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Plusieurs mois sont passés. Je m'en vais à la fondation, comme à mon habitude, accompagnée de Manel et Derya. Elles ont insistées pour venir, et je n'ai pas refusée.

- Sultana. Me dit Aminata. Un homme vous attend en haut. 

Je fronce les sourcils. Je n'attendais personne... Je hoche la tête puis dis aux filles de rester en bas. Je monte, seul. Aminata est partit à la rencontre de Shahin.

Je m'avance vers l'homme qui, jusqu'à présent, a le visage caché. 

- Qui es-tu ? Lui demandais-je.

Il se tourne vers moi, puis enlève sa capuche. Je fais les gros yeux.

- Je suis de retour, Nessa. Dit-il en souriant.

Je le regarde perplexe. Que fait-il ici ? Et de quel droit m'appelle-t-il ainsi ? A-t-il oublié qui je suis ?

- Ou devrais-je dire... Sultana Reham. Dit-il. Je pensais que tu allais revenir sur tes pas, et encore plus quand tu as perdu ton mari et tes deux fils, mais il s'est avéré que tu es plus têtue que ce que je pensais. 

Je serre mon poing.

- Pars d'ici, Daniel. Dis-je en serrant ma mâchoire. Ma patience a des limites.

Il secoue sa tête.

- N'est-il pas venu l'heure de proclamer un nouveau régime ? Le retour du royaume d'Italie ? Me dit-il doucement. N'est-il pas devenu l'heure pour que tu te deviennes reine, et nous tes sujets ?

- Je suis Sultana, Daniel. Et une puissante Sultana. Lui dis-je. Si l'ordre devait changer, cela ne dépendrait que de moi. Les terres et richesse m'appartiennent, j'ai laissée mon nom dans l'histoire. De quelle royaume me parleras-tu après tout cela ? 

Il me regarde longuement sans rien dire.

- Mes hommes sont en bas, pars ou je terminerais ta vie maintenant, et sous mes pieds. Le menaçais-je.

Il se met à sourire.

- Ce Rehan était bien chanceux. Dit-il en riant. Avoir une femme aussi déterminée, courageuse, belle et charmante. Et dire que s'il ne t'avait pas enlevée, tu serais devenue mienne...

Ma colère monte de plus en plus. De quel droit parle-t-il de moi de cette façon ? Alors qu'il n'a même pas le droit de poser ses yeux sur moi, comment ose-t-il ? Il approche sa main de mon visage que j'attrape et rejette.

- Mais ce n'est pas trop tard, n'est-ce pas ? Dit-il en souriant sournoisement. Toi et moi, au dessus de tout le monde une fois qu'on aura conquit cet Empire. Le roi, et la reine. Qu'en dis-tu ? 

Je tourne ma tête vers le côté.

- Shahin ! Criais-je.

Daniel se met à rire, en même temps, Shahin monte. Les deux se regardent.

- Chris ? Dit-il. Je ne pensais jamais te revoir ! Vous me décevez un peu, tous les deux. Toi, tu restes avec les ennemis de ton père et toi, Nessa, tu restes avec ceux qui ont tués tes parents.

- Ceux qui ont tués mes parents sont maintenant sous terre, ne t'inquiète pas. Lui dis-je. Shahin, emmène le au cachot.

Il hoche la tête.

- Oh, déjà ? Je pensais que tu aurais voulu savoir qui sont les responsables de la rébellion et le meurtre de ton fils. Dit-il.

Je lève mon regard vers lui.

- Qui ? Lui demandais-je.

Il me sourit, comme pour me dire qu'il savait que cela allait me faire réagir.

- Le roi de France. M'avoue-t-il. Bien-sûr, soutenu par la résistance, par ton père, Shahin. 

Mes mains se mettent à trembler.

- Emmène le, Shahin. Dis-je faiblement. Je me retiens de ne pas le tuer, depuis tout à l'heure. 

Il le prend alors avec lui et s'en va. Moi je m'assois, désemparée. Peu à peu, mes yeux deviennent rouges. Je les veux morts. Le roi de France, le chef de la résistance et tous leurs alliés. Ils m'ont enlevés mon fils et mon frère, alors ils vont le payer cher. Ils m'ont déjà pris Rehan... Ils m'ont tout pris. Et je vais tout leur prendre, et encore plus : leur vie.

SHAHIN

Arrivé au palais, je fais entrer Daniel au cachot.

- Comme le palais est luxueux. Me dit-il. Je comprends mieux comment ils ont séduits Nessa. La richesse.

Je le jette dans sa cellule puis la ferme à clé.

- Tu sais très bien qu'il y aura une guerre finale, Chris. Me dit-il. Que feras-tu ce jour-là ? Vas-tu combattre ton père ?

Je lève mon regard vers lui.

- Les compagnons ont combattus leur père lors des guerres, car ils voulaient attaquer le prophète et les musulmans. Lui dis-je. Et nous allons faire de même. Si mon père veut combattre mes frères, alors je n'aurais pas le choix.

J'allais tourner mon dos et partir.

- D'ailleurs, ne nous appelle plus Chris et Nessa. Lui dis-je froidement. Nous les avons enterrés, et nous avons nommés notre nouvelle vie. Comprends le, enfin.

Puis je m'en vais. Ses paroles restent dans ma tête. Vais-je réellement combattre mon père ? En vérité, je ne suis jamais préparé à cela. La dernière fois que j'ai vu mon père, il était prêt à me laisser mourir aux mains du Shah. Il n'a même pas hésité.

Mais moi, je ne suis pas comme lui. Si ce jour arrive, si un jour je me trouve face à face avec lui, je lui demanderais d'abord. Est-il sûr de lui ? Je lui dirais : ô mon père, ô combien tu es cher pour moi, mais ma vie, je la donnerais à mes frères en Allah. S'il cesse le combat, alors je suis avec lui mais sinon... Je n'aurais d'autre choix que de le combattre.

D'un côté, j'ai mon père, et de l'autre, j'ai mes frères. Mon père m'a abandonné, alors que je sais que mes frères deviendront un mur face à moi, afin qu'aucun mal ne me touche. C'est cela, l'amour en Allah. C'est cela, la communauté du Prophète Muhammad.

Nous sommes une communauté, une et unis. Aucun lien de sang ne nous unie, peut-être que nous ne nous connaissons pas, et pourtant, nous sommes liés. Les mots ne sont pas assez fort pour l'exprimer. Mais comment se fait-il que nous soyons si liés ?

Je vais vous le dire : parce que nous nous unissons sur une seule parole, "la illaha ila Allah". Et assurément, ceux qui s'unissent sur cette parole n'ont que la certitude, l'apaisement et l'amour.

Et c'est pour cela que nous nous renierons nous-mêmes, mais jamais notre communauté. C'est pour cela nous nous sacrifierons, mais jamais notre communauté. C'est pour elle que nous nous battons, et pour elle, nous vaincrons, avec notre meilleur allié : Allah. 

EmpireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant