Aklandra

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PDV Ty

L'attente avait été interminable.

Avec Shauna et Ander, on s'était assis sur les petites marches qui menaient à la porte d'entrée du manoir. Aucun de nous ne parlait, bien trop préoccupés par nos propres pensées.

Je n'avais aucune notion du temps, mais il semblerait qu'Alexandra soit entrée chez Caléidus depuis plus d'une heure.

Je me demandais quelles informations elle avait pu tirer de ce vieux savant. Peut-être était-il devenu fou, et qu'il n'avait plus rien à nous apporter. Mais, si, au contraire, il pouvait nous aider, c'était toujours à prendre.

De toute manière, il symbolisait notre dernier espoir. Après qu'Ursula nous ait ordonné d'effacer ses souvenir à Alexandra et de la renvoyer chez elle, nous n'avions plus rien à perdre.

Ander poussa alors un long soupir, puis entreprit de se détendre les jambes. Je devrais peut-être faire de même, je commencai à me sentir de plus en plus tendu. Et ça n'avait rien à voir avec la froideur des pierres sous mes fesses, ni au léger vent automnal. Etonnement, l'atmosphère semblait bien moins lugubre que lorsqu'on nous étions arrivés. Depuis notre emplacement, on pouvait voir le soleil se coucher derrière la colline. Autour de nous, nous autre les aklandriens sentions la nature s'endormir, en prévision de la nuit qui allait tomber. Bien que ces derniers temps, nous sentions qu'elle perdait de sa vivacité, elle était toujours présente, pour nous rappeler à quel point elle était importante.

Et alors que je m'évertuais à détailler les feuilles mortes qui tombaient du chêne en face de moi, j'entendis un grincement dans mon dos.

Je me retournai si vite que si j'avais été un simple humain, j'aurais très certainement souffert d'un torticoli après ce mouvement.

Alexandra était là, derrière la porte du manoir. Et bien que je m'étais promis de ne jamais rien ressentir pour personne, je sentis qu'elle m'avait manqué durant cette heure. Malgré moi, je souris alors. J'espérai sincèrement qu'elle ne remarquerait pas mon soulagement. Je n'avais pas la tête à ça, ce n'était pas moi. Je devais rester concentré sur la mission.

- Caléidus vous attend. Il a un plan, annonça-t-elle de sa magnifique voix

***

- Entrer par effraction ? Excusez-moi, mais vous avez une idée de la sécurité déployée dans ces lieux ? demandai-je, peut-être un peu trop virulemment

Il me dévisagea quelques secondes, comme s'il fut vexé de mon doute face à sa connaissance. Mais je n'en avais rien à foutre, c'était normal de poser des questions, et je voulais une réponse.

S'il pensait qu'on allait le suivre sans réticence, il s'était foutu le doigt dans l'oeil. Pourquoi je m'embarquerai dans la mission d'un inconnu alors que je n'en suis pas convaincu ? Non, j'ai besoin qu'on me convainque. A voir si il sera capable de le faire.

- Vous savez, jeun homme, commença Caléidus de sa voix insupportablement railleuse, j'ai rencontré beaucoup de gens comme vous. Vous n'êtes pas le seul apprentisseur de Sorcela, et sûrement pas le premier à venir me voir.

Il marqua une pause.

Merci, je savais que certains de mes camarades avaient aussi sollicités son aide. Mais ils étaient tous revenus en nous disant que c'était une piste inexploitable, une cause perdue.

- Cependant, je dois reconnaître que vous êtes le seul à avoir désobéi à Ursula et, de ce fait, à m'amener Alexandra.

Je lui étais gracieux de l'appeler par son prénom, et non par "la clef" ou "l'élue" comme il aurait pu le faire. Il la considérait comme une personne à part entière, et, pour une raison incertaine, j'aimais ça.