Nos Imparfaits - Tome 2

Chapitre 25

Bêtement, j'ai tenté de faire taire cette peur. Celle qu'Adam pourrait faire une bêtise à cause de son chagrin. Je voulais étouffer ma crainte, me convaincant qu'il ne ferait jamais une chose pareille. Il sait que ça ne ramènera pas Levi, ça ne l'aidera qu'à supprimer sa douleur. Lorsque je voyais cette agonie dans ses yeux clairs, cette lueur qui murmurait que c'était fini, j'essayais de lui remettre les idées en place.

Si Adam meurt, je ne m'en remettrai pas. Je ne veux plus perdre qui que ce soit. Pourtant, voilà où nous en sommes. Il m'avait promis qu'il ne me laisserait pas tomber, et il a essayé.

Je faisais un gâteau au chocolat avec Romy et Harper lorsque j'ai reçu le coup de fil de Colin. Dès que j'ai entendu « Adam » et « hôpital », je suis partie en trombe de chez moi. En le retrouvant ici, j'avais déjà deviné que c'était Isaac qui l'avait découvert. Depuis presque deux heures. Pendant que je faisais un gâteau, Adam était entre la vie et la mort. Et pas une seule fois Isaac ne m'a contacté.

Face à lui dans ce couloir d'un bleu terne, je crois voir de l'agacement dans son regard. Voire même de la déception. Pourquoi ? Parce que je suis là ? Moi, ce qui m'agace et ce qui me déçois c'est qu'il n'ait même pas pris le temps de m'appeler, comme si Adam était seulement son ami.

—  Pourquoi est-ce Colin qui m'a appelé ? demandé-je en me décollant du mur, les bras toujours croisés. Adam est aussi mon ami, t'aurais dû me prévenir avant même que t'arrives ici.

Je déteste cet hôpital. Je m'étais juré de ne jamais y remettre les pieds, et voilà que je m'y trouve pour l'autre frère Matthews.

—  Il était en danger de mort, tu crois que j'ai pensé à toi à ce moment-là ?

Ça fait mal. Je peux sentir mon cœur se serrer face à la dureté de ces mots. Pourtant, il n'a pas tort, mais je refuse de l'admettre. Pas quand Isaac me regarde de cette façon, d'un air si dur.

—  T'aurais dû. Je suis la seule personne qu'il lui reste.

—  Arrête ton cirque, Zoe ! s'écrie-t-il en passant les mains dans ses cheveux. Adam n'est pas tout seul. Peut-être que ses parents sont des enfoirés, mais dès que je vais les prévenir, ils vont accourir. Et il m'a moi.

Je lâche un rire tellement c'est grotesque.

—  Tu ne lui as plus reparlé depuis quatre ans. Un ami ne ferait pas ça. Et un ami saurait qu'Adam s'est fâché avec ses parents, peu après la mort de Levi, et qu'il n'a plus jamais entendu parler d'eux. Leur seul lien, c'est l'argent qu'ils versent tous les mois sur son compte pour qu'il puisse joindre les deux bouts. Adam ne sait même pas où ils habitent, ils ont changé leur numéro comme s'ils ne voulaient pas que leur fils les appelle. Il n'a que moi.

Ma voix se fissure à cause des larmes qui menacent de faire un ravage sur mon visage. Mais je tiens bon parce qu'Isaac a besoin de savoir ça.

—  Tu n'as pas la moindre idée de ce qu'il vit depuis le départ de Levi, continué-je après m'être râclé la gorge. Il... Il suffirait que tu regardes son portable pour voir que je suis son unique contact, et son contact d'urgence par conséquent. Son téléphone est aussi vide que lui. Dès qu'il est sur le point de faire une connerie, qui appelle-t-il ? Qui lui vient en aide ? Qui lui parle pendant des heures jusqu'à ce que ses larmes cessent ? Qui lui a tenu la main lorsque le cercueil de son frère était mis sous terre ? Tu ne sais rien alors ne prétend pas être son ami.