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Nous arrivons enfin à Baghdad. La calèche s'arrête devant ce palais, et nous descendons, Manel et moi. Nous nous avançons puis rentrons.

- J'ai tellement hâte de voir mon premier neveu ! Dit Manel en souriant.

Je hoche la tête en souriant. Les servantes nous amènent jusqu'à la chambre d'Ehsan. Les gardes nous ouvrent, puis nous rentrons. Dès qu'Ehsan nous voit, il se lève.

- Bienvenue maman, bienvenue petite soeur. Dit-il en souriant.

Je m'approche de lui puis le prends dans mes bras.

- Que tu m'as manqué, mon fils ! Dis-je doucement.

Une fois nos retrouvailles finis, il appelle un de ses serviteurs.

- Vous allez enfin pouvoir rencontrer mes enfants. Dit-il joyeusement.

La porte s'ouvre. Deux servantes arrivent avec deux bébés dans leur mains. Je reste surprise.

- Des jumeaux ? Dis-je, surprise.

Il hoche la tête en souriant.

- Ûthman et Jannah. Dit-il. 

Je m'approche d'eux en souriant, puis les prends dans mes bras. Je suis enfin grand-mère, quelle bonheur, al hamdulilLah à Celui qui m'a permis de voir ce jour ! Si seulement je pouvais partager cette joie avec mon Rehan. Si seulement...

ERHAN

Je me trouve dans un endroit sombre, j'ai du mal à respirer et à voir autour de moi. Cet endroit est comme une prison, alors qu'en réalité, il n'y a ni cellule ni barres de fer.

- Détruiras-tu ce monde pour si peu ? Entendis-je.

Je me tourne vers la voix. Je vois un vieil homme.

- Comment ? Lui demandais-je.

Il s'approche de moi, marchant avec sa canne.

- Sur un coup de colère, tu amèneras ta fin avec tes propres mains, ô mon Sultan ! Dit-il. Mais quelle fin ?

- Je ne comprends pas... Que voulez-vous dire ? Demandais-je.

Il lève les yeux vers le ciel. Je le regarde, puis entends une voix. Un cri. Un cri strident, et perçant. Je me bouche les oreilles, tant ce bruit est horrible.

- Ne te bouche pas les oreilles. Me dit l'homme.

Il me tire les mains violemment puis me tiens par l'épaule.

- Ecoute ! Ecoute et entends ! Dit-il. Ce cri sera ta fin, Erhan ! Ce cri sera ta fin...

Je me lève en sursaut. Je prends le verre d'eau à côté de moi avec mes mains tremblantes. Je vérifie que Elya dort, puis me lève. Je sors dans mon balcon en regardant le paysage.

Je passe une main sur mon visage en soupirant. Ce cri ne sort pas de ma tête. Et si Allah m'a envoyé un signe ? Me prévenant d'un danger futur ? Je ne sais pas... 

Je referme les yeux et revois ce vieil homme. Non... je ne peux pas rester sans rien faire. Je m'habille, et sors. Je vais chez un de nos savants.

Je prends mon cheval, et galope jusqu'à chez lui. Je vois la lumière ouverte, je soupire de soulagement, il est encore réveillé, cela veut dire. Je toque, il m'ouvre avec surprise. Il me laisse rentrer puis on s'assoit.

- Je suis désolé de venir aussi tard, mais j'avais besoin de vous voir. Lui dis-je.

Il hoche la tête.

- J'ai fais un rêve, et très étrange... Je me voyais avec un vieil homme, il me faisait entendre le cri d'une personne et me disait "ce cri sera ta fin"... Que cela veut dire ? Lui demandais-je. 

- Mon Sultan... Je peux bien-sûr me tromper mais... dit-il en grimaçant. Ce vieil homme est quelqu'un qui a posé ses yeux sur votre trône. Et ce cri, représente votre mort. Quelqu'un pleurera votre mort. Cette personne qui a posé ses yeux sur votre trône vous force à voir votre fin.

Je fronce les sourcils. Si cela est vrai... La première personne qui me vient en tête est mon oncle Ibrahim, ou mon frère Ehsan. Un des deux. Quoi que, mon oncle n'est pas en situation de vouloir prendre le trône.

Je dois avoir le coeur net. Je pense amener Ehsan, sa favorite et ses enfants ici, juste pour le surveiller. Pour qu'il ne puisse pas faire ce qu'il veut. 

REHAM

Je reste assise en regardant la bague que m'avait offert Rehan, avant sa mort. Mon âme me brûle chaque jour que je vis sans lui. Je dors seule, me réveille seule et vit seule. Je me sens seulement comme une âme qui erre sur terre, sans but. 

Je ferme les yeux et l'imagine près de moi. Maintenant, mes enfants ont tous grandis. Ils n'auront bientôt plus besoin de moi, sauf Emin. Je ne pourrais pas combler mon vide avec eux, ils feront chacun leur vie, et moi, j'attendrais d'être réunis avec mon bien-aimé.

- Sultana ? Entendis-je.

Je lève la tête et vois Aminata. Je lui dis d'approcher.

- Le Sultan veut que nous retournions au palais le plus tôt possible, avec notre prince et ses enfants. Dit-elle.

Je fronce les sourcils. Pourquoi maintenant ? Nous venons d'arriver il y a peu. Mais je hoche la tête.

- A quoi pensez-vous, Sultana ? Me demande-t-elle.

- ... A Rehan. Dis-je doucement.

Elle hoche la tête tristement. Je lui dis de s'asseoir, alors elle s'assoit à côté de moi.

- Parfois, je me demande... Comment cela se fait-il que je suis toujours en vie ? Dis-je en soupirant. Comment j'arrive à vivre, à continuer à sourire, être heureuse quand tout mon intérieur brûle ?

- C'est triste à dire, mais la vie continue, Sultana. Dit-elle. Si après chaque perte la vie s'arrêtait, alors personne ne serait en vie.

Je hoche la tête, elle a raison...

- Ce jour-là, quand je l'ai vu devant moi, sans vie... j'avais du mal à réaliser. Il a été tué et je ne l'ai pas sentis, j'ai continuée à dormir, manger, vivre normalement pensant qu'il était en vie mais... Dis-je faiblement.

Je baisse la tête.

- Quand je pensais qu'il était encore en vie, il avait déjà rendu l'âme, et m'a déjà fais ses adieux. Dis-je les larmes aux yeux.

Je lève mon regard vers elle.

- Et chaque fois, je m'en rappelle encore et encore. Dis-je tristement. Les gens en me voyant peuvent dire que j'ai oubliée, mais je n'ai rien oubliée. Je pleure toujours à l'intérieur de moi, mais je ne veux pas que mes ennemis me voit aussi faible. S'ils me voit faible, ils feront du mal à mes enfants.

Je sèche doucement mes larmes. Puis finis par partir dormir.

EmpireWhere stories live. Discover now