Aloys (Tome 3): Lie and The End

Chapitre 11 (2/2)

ALOYS

Haley ne fut pas longue à nous recontacter, elle passa par le biais de la mère d'Aaron pour proposer à ce dernier un petit tête-à-tête que cette dernière fut ravie de lui accorder. Si bien que moins de vingt-quatre heures plus tard, nous étions prêts à partir. Comme je l'avais prédit, Lilith ne s'opposa pas à ce que je quitte le centre en compagnie d'Aaron, la seule chose qu'elle exigea de moi était d'être de retour le lendemain au moment où Phoenix devrait subir l'attaque des Noeries. Elle me rappela également la présence de puces de traçage et sous couvert de quelques phrases affectueuses me fit très clairement comprendre que je n'avais aucun moyen d'échapper à l'Hydre vivante.

            Cet excès de confiance en moi devait sûrement provenir de Sear qui pouvait à elle seule affirmer ou non que je finirais bien par revenir. Le fait qu'elle puisse prévoir l'avenir bien que d'après elle, il n'était jamais figé, ne pouvait qu'aller dans mon sens. Quant à Aaron, il avait mobilisé l'un des appareils furtifs de l'armée pour voyager, l'excuse qu'il avait donnée à ses parents était que c'était l'avion le plus rapide de l'armée et qu'il n'avait pas envie d'embarrasser Haley avec des heures de vol inutiles. S'ils s'étaient méfiés, le sourire rayonnant d'Haley avait achevé de les convaincre.

            Tandis qu'ils s'approchaient tous les deux de l'avion dans lequel j'étais cachée, suivis de Johanna Melchior, Haley se donnait un mal fou pour donner le change. Le bras fermement enroulé autour de celui d'Aaron, elle se collait à lui, en riant et en souriant à sa mère avec un naturel désarmant. Cette fille n'était peut-être pas une P-gène mais elle avait sans aucun doute hérité des talents d'actrice de sa mère. Même les petites œillades amoureuses qu'elle lançait à Aaron étaient convaincantes. Lui en revanche parvenait moins bien à donner le change. Il lançait fréquemment des regards en direction de l'avion dans lequel il me savait cachée, comme s'il craignait que je ne saute soudainement à la gorge de sa complice. Ses sourires étaient crispés et il cherchait désespérément à se débarrasser du bras d'Haley. Une fois arrivée à l'avion, elle s'arrêta, les mains jointes et observa le couple avec un sourire ravi.

— Je suis contente que mon fils se soit enfin décidé à s'intéresser à autre chose qu'à ses interminables entraînements, lâcha sa mère tandis qu'Aaron entraînait Haley dans l'avion.

            Elle se retourna vivement vers elle et, une main posée affectueusement sur l'épaule d'Aaron, répondit d'une voix suave :

— Il ne faut pas non plus qu'il néglige ses devoirs à cause de moi...

— Aucune chance, grommela l'intéressé en coupant court à la conversation pour fermer la porte de l'appareil au nez de sa mère.

            Aussitôt Haley s'écarta de quelques pas en jetant un regard lourd de reproche à Aaron.

— Franchement tu n'as fait aucun effort, c'est un miracle qu'elle n'ait pas compris qu'il n'y avait strictement rien entre nous.

— Elle sait très bien qu'il n'y a rien entre nous, ce qu'elle veut c'est que toi, dit-il en la pointant du doigt. Tu sois éperdument folle de moi.

            Je sortis de ma cachette et salua Haley d'un signe de tête avant de faire signe à Aaron de décoller au plus vite. L'idée de rester ici en sachant sa mère si proche me donnait des frissons.

— Je suis sûre qu'elle n'y a vue que tu feu, la rassurai-je en m'installant à côté d'elle dans la minuscule cabine.

— Et toi, tu n'as pas eu de problèmes ?

— Non, mais je suis cachée là depuis plus de deux heures, qu'est-ce qui vous a pris autant de temps ?

— Sa mère voulait absolument m'inviter à déjeuner avec elle...