1 - Nostalgique ?

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Grandir.

Un phénomène qui m'a toujours fasciné. 

En grandissant, on a tous déjà prononcé la phrase « quand je serais grand, je serais... » en la complétant par un métier inimaginable. En tant qu'enfants, on idéalise la vie d'adulte, comme si devenir grand était un objectif à atteindre. Quand nous étions plus jeunes, mon frère et moi projetions de devenir respectivement princesse et astronaute.

Mais, au vu du cour que nos vies ont prises, les choses ont évolué de façon différente. Nous avons toujours été très proches moi et Ethan, ça, cela n'a pas changé. Cependant, depuis le décès de ma mère, je pense que notre perception des choses a évolué. Radicalement. Nous n'avions que neuf et onze ans quand maman est partie. Et le vide qu'elle a laissé nous a changé à jamais.

Avant, les seules problèmes que nous rencontrions se résumaient à enfin réussir à se mettre d'accord sur des tenues coordonnées. On demandait d'ailleurs souvent à Amina, notre meilleure amie, de porter les mêmes vêtements que nous. C'était marrant.

Maman nous prenait parfois en photo avec son vieux polaroid. Derrière l'objectif, on la voyait sourire, les yeux pleins de fierté. Lorsqu'elle souriait, ses magnifiques pupilles en amande brillaient, elles incarnaient la joie véritable. La fine peau autour de ses yeux se plissait en des traits réguliers et son sourire était si vrai qu'il semblait s'étendre jusqu'aux extrémités de son visage. Ma mère était une belle femme, autant intérieurement qu'extérieurement. Elle avait un fond profondément bon. Altruiste et dévouée, elle faisait tout son possible pour aider autrui, partant du principe qu'il faut donner à son prochain. C'est une des nombreuses valeurs qu'elle m'a transmise et que j'ai gardé.

Après sa mort, Ethan et moi nous sommes serrés les coudes pour avancer, ensemble. Nos tourments ne concernaient plus des anciennes futilités enfantines et nous avons du rester forts afin de surmonter cette épreuve. Le fait d'être ensemble nous a sauvé, je pense. Je n'aurais pas pu faire mon deuil sans lui.

Tous les soirs qui ont suivi le drame, je m'infiltrais dans sa chambre pour pleurer avec lui, dans son lit. On se confortait mutuellement, en se disant que ça allait aller, le temps réparerait nos blessures. Mais pas celles de notre père.

Papa a changé, depuis la mort de maman. Il est devenu plus terne et peut-être plus renfermé. Mais ça reste notre père.

C'est pour ça qu'actuellement, alors qu'on se rend à l'université de Scor , je ne peux m'empêcher d'être nostalgique. Quitter Bristol et la maison ne me fait pas peur. C'est d'y laisser des souvenirs qui me peine.

Cette année je fais ma rentrée dans l'université de Scor, dans le Sud-Est de l'Angleterre. C'est une des plus petites universités du pays. Elle propose une formation littéraire réputée et inclut même des stages, à la fin de chaque année scolaire . De plus, elle n'est pas très fréquentée, à peine 2000 élèves, et pour une université renommée, c'est peu. Je dois avouer que c'est un des points qui a influencé mon choix, je n'ai jamais aimé me fondre dans la masse. Être au milieu d'une foule d'inconnu, me faire bousculer de partout et être au centre du stress, très peu pour moi. L'université est très retirée et est entourée de montagnes, de forêts et de lacs. Un paysage parfait, empli de tranquillité, c'est de ça dont j'ai besoin.

En général, je suis quelqu'un de plutôt solitaire et de très autonome. Mais j'ai toujours eu Ethan ou Amina auprès de moi juste au cas où. Mais cette année, ce ne sera pas le cas. Ils vont me manquer, c'est certain .

C'est pour cela que j'ai insisté pour que ce soit eux qui m'emmènent à l'université. J'ai besoin d'eux jusqu'au dernier moment. Pour que je sache qu'ils seront toujours là et que ça sera toujours comme ça, nous trois, que rien ne changera jamais.

AklandraWhere stories live. Discover now