Chapitre 7: Poddles et Brandt

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Les années étaient passées, Madeleine avait peu à peu réussi à apprécier son fils, une sorte de pacte les liait, ils étaient attachés l'un à l'autre sans pouvoir se défaire de ce cercle vicieux de peur et d'amour. Elle avait compris que quelque chose n'allait pas dans son foyer, et elle s'était promis de protéger son fils du monde extérieur et inversement. Elle l'aimait, c'était son enfant, mais cette peur qui vivait en elle l'avait persuadé qu'elle devait le cacher du reste du monde, pour le bien de tous. 

Malheureusement elle ne pouvait pas le cacher éternellement, Joachim grandissait, Madeleine voyait au fil du temps son fils devenir un homme, un homme beau, calme et réservé. Mais elle savait que ce calme n'était qu'une bombe à retardement. Qu'un jour quelque chose allait exploser en lui et détruire beaucoup de vies autour de lui. 
Pour retarder le plus possible cette explosion, Madeleine faisait tout ce qu'elle pouvait pour préserver son fils des relations extérieures, des relations qu'elle ne pouvait pas contrôler. Elle l'avait encouragé à faire de grandes études et à se consacrer entièrement à des activités intellectuelles. Joachim était bon élève, ses professeurs l'appréciaient, il avait devant lui un avenir prometteur. Il s'était découvert une passion pour la peinture. Il peignait avec sa mère qui était son professeur particulier, et parfois, quand elle l'autorisait, il allait au cours de dessins avec ses camarades après l'école. 

Peu à peu, Madeleine avait baissé sa garde, le temps était devenu plus doux. Joachim et elle s'entendaient bien de nouveau, elle avait refoulé cette peur qui la rongeait. Elle autorisa alors Joachim à rester plus longtemps avec sa classe après les cours. Il était maintenant au lycée, et pour elle, le laisser avec des amis ne paraissait pas être dangereux. Ce qu'elle avait oublié, c'est que son fils avait 17 ans, des choses nouvelles se présentaient à lui, des choses qu'elle avait effacé de sa vie il y a longtemps déjà. 

Joachim avait fait table rase du passé, lui et sa mère étaient partis sur de nouvelles bases. Cette colère qui brûlait en lui s'était atténué au point qu'il pensait l'avoir complètement abandonné pour une vie plus paisible. Il se sentait prêt à s'ouvrir au monde et découvrir ce qu'il y a en dehors de sa maison et de son école. Il avait réussi à convaincre sa mère d'aller au terrain vague avec ses camarades de classe pour le dernier jour de cours avant les vacances d'été. Elle avait accepté, à son grand étonnement, et depuis ce moment, il comptait les jours, impatiemment. 

Malgré sa timidité, il avait réussi à sympathiser avec certains garçons du lycée, dont Mike Poddles et Jimmy Brandt. Ils étaient directement venus le voir le premier jour de cours, ce qui l'avait surpris, car il n'avait jamais vraiment eu de contact avec d'autres élèves auparavant. Les deux garçons n'étaient ni de bons ni de mauvais élèves, ils n'avaient pas de très grandes ambitions pour l'avenir, ils parlaient des filles et fumaient des cigarettes en cachette sous les escaliers menant au gymnase.
Au départ Joachim refusait toujours quand Poddles lui tendait sa cigarette, mais plus le temps passait plus il se laissait tenter par une ou deux bouffées. Il lui arrivait de tousser un peu, ce qui faisait rire les deux garçons. 

Ce fut pendant la pause déjeuner que Brandt émis pour la première fois l'idée faire une sortie avec d'autres personnes de la classe au terrain vague pour fêter les vacances d'été, Poddles fut immédiatement conquis, il se tourna vers Joachim dans un bond d'excitation:

"Pas vrai que tu vas venir avec nous Joc?" 

Ils le surnommait ainsi car Joachim avait refusé la proposition "JOJO" lors de l'attribution des noms de code de leur petite bande. 
Joachim eu un instant la gorge nouée, sa mère ne le laisserait jamais aller au terrain vague un soir, impossible, son monde se limitait aux murs de sa maison, et aux salles de classe. 

"Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée."

Les deux comparses firent la moue, Poddles tapa du point sur la table d'un air déterminé, ce qui eu pour conséquence de faire sursauter Joachim et de renverser un peu de flanc parterre. 

"Allez ! Fais pas ta couille molle! Il y aura tout le monde pour fêter ça!"

La réplique de Poddles avait piqué la fierté de Joachim, il leva les yeux au ciel en soupirant:

"Je verrai bien ce qu'en pense ma mère."

Réjouis par cet élan de courage les deux garçons tapèrent dans leurs mains et rirent aux éclats. Cette sortie était pour eux comme une expédition excitante vers l'inconnu. Joachim se mit à sourire à la vue de cette joyeuse petite troupe, rejoins par quelques autres camarades qui venaient manger. Il était à la fois anxieux et surexcité, il allait s'émanciper pour la première fois et découvrir le monde qui se trouve en dehors du cocon qu'il avait créer avec sa mère et ses animaux. 


JoachimWhere stories live. Discover now