Aloys (Tome 3): Lie and The End

Chapitre 14(1/2)

Aaron

            L'ordre de mon père était encore bien présent dans mon crâne et toute une partie de mon être n'aspirait qu'à obéir sans délais. Pourtant le peu de maîtrises qu'il me restait me permis non seulement d'attendre Aloys, mais également de prendre la décision de l'aider. De la même manière que lors de l'attaque de Paris il y a quelques mois, j'arrivais à passer outre les ordres pour me consacrer uniquement à mes propres envies. Bien sûr, ce contrôle ne durerait pas éternellement, j'en avais d'ailleurs fait les frais la dernière fois... Non seulement j'avais failli l'empêcher de s'enfuir à la dernière minute mais j'avais également dû lutter pendant les vingt minutes qui avaient précédé pour ne pas m'en prendre à ceux que j'avais ordre d'éliminer. Au final j'avais réussi à évacuer ma frustration sur cet imbécile d'Eren...

            Autrement dit, je ne disposais que d'un laps de temps ridiculement court avant que les ordres de mon père prennent le dessus sur ma propre volonté. Une chance pour moi, contrairement à Aloys, je savais exactement où logeaient les membres de l'administration comme la sœur de Bran. En sortant de l'arène j'aperçus immédiatement le petit groupe de clones de Lilith, dont Shame qui me lança un regard noir dès que j'eus le malheur de poser les yeux sur elle. Si je ne portais pas Blue, Lemon ou Frost dans mon cœur, c'était définitivement Shame qui m'exaspérait le plus.

            Je mis de côté la sensation dérangeante de savoir qu'Aloys allait devoir faire équipe avec elle et me dirigea droit vers le minuscule bâtiment à l'arrière des grands immeubles administratifs. Je savais que les membres de l'Hydre étaient réputés pour se soutenir avec une dévotion sans limite, mais je ne pouvais m'empêcher de craindre qu'il n'arrive quelque chose à Aloys. Au vu de ce que nous avait révélé Amalia Braune, la tante d'Aloys, Lilith pourrait très bien avoir missionné l'une de ces garces de se débarrasser d'elle. Si je n'avais pas eu une totale confiance en Aloys et ses ressources en matière de survie, j'aurais probablement fait quelque chose de stupide, comme massacrer Shame et son escouade ou encore enfermer Aloys dans un placard à balais jusqu'à la fin de cette maudite guerre.

            Au lieu de quoi je me retrouvai à la porte du dortoir des grattes papiers de l'ANH sans trop savoir comment m'y prendre pour trouver l'informatrice d'Aloys. Je n'avais aucune idée de qui elle était et Aloys n'avait pas pris soin de me décrire cette fille. Il ne me restait plus qu'à espérer qu'elle partageait un tant soit peu les traits de son imbécile de frère. Les portes s'ouvrirent sur un petit couloir étroit où flottait une odeur de café entêtante, signe que tout le monde n'avait pas encore pris le chemin des dortoirs. Suivant mon nez, je traversai une partie du couloir avant d'atterrir dans une petite cuisine où une dizaine de personnes étaient attablées autour d'une pile de dossiers et de tasses fumantes. Ils levèrent des yeux surpris vers moi, puis ils se mirent tous à blêmir à l'unisson, visiblement peu rassuré de me trouver là, en tenue de combat.

— Je cherche une certaine Vadia, lâchai-je en parcourant la pièce des yeux.

Personne ne répondit, laissant place à un silence pesant. Pour leur défense, je devais probablement tirer une tête de dix pieds de long qui n'engageait pas vraiment à la discussion, alors je réitérai ma demande avec un mince sourire. Le charme opéra presque aussitôt sur l'une des plus jeunes, dont la peau laiteuse se colora d'un rouge vif tandis qu'elle tentait d'articuler une réponse.

— V...Vadia est partie se doucher, elle ne devrait pas tarder.

            C'était bien ma chance... Je me pinçai l'arête du nez en soufflant. Dommage pour elle et sa pudeur, parce que je n'avais absolument pas le temps d'attendre qu'elle ait fini. D'autant plus que l'endroit était parfait pour avoir une conversation privée comme celle qui nous attendait. Aucun risque qu'un micro ou une caméra ne soit placé là-bas.