𝔽𝕆𝕌ℝ | 𝕡𝕒𝕤𝕥

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IV. Passé

Oikawa Tooru a quinze ans.

C'est étrange, car c'est arrivé tellement de fois qu'il a presque hâte à présent. Il a l'impression de ne plus être la même personne dans ses rêves ; son lui du rêve sait toujours plus de choses que son lui éveillé.

Cette fois, il accueille le blanc avec plaisir. Il attend sagement, sans voir ses mains ou ses pieds, et regarde en l'air. Pas trop froid, pas trop chaud, il n'a jamais l'impression d'avoir de corps, et cette fois c'est pareil.

Il attend. Puis la scène change.

Quand il ouvre les yeux, Tooru est dans la rue. Il n'y a personne, ce n'est pas une grande rue. Des maisons, des pavillons, l'été est là et sans trop savoir pourquoi il sait que c'est la fin d'après-midi. Les cours viennent de se terminer, et il cherche le garçon des yeux.

Il le fait toujours, car Tooru le fantôme est là pour voir le garçon. Sa grand-mère dit qu'il doit le voir, c'est comme ça.

Alors il le cherche, et le trouve rapidement.

La scène ressemble à un dessin et les bords sont blancs. Il y a la lumière, les uniformes d'été, et Tooru écarquille les yeux.

Cela fait longtemps que le garçon ne ressemble plus à un garçon. Il doit avoir quinze ans aussi. Il grandit encore. Il est au lycée, comme lui. C'est un adolescent. Mais pour les rêves, il reste le garçon.

Et cette fois, le garçon n'est pas seul.

Tooru le voit. Penché légèrement, debout à côté d'un réverbère éteint. Il le voit un peu de côté, de loin, et il en est certain. Le garçon embrasse un autre garçon.

Sur le moment, il ne se passe rien. Tooru ne s'approcha pas, il reste juste figé. Son cœur bat furieusement, et cela doit être l'une des premières fois qu'il le sent.

Puis il comprend que le garçon embrasse un autre garçon, et soudain ça grésille.

Mais cette fois, c'est différent. Ce n'est pas la scène qui grésille, c'est ça : ça tremble dans sa poitrine, et il se recroqueville. Le garçon embrasse toujours l'autre garçon, et son cœur se fend un peu. Tooru essaye de résister, de s'approcher, mais le blanc ne veut pas et le rattrape.

Le dessin se brise un peu. La scène s'étire.

Ça grésille de plus en plus fort, jusqu'à ce que ça fasse mal.

Puis tout disparaît.

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Pendulum Swing || IwaOiWhere stories live. Discover now