𝔽𝕆𝕌ℝ | 𝕡𝕣𝕖𝕤𝕖𝕟𝕥

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IV. Présent

Le siège sur lequel était assis Oikawa était confortable. Ce cinéma avait une très bonne note sur internet : un petit commerce de quartier qui passait des films qu'on ne voyait pas à l'affiche. Des vieux, des plus récents. Il y en avait pour tous les goûts, et apparemment Iwaizumi n'habitait pas très loin.

C'était déjà leur troisième rendez-vous. En moins d'une semaine, ça faisait beaucoup, mais Oikawa ne savait même plus ce que le mot non signifiait.

Il lui parlait tout le temps, tous les jours ; des choses bêtes et d'autres moins, juste pour apprendre à le connaître un peu. Il savait qu'Iwa-chan n'aimait pas les tomates, qu'il était allergique au kiwi, qu'il adorait manger devant un film, qu'il n'aimait pas le coca ni les boissons gazeuses, qu'il aimait bien le sport et sortir avec ses amis, et qu'il répondait vite aux messages importants.

C'était intéressant, et Oikawa ne sentait plus cette sensation dans sa poitirne, à présent c'était dans son ventre que tout remuait chaque fois qu'Iwa riait.

— Oh, ça va commencer.

Iwaizumi lui tendit le petit sachet de bonbon qu'il avait ramené de chez lui, mais Oikawa secoua la tête. Il haussa les épaules, et fourra la main dedans tandis que les lumières s'éteignaient totalement. Les quelques publicités passèrent rapidement et finalement quand le film commença, Oikawa essaya vraiment de se concentrer dessus.

Les minutes passèrent, et au bout d'un moment il se rendit compte qu'il n'y comprenait rien. Qu'il voyait les images sans en écouter vraiment les sons, et que dans le fond tout ce qu'il pouvait entendre c'était les battements de son cœur.

Il n'osait pas bouger un doigt, soudain conscient que son bras reposait sur l'accoudoir, et que celui d'Hajime n'était pas bien loin.

Ça aurait été si simple de juste tendre le petit doigt et...

Non, ils s'étaient donnés rendez-vous pour voir ce film, non ? Qu'est-ce qu'il dirait à la sorti quand Iwaizumi commencerait à lui demander quel passage il avait préféré, ou bien encore ce qu'il avait pensé de l'histoire ? Oikawa le regarderait comme deux ronds de flans en se demandant si lui avouer qu'il avait été bien plus intéressé par la longueur de ses cils, par la chaleur de la salle, par la couleur de sa peau bronzée ou encore par la forme de ses avant-bras musclés, aurait été mieux que de rester muet. Il aurait voulu lui prendre la main, comme il l'avait déjà fait à des filles pour les voir rougir un peu.

Mais cette fois, c'était lui qui rougissait complètement, dans le noir. Il voulait ce contact autant que cela lui faisait peur : Daishou avait eu raison, ça n'avait rien à voir. Est-ce que cela n'allait pas trop vite ? S'il lui prenait la main, alors cela ne voulait-il pas dire qu'il était prêt pour plus ? Il avait vingt-trois ans, n'était plus un ado, mais cela n'avait rien à voir avec sa première fois avec une fille. En y repensant, ils n'avaient rien fait à leurs autre rendez-vous, alors en quoi était-ce différent de quand il traînait avec ses amis ?

C'était différent, lourdement différent, mais et si il était le seul à voir les choses ainsi ?

Et si Iwa pensait qu'il voulait être ami ? Et si lui n'était même pas gay ? Il ne lui avait pas posé la question, mais ce n'était pas vraiment une réponse, si ? Oikawa ne pensait pas l'être, et en un regard il se retrouvait sûrement bi. C'était étrange, inattendu, parfaitement soudain, et il....

— Tout va bien ?

Une petite phrase chuchotée à son oreille ; Oikawa déglutit et expira par le nez en hochant la tête. Il n'osa même pas le regarder, car tout ce qu'il voyait c'était ses avant-bras et ses mains, ses longs doigts un peu abîmés qui iraient parfaitement entre les siens...

Oikawa se mordit la lèvre.

Il pouvait au moins essayer. Peut-être que s'il tendait un peu les doigts, peut-être que s'il fixait suffisamment ce qui l'intéressait, alors Iwaizumi comprendrait et —

Les doigts d'Hajime bougèrent soudain, et une main recouvrit la sienne. Oikawa écarquilla les yeux. Il releva un peu la tête, et aperçut un sourire amusé.

Dans sa poitrine, quelque chose éclata ; une petite douleur, puis son ventre sembla fondre et il sourit. Leurs doigts trouvèrent une meilleure position, et il étudia avec fascination la chaleur et toutes les sensations qu'on pouvait ressentir à partir d'une main.

Tenir la main d'une fille, c'était simplement se demander si elle appréciait, si il n'avait pas les mains moites.

Tenir la main d'Iwaizumi Hajime, c'était comme trouver toutes les réponses nécessaires. Comme sentir que l'univers approuvait, alors qu'il ne se passait pratiquement rien.

Finalement, il ne put parler du film à la sortie, mais Iwaizumi ne sembla pas lui en vouloir.

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