaire)

Fuir ou Mourir - Histoire interactiveWhere stories live. Discover now