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  Ils étaient de retour à l'appartement de Jungkook. Cela faisait maintenant déjà quelques semaines que le brun s'était réfugié chez Jimin, dans le confort de son nid et la chaleur de ses bras. Mais aujourd'hui Jimin avait tenu à ce qu'ils retournent chez lui. Il avait enfin le courage de lui parler, lui qui fuyait pourtant les esprits plus ardemment encore que la peste.

Ils fermèrent la porte avec soin et ouvrirent les fenêtres pour laisser sortir une sordide odeur de renfermé. Puis attendirent devant la télévision qu'il ne soit tard, regardant des programmes sans intérêts, en profitant pour caresser leurs corps du bout de leurs doigts.

Ce n'est que lorsque leurs téléphones indiquèrent 2h30 et que Jungkook commençait à somnoler contre son épaule que Jimin se décida à le réveiller et l'emmener à sa chambre.

Il s'accroupit, posant la tête du plus jeune sur ses cuisses.

"Tu es sûr de vouloir faire ça.?", lui demanda alors Jungkook, ses cils papillonnant sous la fatigue. "Il m'a laissé tranquille lorsque j'étais avec toi...
— Nous ne pourrons pas être tout le temps ensemble. Je me sens responsable de ta sécurité dans la mesure où je suis responsable du danger qui plane... Alors ne t'inquiète de rien... Ça se passera bien...", murmura Jimin, écartant les mèches sur le front du brun, un léger sourire sur ses lèvres.
"D'accord...", fit-il alors, fermant ses yeux, se laissant bercer sous les caresses de ses doigts.
"Inspire..."

Et, patient, Jimin attendit des dizaines de minutes que le souffle de Jungkook ne soit stable, lent et calme, profondément endormi. Il tapota alors sur son téléphone posé à côté, et lança l'application d'enregistrement vocal. Il avait beau avoir ultérieurement prévenu Jungkook que ça ne risquait pas de donner grand chose, ce dernier avait insisté pour qu'il le fasse, et Jimin ne voulait pas se montrer contrariant sur ce genre de détail.

"Sors de ta cachette.", ordonna finalement la voix douce mais autoritaire de l'argenté.

Et après quelques secondes de suspens, c'est l'ombre de Jungkook sur les draps qui se mouva, se soulevant en une forme noire, humaine , jusqu'à apparaître complètement aux yeux de Jimin dont le cœur frappait sa poitrine sans relâche.

" Je pensais que Jungkook allait rester terré dans cet endroit insupportable...", ricana finalement l'esprit en observant ses mains comme s'il les voyait à nouveau pour la première fois depuis longtemps.
"L'odeur ne te plaisait pas ? J'avais pourtant pris soin de faire un mélange de plantes moi-même...", fit Jimin avec un sourire faussement déçu, ironique.
"Tu as du culot pour m'empêcher de faire quelque chose qui est pourtant pour toi...
— Ce n'est pas pour moi. Tu veux te débarrasser de ton "ami", n'est-ce pas ? Tu veux te débarrasser de mon âme car elle te fait souffrir lorsque je suis loin.
— ... C'est pourtant à ton avantage. Tu récupères ton fragment, et je suis libre...
— Libre, et plein d'énergie...
— ... Je veux juste me sentir vivant à nouveau.
— Je sais que tu n'avais initialement pas de mauvaises intentions. Tu n'étais qu'un esprit qui s'est lié à Jungkook pour vivre des choses à travers lui, n'est-ce pas ? Tu l'as apprécié, peut-être même l'as-tu aimé. Jusqu'à ce que tu en deviennes prisonnier, à cause de moi...
— ...
— Tu n'es pas obligé de lui faire de mal.
— Tu te trompes. Je n'en ai pas envie. J'appréciais passer du temps dans son sillage, profiter de ses rêves. Même au début, lorsque mon ami est arrivé, même lorsque j'ai eu envie d'intervenir, de le toucher, soudainement... La douleur était supportable, je m'amusais bien. Mais ce n'est plus le cas, depuis que Jungkook te connait, mon ami a mal. J'ai mal. Et tu sais aussi bien que moi qu'il n'y a pas d'autre issue. La seule issue est inscrite sur tes bras.
— Alors nous resterons bloqués. Il n'a pas à subir ça.
— Pourquoi le défendre alors que toi tu ne l'aimes pas ? Ne serait-ce pas à moi d'en souffrir alors que ton fragment m'oblige à éprouver de l'amour à son encontre ?
— Tu as oublié ton humanité. Même si tu te libères, tu ne trouveras pas la lumière, pas avec cet état d'esprit.
— Je ne veux pas de la lumière. Je veux vivre.
— Tu pourrais monter et te réincarner. Pourquoi s'obstiner ici ? Ton corps est mort. La vie que tu veux est dans la prochaine qui te sera offerte. Jungkook n'a que 22 ans. Ça te laisse environ 70 ans pour apprendre de tes erreurs. Et lorsque la vieillesse l'emportera, tu seras libre. 70 ans ce n'est rien pour une âme. Saisie cette chance, protège le, veille sur lui. Il n'est pas trop tard.
— 70 ans ce n'est rien. Mais 70 ans est long lorsque l'on souffre."

SPECTRE | jikookWhere stories live. Discover now