7 - Comme chien et chat

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Celui que je devrais désormais appeler Monsieur Hutson ou patron, me serre la main comme si nous étions de parfaits inconnus. Bon certes, c'est le cas : nous sommes des inconnus qui se détestent.

— Ravi de vous accueillir parmi nous mademoiselle Bishop, lance ce dernier.

Son ton est si exagérément poli que je me retiens de lui dire ce que je pense de son petit cinéma. Pendant quelques fractions de secondes, je m'imagine lui envoyer une réplique bien cinglante, une réplique qui montrerait au directeur à quel point le futur dirigeant de la compagnie est une personne méprisable. Mais je me doute que le père doit être comme son crétin de fils, il suffit de voir comment il a présenté les choses.

— Landon discutera plus amplement avec vous de tout ce qui requiert de l'organisation et de l'administration, de nos objectifs ainsi que des tâches que vous occuperez. Enfin, si vous acceptez notre offre, dit le directeur.

Là, je me sens vraiment manipulée. Je n'aime pas cela. Les regards que l'on pose sur moi tentent de me déstabiliser. Pourtant je me force à en faire abstraction. Je dois réfléchir à la situation. Je dois trouver une échappatoire. Comment pourrais-je accepter d'être sous les ordres d'un homme tel que costume trois pièces ? Cela s'opposerait totalement à mes idéaux professionnels. Seulement ne trouverais-je pas cette inégalité dans toutes les agences où je demanderais à être stagiaire ?

Certes, mais je ne suis pas obligée de devoir endurer les remarques horripilantes d'un maître de stage sexiste et imbu de sa personne ! Cela dit, la renommée de la compagnie n'est pas à négliger. Qui dit que monsieur Hutson ne parlera pas dans mon dos si je refuse ? Je ne peux pas être mise sur la touche avant même d'avoir obtenu mon diplôme ! J'ai l'impression d'avoir la corde au cou. Je sais qu'afin d'assurer mon entrée sur le marché du travail, je ne peux pas dire non.

Même si les mots refusent de sortir, je hoche la tête et ce signe, bien que minime, suffit à monsieur Hutson. Avec son demi-sourire et ses yeux perçants, il paraît aussi mauvais que son fils. Moi qui pensais pouvoir me qualifier comme étant une des stagiaires les plus chanceuses du moment, je déchante bien vite.

— Vous me voyez ravi de vous compter parmi nous mademoiselle Bishop. Et maintenant, si vous le voulez bien, je dois recevoir un de nos partenaires...

Bien que le directeur ne termine pas sa phrase, la main tendue vers sa porte me fait comprendre qu'il est temps pour moi de sortir. Même s'il semble avoir un peu plus de tact que le détestable, le grand patron ne paraît pas très sympathique pour autant.

Adieu l'illusion d'un stage agréable et formateur, je vais devoir supporter et subir la présence de Lucifer.

Tandis que je me dirige vers la sortie, le détestable me coupe la route pour ouvrir la porte sous des faux airs de galanterie. Je me vois aussitôt obligée de freiner pour ne pas lui rentrer dedans puisque celui-ci se retourne pour m'adresser un sourire plein de fierté et de provocation.

— Félicitations, dit monsieur Hills tandis que je passe à côté de lui.

Le sourire qu'il m'offre me fait comprendre qu'il n'a pas saisi à quel point être la stagiaire de costume trois pièces sonne comme une malédiction pour moi. Ceci dit, ce stage va me permettre de valider mon année, alors il est aussi mon sauveur.

— Je vous remercie vraiment de m'avoir parlé ce jour-là sans quoi je ne serai pas là.

Alors que monsieur Hills s'apprête à répondre, une voix masculine interrompt notre échange :

Alliance explosive 1 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant