𝕆ℕ𝔼 | 𝕡𝕒𝕤𝕥

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I. Passé

Oikawa Tooru a cinq ans.

Le rêve est un peu flou, mais il sait qu'il rêve. C'est étrange, car il sait même qu'avant de s'endormir il a fixé son plafond pour essayer de s'imaginer des moutons à compter. C'est la sixième fois cette semaine qu'il descend dans le salon trente minutes après être monté se coucher, et sa mère n'est pas bête. Une dizaine de minutes de TV en plus dans le canapé, voilà tout ce qu'il gagne.

Cette fois, Tooru se sent bizarre. Il regarde ses mains, qui ne sont pas vraiment là, et ses pieds, qui ne sont pas vraiment là non plus. Il ne remarque même pas que l'air ne sent rien, que son champ de vision est réduit : tout ce qu'il voit, c'est du blanc.

Beaucoup de blanc.

Quand il s'en rend compte, l'instant s'étire puis disparaît.

La scène change : tout est un peu moins blanc. Oui, ça ressemble davantage à quelque chose. Tooru regarde à droite et à gauche, même s'il n'arrive pas encore à différencier l'un et l'autre. Ce n'est pas grave.

Il ne reconnaît pas l'endroit. Il ne fait pas très beau. Le ciel est gris comme après une grosse pluie, et du vent souffle. C'est drôle, car la scène ressemble à un dessin : les bords sont blancs, et Tooru ne peut pas tout voir.

Apparemment, il ne voit que ce qui est important, car tout à coup il entend des pleures. Ils sont forts, dans le silence, alors Tooru penche la tête sur le côté. Il ne peut s'empêcher de fixer, car il a l'impression que c'est ça qui importe. Devant lui, au loin, une petite silhouette a les épaules qui tressautent.

Il pleure très fort. Il renifle.

Tooru le regarde, et son cœur se serre. Ça lui fait de la peine, même s'il ne sait pas qui c'est. Il n'aime pas voir les gens pleurer. Il sait que ça fait mal à la gorge, et que ce n'est pas agréable. On le fait quand on est triste ou quand on a mal, alors si la silhouette le fait, c'est que ça ne va pas.

Tout à coup, il veut bouger alors il le fait. Un pas, puis deux, puis trois.

Le dessin bouge avec lui, les bords blancs sont toujours là. C'est moins marrant, car les bruits que fait la silhouette sont de plus en plus forts. Au loin, devant, Tooru reconnaît un terrain de jeux. Il ne sait pas s'il le connaît, il sait juste que c'en est un. Il aime bien le gros machin qui tourne. Et les balançoires. Le toboggan est un peu haut.

Il s'avance encore. Il n'a pas l'impression d'avoir de pieds.

Devant lui, la silhouette est un garçon. Un garçon qui pleure très fort.

Hé.

Il a ouvert la bouche, mais aucun son ne sort. Ça l'énerve, car ce garçon a sûrement besoin d'entendre quelque chose. Il se rapproche encore. Peut-être qu'il veut un câlin ? Peut-être que sa mère l'a oublié à la sortie de l'école ?

La sienne l'a fait, une fois. Ce n'était pas bien grave, et elle lui a fait des crêpes pour se faire pardonner.

Le garçon est juste là, mais il est tout flou. C'est étrange, il ne l'était pas autant de loin. Tooru tend la main, qu'il ne voit pas mais qu'il sent, et essaye d'attraper le t-shirt blanc du garçon.

Ça grésille.

Le garçon se retourne un peu.

Le rêve redevient blanc. Un instant.

Puis tout disparaît.

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Pendulum Swing || IwaOiWo Geschichten leben. Entdecke jetzt