Chapitre 2

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28 novembre 1995, maison Jung

- Je ne veux pas y aller !

- Jung Taekwoon ! Dépêche-toi de mettre ton manteau !

- Non ! Je ne veux pas ! Le monsieur va encore me faire mal !

- Mon chéri...

Madame Jung s'agenouilla à la hauteur du petit garçon. Taekwoon était aussi blanc de carnation que son grand frère avait la peau mate. Si Hakyeon avait de magnifiques cheveux caramel, ceux de Taekwoon était noir comme les ténèbres. Quand Hakyeon avait de grands yeux curieux marron, son cadet avait des petits yeux félins noir. On distinguait tout juste la pupille. Au premier abord, rien ne laissait présager qu'ils étaient bien frères de sang.

Niveau caractère, guère mieux.

Hakyeon était un jeune adolescent extraverti, lumineux, toujours en train de rire, même lorsque sa maladie le mettait au plus mal. Taekwoon était tout son contraire. Déjà à cinq ans, il avait un caractère bien affirmé. Taekwoon était introverti, du genre à se complaire dans sa solitude. Bien qu'il n'aime pas se rendre à l'hôpital, il cédait toujours. Parce que Taekwoon avait un grand cœur. Malgré son jeune âge, il avait conscience de son importance dans la survie de son grand frère, de son modèle.

- Chéri. Je sais que tu n'aimes pas aller à l'hôpital mais tu sais pourquoi on doit le faire.

- Pour Hakyeon...

- C'est ça. Je suis désolé mon amour. J'aimerais tellement que toi et ton frère n'ayez pas à subir tout ça...

Des larmes s'agglutinèrent dans les paupières de Madame Jung. Le petit garçon se mordit la lèvre et s'avança pour enrouler ses petits bras autour du cou de sa maman. Celle-ci resserra son emprise autour de son fils.

- Pardon maman.

- Ce n'est rien, mon fils. Allez, mets ton manteau et allons voir ton grand frère, il sera heureux de te voir.

🧪🧪🧪

10 novembre 2000, maison des Jung.

- Joyeux anniversaire Taekwoon !

- Merci !

- Aujourd'hui, c'est ta journée. Qu'est-ce que tu veux faire ?

- J'aimerais aller au spectacle de danse contemporaine. Avec Hakyeon.

- Vraiment ? Tu es sûr ?

Taekwoon acquiesça. Ses parents se jetèrent un regard incertain.

Ils savaient.

Ils savaient que par cette demande, Taekwoon répondait à un souhait de leur fils ainé.

- Dans ce cas, allez-vous préparer les garçons. On part dans trente minutes.

🧪🧪🧪

12 mars 2005, bureau du proviseur - Lycée Y

- Bonjour, madame, monsieur Jung. Heureux de faire votre connaissance. Bien que j'aurais préféré que ce soit pour vous parler des bons résultats scolaires de Taekwoon et non de ce fâcheux évènement.

- Je ne comprends pas. Taekwoon n'est pas du genre à se battre pourtant...

- On le sait bien madame. C'est pourquoi on a décidé, l'équipe pédagogique et moi-même de ne pas l'exclure. Taekwoon devra faire un mois de TIG pour l'établissement. Ça ne figurera pas sur son dossier non plus.

- Merci, monsieur le proviseur. Merci beaucoup.

- Si je peux me permettre... Je connais la situation dans laquelle se trouve Taekwoon. Il est grand, il a bien conscience de la décision qu'il devra prendre dans quelques années pour son frère, mais aussi pour lui-même. Je pense que ça lui ferait du bien de parler avec un psychologue. Ou dans un groupe d'entraide.

- Notre fils va bien !

- Je n'ai pas dit le contraire mais nous savons tous comment Taekwoon est. Il est introverti, il ne montre pas ses sentiments. Il fait passer me bonheur de son frère avant le sien. Taekwoon a compris qu'il n'est né que pour venir en aide à son frère. Il le sait depuis bien longtemps si vous voulez mon avis. Je comprends pourquoi vous avez donné naissance à Taekwoon, je vous assure mais moi, mon rôle en temps que chef de cet établissement c'est de vous prévenir que votre fils là, il a besoin qu'on fasse quelque chose pour lui. Et pas parce que ça le nécessite pour le bien de votre ainé.

- Je... On...

Le proviseur se leva. Il contournant son bureau pour venir s'asseoir sur le bord de ce dernier, face aux parents Jung.

- Votre fils a besoin qu'on lui rappelle qu'il est un être humain aussi. Que lui aussi a le droit au bonheur et de vivre pour lui. Votre fils n'est pas qu'une banque de moelle et de sang. Et ça, j'ai peur qu'il ne l'ait oublié...

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